Corvette
Donna
Produit par
1- Donna / 2- Mezzo / 3- DX-7
Moins d’un an après son premier EP, le quatuor de Seine-et-Marne remet ça avec un maxi de 3 titres, l’occasion de voir si les qualités que dessinait leur premier opus sont toujours au rendez-vous. Dès les premières mesures, on reconnaît tout de suite Corvette : Silmarils et FFF se disputant la direction du morceau à coup de riffs métalliques et de basses funky, le chant faussement décalé de Sinclair, l’aspiration pop de Jamiroquaï. Pourtant, le groupe n’est pas du genre à vampiriser les références qu’il revendique. Une véritable personnalité se forge titre après titre, choisissant la mélodie et la souplesse là où tant d’autres se contenteraient d’arroser de piteuses scansions rap par des giclées de riffs insipides.
Donna tourne dans le lecteur et déjà une chose s’impose : Corvette a avancé. Les petits gars maîtrisent mieux leur formule et ça s’entend. Leurs compos sont plus denses, plus riches et savent se montrer imprévisibles. Ainsi, le morceau titre opte pour une ouverture on ne peut plus néo-metal, façon déclaration de guerre à la Pleymo, puis bascule très vite vers une pop nonchalante caressée dans le sens du poil par une basse ronronnante. La schizophrénie musicale des Red Hot Chili Peppers dernière mouture ("Can’t Stop", "Around The World") a fait des émules apparemment. D’un coup de gratte, Simon Lecomte passe avec bonheur de riffs en fusion à lignes groovy, convoquant Tom Morello ou John Frusciante d’un kick de pédale. La section rythmique, efficace, s’emploie à conserver l’armature funky de l’ensemble. "Mezzo", plus remonté, mais construit sur le même modèle, témoigne des progrès consentis dans le songwriting. Les thèmes abordés restent voisins de ceux évoqués dans le premier maxi : hommage aux grands (dans "Dynamite" c’était Prince, ici c’est Donna Summers), nostalgie des années 80, perte de sens de notre société… mais les textes de Benoît, davantage ciselés et acides qu’auparavant servent mieux leur propos. L’affaire se clôt sur un "DX-7" on ne peut plus groovy avec ses basses slappées, véritable démonstration de force tranquille.
Petit regret, aucun morceau ne se détache particulièrement de l’ensemble. Pas de tube de poche pour dynamiser l’ensemble de type "Ma Narcose", titre qui lorgnait habilement vers le punk. Lorsqu’elle laisse la porte ouverte à d’autres influences, la fusion funk/rock du groupe gagne en personnalité. Un pied solidement ancré dans l’univers dansant des eighties (Je n’oublie rien martèle Benoît dans "DX-7") et l’autre fermement appuyé sur les sonorités pop d’aujourd’hui, Corvette suit donc son petit bonhomme de chemin, affinant titre après titre une formule qui pourrait bien finir par s’imposer, si les mélodies suivent. Reste l’épreuve du premier album qu’on se prend à attendre de pied ferme.