Honcho
Burning in Water, Drowning in Fire
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1- Some Say / 2- Seeing red / 3- Messenger messiah / 4- Hangover blues / 5- Through / 6- Silly / 7- Holy / 8- Falling behind / 9- Lost and there
Ça n'est une découverte pour personne : la seconde Mecque du rock'n'roll européen, après la Grande-Bretagne, reste les pays scandinaves. De la pop la plus mielleuse au métal le plus extrême, ces gens-là savent tout faire. Naturellement la scène rock de ces belles contrées enneigées compte son lot de groupes stoner dont les leaders restent incontestablement les suédois de Spiritual Beggars et de Dozer. Parmi cette cohorte de groupes, l'un d'eux, Honcho, venant de Norvège, fit son apparition en 2002 avec l'énervé Corporate World sur le label Longfellow Deeds, lequel a également lancé leurs collègues de Sparzanza. Depuis, le combo changea de chanteur afin de revenir pervertir les foules, de plus en plus avides du son lourd et massif cher aux nostalgiques de Black Sabbath.
Première constatation : Honcho a mis un peu d'eau dans son vin et tente de ne pas envoyer la purée à chaque morceau, mais plutôt de jouer sur des ambiances différentes, oscillant entre heavy stoner et stoner psychédélique (voir la critique de la compilation stoner High Volume). Louons la voix du nouveau vocaliste, Lars Erik Si, grave et très agréable, cherchant toujours la mélodie, quitte à laisser aux guitares le soin de rugir quand il le faut. La production est elle aussi impeccable, laquelle s'emploie à mettre en valeur les riffs épais moulinés par les deux guitaristes, puissamment épaulés par un bassiste aussi discret que solide.
Pour de nombreuses personnes, certaines compositions feront immanquablement penser à du Soundgarden pur jus. On imagine très bien Chris Cornell entonner "Some Say" ou le très épique "Holy" (le sommet de l'album) et pour cause, certaines formations grunge partageant avec les groupes stoner cet amour du grand hard rock des années 70. Pour le reste, Honcho jongle entre climats massifs et lents ("Silly", "Through"...) et emballements néo-sabbathiques ("Falling Behind", "Messenger Messiah", le meilleur morceau de l'album, constitue un relecture sage et appliquée du "Hole in the Sky" de la bande à Ozzy). Sans jouer les bourrins de base, quelques titres nerveux de plus auraient été les bienvenus, car l'alternance entre les deux types de compositions se fait trop au bénéfice de chansons plus longuettes et pas toujours pertinentes. L'album aurait gagné en efficacité. C'est dommage, car du début à la fin (très similaire à celle du premier album des Queens of the Stone Age), on passe de très agréables moments.
On aurait cependant tort de faire les difficiles. Honcho nous donne ce que tout stoner addict désire avec une petite touche bluesy pas désagréable du tout. Leur Burning in Water, Drowning in Fire les place donc dans le peloton des meilleures productions de l'année... derrière des formations incontournables telles que Hermano ou Fu Manchu. Le groupe a fait des progrès évidents depuis ses débuts mais ne possède pas (encore) la carrure des plus grands. Mais là n'est pas l'important : Honcho nous promet des concerts fiévreux et hypnotiques et ça, c'est le principal.