The Black Angels
Passover
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1- Young Men Dead / 2- The First Vietnamese War / 3- The Sniper at the Gates of Heaven / 4- The Prodigal Sun / 5- Black Grease / 6- Manipulation / 7- Empire / 8- Better Off Alone / 9- Bloodhounds on My Trail / 10- Call to Arms
Difficile, aujourd'hui, de rentrer dans une grande surface en se disant que l'on va trouver la perle rare, quelque part au milieu d'autres disques aux prix exorbitants. Pourtant, au prix d'une fouille minutieuse, elle peut surgir, telle une arme de destruction massive contre la solitude. Celle-ci se présente sous la forme d'un merveilleux digipack construit autour de diverses effets d'optiques laissant apparaître le nom d'un sombre groupe texan aux influences psychédéliques : The Black Angels.
Les anges noirs se forment en 2004 autour de Christian Bland, guitariste bercé par les fameux The Piper at the Gates of Dawn et Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band avec Alex Maas au chant. Ils sont rejoints par Stephanie Bailey (batterie), Nate Ryan (basse, guitare) et Jennifer Raines (drone machine), et nous livrent un agréable premier album Passover sur le label Light in the attic.
Dès les premières minutes, l'auditeur s'envole pour un obscur voyage guidé par un rythme lent aux guitares aériennes. "Young Men Dead" s'achève et "The First Vietnamese War" s'inspire de la politique américaine sous une pluie de méthaphores aux accents shoegaze. La déprimante constatation des Black Angels sur la guerre, souvent utilisée tout au long des 50 minutes (notamment dans "Empire", "Call to Arms" ou encore le puissant "Black Grease") se marie parfaitement aux sonorités glacées des guitares. De plus, le chant léthargique d'Alex Maas fait dévier un peu plus la réalité vers le néant. Cependant, c'est plus un sentiment de rage et d'espoir qui ressort de toutes ces compositions fortent en émotions.
Mais là où My Bloody Valentine et Comets on Fire dérivent vers des univers parrallèles, les Black Angels gardent une cohérence destructurée de toute beauté. Témoins, "The Sniper at the Gates of Heaven" et "The Prodigal Sun", deux magnifiques exemples d'un psychédélisme maitrisé grâce à une excellente production. C'est également grâce à l'utilisation de la drone machine que ce groupe parvient à se détacher de ses influences. Sorte d'harmonium et d'orgue assemblés, cet instrument donne une originalité et une puissance sonique aux dix morceaux. Cette puissance est décuplée lors des concerts où les six musiciens (le multi-instrumentaliste Kyle Hunt fait partit des Black Angels depuis 2006) explosent les amplificateurs. Leur récente tournée avec le chaleureux duo blues-rock The Black Keys démontre tout le potentiel affiché par ces cotoyeurs des démons.
Bien que la fin de l'album gagne en énergie et en accessibilité, elle renvoie malgré tout un effet de "déjà-entendu" qui pousse dans le répétitif. Avec sa voix d'une distance impénétrable, Alex Maas se sent si seul dans "Better Off Alone" que l'on oublie la froideur des guitares. Tantôt proches de Joy Division , The Black Angels étonnent même sur "Bloodhounds on my Trail" en empreintant des riffs slides chers aux grands bluesmens. Enfin, sur la dernière piste "Call to Arms", l'ouragan déchaîne les flots laissant l'émeraude jaillir des eaux. Plus velvetienne que jamais, cette longue chanson drogue les esprits addictifs à Lou Reed pour clôturer ce spectacle en noir et blanc d'une touche intemporelle.
N'attendez donc plus, que les anges tombent du ciel car leur conquête du monde est déjà amorcée et leurs ailes se déploient jusque dans vos oreilles !