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Critique d'album

Haken


Vector


(26/10/2018 - Inside Out - British Prog - Genre : Rock)
Produit par Haken

1- Clear / 2- The Good Doctor / 3- Puzzle Box / 4- Veil / 5- Nil By Mouth / 6- Host / 7- A Cell Divides
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"La nouvelle référence du metal prog a encore frappé, et ça fait très, très mal"
Nicolas, le 17/01/2019
( mots)

On l’a hurlé à la sortie d’Affinity, on le hurle à la sortie de Vector et on le hurlera ad vitam aeternam à chaque nouvelle galette que publiera la bande anglaise jusqu’à ce que le message finisse par entrer dans tous les encéphales : Haken, c’est de la bombe. Plus qu’un renouveau dans le milieu étriqué et ultra-balisé du metal progressif, les six londonniens apportent au genre une réelle bouffée d’air frais en insufflant dynamisme et inventivité à leurs compositions qui, par ailleurs, ont le mérite de se frotter à de nombreux sous-genres musicaux, qu’ils soient heavy ou non. Cinquième album et dernier né du groupe, Vector - non, ce n’est pas le méchant de Moi, Moche et Méchant - n’entache nullement la riche discographie de Richard Henshall and co.


Par rapport à ses prédécesseurs, Vector se montre relativement contenu : sept titres (dont une courte intro) pour quarante-cinq minutes de musique, même de haute volée, ça peut paraître chiche, surtout en comparaison avec Dream Theater qui, dans un genre voisin, n’hésite pas à bourrer ses galettes ras la gueule (75-80 minutes, attention à l’indigestion). Mais c’est aussi le disque le plus cogné et, disons-le, le plus metal de la bande, et en cela la comparaison avec la team Petrucci n’apparaît pas usurpée. Néanmoins, à quelques semaines d’accueillir Distance Over Time, quatorzième production studio des cadors de Berkeley, force est de constater que le pouvoir a depuis longtemps changé de camp et qu’Haken, quoique toujours signé chez les plus confidentiels Inside Out, représente désormais, et de loin, la référence absolue en metal prog. Tout aussi techniques que les amerloques mais nettement moins tape à l’œil et autrement plus musicaux, les six anglais alignent les pépites qui ont culminé avec le génialissime The Mountain paru en 2013, Everest insurpassable du genre qui rayonne encore aujourd’hui d’une aura éblouissante. Disons-le tout de go, Vector, tout comme Affinity avant lui, n’égalent pas ce joyau, mais ils ont tous les deux le mérite de constituer de splendides héritiers à un disque en tous points parfaits. Par ailleurs, vous pouvez toujours vous creuser pour trouver un disque d’un tel niveau en 2018. Personnellement, l’auteur de ces lignes a cherché, en vain, et il n’a eu de cesse de revenir, encore et encore, vers la pochette écarlate parée d’un papillon de Rorschach.


Car Vector est bon, oh qu’il est bon. Ça commence très fort d’emblée avec le gros single “The Good Doctor” (rien à voir avec Shawn Murphy) qui, à première vue, semble rebattu pour qui connaît la disco d’Haken sur le bout des ongles mais qui remplit fort bien son office introductif, avec sa mélodie racée sous-tendue par ses ribambelles d’arpèges et ses petits interludes funky ludiques pour dérider l’ambiance. On sent, à l’écoute d’un tel morceau, toute la richesse du background musical des anglais, toute leur technique mise au service d’une cascade d’idées qui s’enchaînent à toute allure sans jamais noyer l’auditeur. La production se montre impeccable, chaque instrument est à sa place, la voix de Ross Jennings demeure invariablement accessible, avec ce qu’il faut d’émotion (de la tristesse à l’ire) en fonction des situations. Le niveau monte ensuite d’un ton avec “Puzzle Box” et ses pétarades de batterie… hum, petit aparté. S’il y a bien un batteur à plébisciter en ce moment, un seul, ne cherchez pas, c’est Raymond Hearne. Rien qu’à écouter cette boîte à puzzle intégralement asservie aux frappes démoniaques du cogneur en chef, on en reste pantois : son jeu incroyablement varié sait se mettre au service des moments les plus barrés - et là ça part dans tous les sens, avec moult divagations math-rock farcies au djent - comme des plus intimistes. Et le type excelle autant en organique qu’en synthétique, il n’y a qu’à écouter les grouillement industriels du pont halluciné pour s’en convaincre. “Puzzle Box”, outre le fait de ménager des riffs fantastiques et une riche chape mélodique, sait surtout faire preuve d’une ahurissante inventivité sonore, avec des cordes électriques qui effectuent sans cesse des allers-retours entre Periphery et Mastodon en passant par Rush. Et quelle envie, quel plaisir ils communiquent ! On a souvent dit que Dream Theater incarnaient les descendants du trio canadien, mais Haken se montre autrement plus légitimes qu’eux. Autrement plus.


D’autant qu’ils se frottent frontalement au metal prog épique de Petrucci avec “Veil”, longue diatribe d’une douzaine de minutes qui jette une autre grosse pierre dans la mare du genre. Ça bouillonne, ça écume, ça bastonne à tout va avant de déboucher sur un grand refrain héroïque qui écrase toute résistance. Pas la peine de pousser plus avant la description, “Veil” se pose comme une odyssée qui nous bringuebale de tempêtes en accalmies, tenant largement la dragée haute au théâtre à rêves, avant de poser ses valises le temps d’une longue phase contemplative qui s’achève sur des envolées solistes sublimes. Pour autant, même si on est heureux de constater qu’Haken “sait faire du Dream Theater”, on préférera quand ils s’aventurent dans des aires plus personnelles. Comme avec “Nil By Mouth”, par exemple. C’est bien simple, on ne se lasse pas de cet instrumental à la violence savamment canalisée, aux polyrythmies démentes, aux envolées de claviers imaginaires et aux percussions robotiques. Du grand, du très grand art, et sans doute l’un des morceaux les plus réussis du groupe, si ce n’est le plus réussi, carrément. Et comme les anglais ne sont pas qu’une bande gros bourrins barbares, ils montrent aussi qu’ils savent exceller dans l’émotion et l’épure, en témoigne le loungy “Host”, doux, pénétrant, enivrant, tellement rêveur et décalé - avec sa frêle guitare classique et ses trompettes crépusculaires - par rapport à ce qu’on a l’habitude d’entendre dans le milieu, et surtout si différent des brutales élucubrations précédentes. Une respiration bienvenue que ne renierait pas The Pineapple Thief avant d’attaquer l’ultime ascension, “A Cell Divides”, retour à un metal sous amphétamines couplé à de langoureuses envolées pop (avec même une petite pompe bellamyenne suraiguë en toute fin de titre), comme si Muse copulait avec Mastodon. Improbable ? Écoutez donc le résultat, ça déboîte et ça enchante.


Qu’ajouter ? Rien. Vector se pose comme le meilleur disque metal prog de 2018, le meilleur disque prog de 2018, voire, soyons un brin provocateur, le meilleur disque metal de 2018. Une claque monumentale, comme à chaque fois. La question est : quand est-ce qu’Haken jouira enfin d’une renommée en adéquation avec son talent ? Réponse d’ici quelques mois, espérons-le, ou c’est à n’y rien comprendre. Au fait, les anglais n’effectueront que deux dates dans l’hexagone cette année, le 10 mars au Transbordeur de Lyon et le 14 mars à la Maroquinerie de Paris. Ne dites pas qu’on ne vous aura pas prévenu. D’autant qu’ils ont eu le bon goût d’inviter en première partie les danois de Vola qui, avec Applause Of A Distant Crowd, ont également signé un superbe disque il y a quelques mois de ça. Mais chut, on risque d’en reparler très bientôt sur Albumrock.

Commentaires
Kefran, le 18/01/2019 à 19:55
Oui, On dirait bien que Albumrock est reparti! Pas déçu par ce nouvel album de Haken !
Alexx, le 18/01/2019 à 17:12
Albumrock revit, quel bonheur et quelle découverte !