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Critique d'album

Lars Fredrik Frøislie


Fire fortellinger


(02/06/2023 - Karisma - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- Rytter av dommedag / 2- Et sted under himmelhvelvet / 3- Jærtegn / 4- Naturens katedral
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Les quatre saisons du Ragna-rock"
François, le 20/06/2023
( mots)

Peut-on comparer les grands noms du rock progressif d’antan aux formations actuelles qui continuent de porter la flamme avec brio ? Peut-on dresser un parallèle entre Yes et Wobbler, entre Tusmorke et Colosseum : peut-on mettre la première expérience soliste du claviériste Lars Fredrick Froislie sur le même plan que celles de Rick Wakeman ou Greenslade ?


Musicien norvégien ayant prêté ses mains à nombre de formations de la scène progressive ô combien prestigieuse de Norvège, Lars Fredrick Froislie a profité du temps offert par la pandémie pour mettre au monde son premier opus personnel en attendant d’enregistrer un nouvel album avec Wobbler. C’est ainsi que nous avons droit à Fire Fortellinger dont la pochette pastorale évoque justement les ambiances norvégiennes, entre conservatoire du rock progressif et froideur folk des forets nordiques.


Sous le pseudonyme de Caligonaut, Ole Michael Bjorndhal avait prouvé qu’on pouvait attendre de belles choses des ouvrages solistes des musiciens progressifs norvégiens. Ici, Froislie propose quatre titres dont deux dépassent les seize minutes : si l’album n’est pas long, son contenu est exigeant, avec des fresques ambitieuses où les claviers sont rois, seulement accompagnés d’une basse souvent yessienne, d’une batterie et du chant en norvégien (aucune guitare à l’horizon). Les quatre illustrations éparpillées aux quatre coins de la pochette renvoient à chacun des quatre titres, comme si l’album était un recueil de nouvelles musicales


Sans surprise, on pensera souvent à Wobbler au cours de cette épopée musicale, de même qu’on entendra de nombreuses références aux inspirations 1970’s de l’artiste. Les premières mesures de "Jærtegn" rappellent la folie de Gentle Giant, tandis qu' "Et sted under himmelhvelvet" renvoie aussi bien à Rick Wakeman (et à Yes en général, pour la basse à la Squire) qu’à Gryphon pour son univers Renaissance (bien mis en avant par l’utilisation du clavecin et de la flûte) et par ses sonorités de claviers qui rappellent la période symphonique du groupe (Red Queen to Gryphon Three).


Des deux grandes suites, "Rytter av Dommedag" est sans conteste la plus impressionnante et la plus aboutie dans son mariage entre la rigueur de la virtuosité symphonique, très influencée par ELP, même si quelques côtés Zeuhl et légérement jazzy sont à noter, et la douceur féérique offerte par le mellotron ou les divagations spatiales du ARP. Le pont central regarde davantage vers Rick Wakeman et Greenslade : il redouble de virtuosité avec une certaine légèreté qui évite tout péché d’orgueil. Surtout, il faut insister sur l’admiration que devrait susciter le long final de quatre minutes qui reprend la mélodie initiale pour développer une montée en puissance progressive. Durant quelques minutes dignes du meilleur de Wobbler ou Jordsjo, on touche au sublime. 


Plus tamisé, "Naturens katedral" ne manque pourtant pas de surprises. Le morceau navigue au sein d’une large palette de sons de claviers qui se superposent au sein de plans et de lignes mélodiques très bien harmonisées. La cohésion d’ensemble est remarquable au regard de la complexité du propos, même si le titre est globalement moins mémorable que son homologue placé en première piste.


Ne passons pas par quatre chemins, Fire Fortellinger s’adresse principalement aux mélomanes partisans de l’orthodoxie progressive, qui cultivent une passion pour la scène norvégienne et les claviers analogiques. Ceux-là seront immédiatement convaincus quand les autres plieront forcément le genou devant tant de virtuosité.


À écouter : "Rytter av Dommedag"

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