Louise Attaque
A plus tard Crocodile
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1- La traversée du désert / 2- Revolver / 3- Shibuya Station / 4- Sean Penn, Mitchum / 5- Si l'on marchait jusqu'à demain / 6- Salomé / 7- Si c'était hier / 8- Oui, Non / 9- Nos sourires / 10- Depuis toujours / 11- A l'envers / 12- Manhattan / 13- See you later alligator / 14- La nuit / 15- Oui, non, encore? / 16- Est-ce que tu m'aimes encore? / 17- La vague / 18- Ca m'aurait plu
Six ans qu’on l’attend, cet album. Six longues années à se satisfaire ou presque des fantaisies electro-fourre-tout d’Alidragon et des flâneries baladines de Tarmac. Six ans à réécouter les galettes primitives, devenues légendaires. Ces deux premiers albums, aussi différents l’un de l’autre qu’égaux dans leur génie, on les a écoutés jusqu’à la corde, sans jamais les user.
Puis la nouvelle de leur retour, il y a six mois, a fait vibrer des milliers de ventricules. A peine autant de mois à attendre que d’années déjà passées, c’était encore trop. La rumeur faisait son œuvre. Concerts enthousiasmants, presse dithyrambique.
5 septembre 2005. A plus tard crocodile débarque, dès sa sortie, à l’abordage de milliers de pavillons auditifs, pour les mettre en déroute. Dix-huit plages s’enchaînent, en une volupté évanescente, une odyssée où l’on s’oriente à l’oreille, qui ne s’y retrouve plus. Oubliés les tubes imparables, les morceaux formatés au mieux, les bornes bien senties. Finies, les envolées lyriques d’un violon virevoltant. Ici, il se fait discret mais omniprésent. Il susurre au lieu de claironner, habillant de manière suave la voix d’un chanteur qui épouse cette même discrétion. L’expressionnisme vocal n’est plus le mot d’ordre. En somme, tout a évolué. Louise Attaque a digéré ce dont Tarmac l’a nourri, tranquillité et poésie en tête. Adieu la fougue musicale, pleine d’amour et de mal-être, de leur débuts musicaux ; on vous présente un disque d’orfèvre, où tout s’imbrique avec précision. Un disque brillant, poli, irréprochable. C'est-à-dire lisse, duquel ne se dégage aucun morceau de bravoure.
Et nous voilà sereins, sûrs qu’il ne pourra plus rien advenir à un groupe qui maîtrise tant son art. Rien, et surtout pas, à notre grand désarroi, un regain d’adolescence. La maturité n’est-elle pas un gros mot, dans le rock ? Demeure en tout cas ce sentiment inavouable, ambigu, d’une déception que l’on se reproche de ressentir, parce qu’elle gâche le plaisir des retrouvailles avec un opus qui ne mérite pas d’être mal-aimé…