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Critique d'album

Nine Inch Nails


Hesitation Marks


(03/09/2013 - Columbia - Métal Indu - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- The Eater of Dreams / 2- Copy Of A / 3- Came Back Haunted / 4- Find My Way / 5- All Time Low / 6- Disappointed / 7- Everything / 8- Satellite / 9- Various Methods of Escape / 10- Running / 11- I Would for You / 12- In Two / 13- While I'm Still Here / 14- Black Noise
Note de 3/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Un Downward Spiral apaisé qui se laisse apprécier : Trent Reznor assure."
Nicolas, le 23/09/2013
( mots)

Nine Inch Nails is Trent Reznor, et quand Trent Reznor, reconverti en gentil quadragénaire marié et père de famille, passe pour nager en plein bonheur, cela ne peut que nous inquiéter. Peut-être vous êtes-vous demandé pourquoi une rédaction qui compte dans ses rangs au moins deux fervents amateurs du grand manitou indu de Pennsylvanie n’a accordé que si peu de couverture à ses oeuvres depuis la mise en hiatus des clous de neuf pouce en 2009. La raison en est simple : autant la B.O. de The Social Network garde quelques moments, on va dire "atypiques", qui peuvent justifier l’oscar remporté par la paire Reznor - Ross, autant le marital How To Destroy Angels, au bout de deux EP et un album studio, n’a pas dépassé le stade de la frilosité polie. Ce n’est donc pas sans appréhension que l’on a accueilli ce huitième album studio de NIN alors que papa Trent signait à l’occasion un contrat chez Columbia, prenant ainsi son propre contre-pied et annihilant près de quinze années de lutte acharnée contre les majors. Et pour le coup, le soulagement ressenti après une bonne quinzaine de jours passés en compagnie d’Hesitation Marks n’en apparaît que plus libérateur.


On se doutait que les allants solo respectables de Reznor - comprendre : ceux qui lui ont offert reconnaissance publique et dollars en cascade - allaient déteindre sur sa machine créatrice, mais s’il est indéniable que l’on retrouve ici nombre de nouveautés introduites sur la bande son du biopic de Mark Zuckerberg, l’approche de ce nouveau disque apparaît plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Plus accessible, moins hurleur et violent que ce que Nine Inch Nails a réalisé jusqu’à maintenant, Hesitation Marks réunit pourtant bon nombre d’éléments fondateurs des albums précédents. Si l’on devait choisir un point de comparaison, HM reste d’une conception qui se calque beaucoup sur celle de Year Zero en terme de rythme et de structure, sans le côté déglingué et expérimental, avec une patte synth pop de nouveau mise en avant façon Pretty Hate Machine, quelques gros singles bodybuildés à la With Teeth et sensiblement plus d’électro piochant à la fois dans les Ghosts et The Social Network. Mais, et c’est cet aspect qui a surtout été mis en avant lors de sa promo, HM est un album qui ressasse de nouveau des thématiques très personnelles et qui fait donc écho, par ce côté mise à nu psychique, au cultissime The Downward Spiral.


Si on peut de prime abord sourire à l’idée d’un Reznor comblé tant matériellement que sentimentalement mais toujours en proie à ses vieux démons, un regard lucide porté sur les textes d’Hesitation Marks laisse transparaître une sincérité que l’on ne saurait ôter à son concepteur. L’homme y apparaît certes en apparence guéri de ses addictions, mais les schémas de pensées présents sur l’effroyable Spirale Descendante restent toujours d’actualité aujourd’hui : auto-dénigrement (anonymisation / copie / ombre sur "Copy Of A"), paranoïa ("Satellite") plus ou moins hallucinatoire ("Came Back Haunted"), fantasme de toute puissance (survie aux pires tourments exaltée sur "Everything"), d’immortalité ("We’ll Never Gonna Die", assure-t-il sur "All Time Low") ou d’omniprésence - omniscience ("I have been to every place" chante-t-il sur "Find My Way"), fragmentation mentale, solitude. Rien n’a changé et rien ne changera jamais ("Disappointed", très pessimiste et dépréciateur), même si se maintient une certaine illusion de la guérison : "I've become / something else / (...) But this thing that lives inside of me / Will surely rise awake", déclame-t-il avec lucidité dans "Everything". Cependant, alors que Reznor répondait auparavant à ces schémas psychiques par la colère, la violence, l’automutilation ou la luxure, accroissant ainsi son propre dégoût de lui-même, il y fait désormais face de façon plus sereine, essaye de vivre normalement en leur présence ("Find My Way") et surtout tâche d’affronter ses travers en compagnie d’autrui. Tandis que les textes de The Downward Spiral s'égrenaient au gré de dialogues autocentrés, plusieurs personnalités internes échangeant les unes avec les autres en une schizophrénie morcelante, ceux d’Hesitation Marks s’ouvrent souvent sur une personne extérieure : la compagne / l’amoureuse, notamment avec la chanson "I Would For You" dans laquelle l’homme se dit prêt à combattre ses travers par amour. La conclusion, "While I’m Still Here", résume intégralement le propos du disque en nous montrant un narrateur épuisé, désabusé, indifférent à ce qui l’entoure - même s’il s’agit de la fin du monde, et seule compte finalement la présence de l’autre : "Stay With Me / Hold Me Near".


Ceci dit, ce que Reznor avait réussi avec brio sur The Downward Spiral apparaît nettement plus contrasté ici, la résolution de ses problèmes via la violence sonore apportant un impact nettement plus marquant que l’introspection psychanalytique. Hesitation Marks, tout en restant réussi, ne constitue musicalement qu’une strate de plus à l’univers nineinchnailsien le plus récent, du Year Zero assaisonné moitié à la sauce Ghosts I-IV, moitié à la sauce The Social Network. On y retrouve un certain sens du dancefloor électronique ("Copy Of A", aussi balancé qu’efficace), une maîtrise de la harangue indu braillarde ("Came Back Haunted", classique mais solide), un goût renouvelé pour le trip hop lancinant ("Find My Way", sombre et à moitié onirique), ou encore une obsession pour les contrastes voix / percussions ("All Time Low", "In Two", tempos lents et humeur énervée). Quelques surprises apparaissent, comme ce rush grohlien étonnamment optimiste qu’est "Everything" ou encore la brillante réussite de "Satellite", se révélant progressivement au gré de ses accords subtilement changeants. Reznor est à l’aise, il chante de mieux en mieux ("Various Methods Of Escape", permettant l’exposition d’un refrain en survol stratosphérique) et intègre assez intelligemment ses bidouillages Facebook ("Disappointed", "Running", tous deux très denses en beats divers et variés). On note donc ici le travers de l’album : son manque de renouvellement. Alors que jusqu’à maintenant, Trent avait réussi à amener son projet dans de nouvelles directions, ce huitième jet effectue un surplace un poil apathique, un peu comme le précédent The Slip qui, lui non plus, n’apportait rien de bien intéressant à la machine indu de NIN. Même si le résultat apparaît ici meilleur que sur le disque précédent, il reste que l’on trouve peu d’intérêt à un titre comme "I Would For You" qui peine à captiver. C’est essentiellement le long terme qui apporte sa plus-value à cet album, en témoigne un duo "While I’m Still Here" - "Black Noise" d’abord paresseux avant de dégager de subtiles nuances d’émotion et de malaise.


Pas de grosse révolution, donc. Hesitation Marks adoube un Trent Reznor non pas guéri, mais en paix avec lui-même, et dont les élans de rage ont laissé place à de subtiles circonvolutions intellectualisées. Très accessible d’abord, amplement appréciable, ce nouveau Nine Inch Nails pourra être largement proposé à tous les néophytes et saura également contenter ceux qui sont restés fidèles à Reznor après With Teeth. Néanmoins, on sent bien que depuis Year Zero, l’infernale machine industrielle préfère ronronner au sein d’un modèle conforme à la bienséance publique. Dommage, mais c’est probablement le lot de toutes les rock star parvenues à un certain statut médiatique. Qui a dit "comme Josh Homme et Dave Grohl" ? Comme par hasard, on retrouvait les trois larrons un peu plus tôt cette année au sein du projet Sound City, avec un morceau commun loin, bien loin d’être irrésistible. Les trois apôtres du rock moderne n’ont jamais été aussi influents et n’ont jamais autant vendu de disques qu’en 2013, et pourtant ils peinent désormais à se hisser au niveau de leur propre excellence. Si l’on est encore tout à fait disposé à accueillir quelques Wasting Lights, ...Like Clockwork ou Hesitation Marks dans les années à venir, tous trois parfaitement convenables à leur manière, on sent bien qu’il est temps, grand temps, que de nouvelles têtes apparaissent dans nos viseurs. Dommage que l’on ne voie encore rien venir...


 


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