Down
Over The Under
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1- Three Suns and One Star / 2- The Path / 3- N.O.D. / 4- I Scream / 5- On March The Saints / 6- Never Try / 7- Mourn / 8- Beneath The Tides / 9- His Majesty The Desert / 10- Pillamyd / 11- In The Thrall Of It All / 12- Nothing In Return (Walk Away)
Il en va de Down comme d’une légende urbaine. Il se dit que depuis 1995, une bête monstrueuse agrégeant les fines fleurs du heavy metal (Pantera, Crowbar, Eyehategod, Superjoint Ritual, Corrosion of Conformity) surgit du sud profond des Etats-Unis pour venir déverser sur le monde ses litanies tétanisantes. Véritable all-star band du southern metal, ce super-groupe n’a été formé au départ par Phil Anselmo que pour se détendre les cordes vocales avec ses potes entre deux tournées de Pantera. La mort tragique de Dimebag Darrel ayant définitivement envoyé le combo texan ad patres et l’ouragan Katrina durement frappé la population de sa Nouvelle-Orléans natale, l’homme a décidé de donner au projet une nouvelle envergure, ce dernier se voyant désormais considéré comme prioritaire par ses instigateurs. Autrement dit, il ne faudra certainement pas attendre six nouvelles années pour que déboule un nouvel opus. Certainement la meilleure nouvelle de l’affaire.
Enregistré à L.A. dans la rage et le deuil, cette troisième livraison fait songer à la charge d’un mastodonte marin mugissant depuis les profondeurs de l’océan ou aux torrents de boue qui ont enseveli la capitale de la Louisiane. Une force monstrueuse qui gronde en sous-sol, charriant colère et frustration pour tout emporter sous une pluie diluvienne. Soudé dans la douleur, le quintet ne fait pas de quartier. Dès les premières secondes, Over The Under enserre l’auditeur dans ses griffes en l’accablant de salves de guitares méchantes, épaisses, vengeresses. Sanguinaires, Pepper Keenan et Kirk Windstein tronçonnent leurs riffs et se complaisent à cribler les chairs meurtries de leurs proies. Tout aussi concernée, la section rythmique n’accorde aucune grâce, draguant les flots de haine mais sachant également pilonner jusqu’à totalement anéantir sa victime, preuve en est le "Three Suns And One Star" liminaire qui réveille la bête depuis les entrailles de sa demeure. Délivré de ses addictions diverses, Anselmo est au meilleur de sa forme, ses grognements n’ont jamais été si gutturaux, ses intonations servent à merveille ses textes.
Monolithique au premier abord, le disque ne révèle que progressivement ses multiples colorations. Certes, toutes les pistes respirent la même bestialité venimeuse. "The Path" s’y révèle ainsi presque sadique dans son attention métronomique à enliser son prochain dans la fange. Le "Walk" de Pantera n’est pas loin. En plus charnu. Chant mortuaire porté par des tisons rougeoyants, "Never Try" est un petit joyau de sauvagerie maîtrisée. Les guitares y sont superbes. On pense à Alice In Chains dans sa phase terminale sur le fantomatique "Beneath The Tides", de même "On March The Saints" évoque un Soundgarden serpentant et pachydermique. Le tableau se nuance ainsi peu à peu, comme si finalement la célébration du souvenir des âmes meurtries l’emportait sur la colère initiale. Un axe qu’"I Scream", liant chœurs lugubres et décharges primitives, poursuit de plus belle. Certains titres sont de véritables feux nourris de metal poisseux ("N.O.D.", "Mourn"), d’autres des incantations lancées gorge déployée sur fond d’apocalypse ("Pillamyd", remarquable assaut de bulldozer). Sûr de son fait, le groupe turbine un ultime et épique "Nothing In Return", solos crépusculaires et chants imprécatoires empaquetés en près de 10 minutes, avant de claquer la porte sans se retourner. Assurément l’un des albums metal de l’année.