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Critique d'album

Nine Inch Nails


Ghosts I-IV


(08/04/2008 - Creative Commons Attribution Non-Commercial Share Alike license - Métal Indu - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Ghost I / 2- Ghost II / 3- Ghost III / 4- Ghost IV
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Surprenant, déstabilisant, dérangeant, hallucinant, terrifiant : Ghosts I-IV"
Nicolas, le 02/05/2008
( mots)

Après que l'on fut définitivement rassuré sur les capacités artistiques et mentales de maître Reznor suite à la sortie de Year Zero, on se demandait à quelle sauce il allait cuisiner Nine Inch Nails pour sa prochaine livraison, ce d'autant que la rumeur annonçait une suite précoce à l'opus industrialo-expérimental de 2007. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat de cette courte attente est vraiment surprenant. A tout point de vue.

Surprenant sur le mode de distribution, tout d'abord. On savait que Trent Reznor avait une dent contre l'industrie musicale en général, l'olibrius allant même jusqu'à exhorter les fans à voler ses albums en plein concert à Sydney. Enfin libéré de son contrat avec Interscope après avoir délivré une ultime galette sous la forme d'un disque de remixes de Year Zero, aussi imprononçable (Y34RZ3R0R3M1X3D) qu'inégal, il prend tout le monde à rebrousse poil en distribuant sa dernière création, un "quadruple album", exclusivement sur Internet et en cassant sérieusement les prix : 5 $ pour un version numérique en mp3, 10 $ pour une version numérique + double CD, etc., passons sur les multiples offres collector qui sont de toute façon déjà épuisées. Et ça marche, puisque semble-t-il l'entreprise serait des plus rentables pour le portefeuille de notre dépressif préféré, aux dernières nouvelles. Mais laissons-là les basses questions de business et intéressons-nous plutôt à la musique.

Surprenante, cette musique. 36 titres, répartis en quatre "Ghosts" soit quatre parties différentes, plus ou moins indépendantes les unes des autres mais finalement pas si dissemblables en terme d'ambiance. 36 titres, 36 instrumentaux : pas un seul mot n'est prononcé, ni harangué, ni susurré, ni même hurlé. Et enfin, last but not least, 36 titres s'éloignant assez sensiblement du rock. Oh certes, ça et là, on entend encore quelques grattes de guitares et quelques accord de basses bien placés, mais de là à parler de rock, ce serait comme tenter de franchir un précipice en courant les yeux bandés. Voilà donc l'auditeur dubitatif mit devant le fait accompli : il tient là l'OVNI musical de cette année 2008. Ceci dit, Reznor ne prend personne en traître : le Ghost I est téléchargeable en mp3 librement sur le site du groupe. Libre à chacun d'aller se faire une opinion sur cette première partie avant d'aller claquer ses biftons pour acquérir la suite.

Arrivé à ce point et même après avoir écouté l'ensemble de multiples fois, il semble vraiment très difficile de fragmenter son avis sur chaque titre, et de fait de ne pas considérer Ghosts I-IV comme un tout. Un peu comme une symphonie en quatre mouvements, ou même comme une bande originale de musique de film. Sauf que de film, il n'y en a point messieurs-dames. Et c'est là que Mr Reznor fait très fort : en glissant une petite piste narrative - imaginez quatre passés qui auraient pu advenir avant la survenue des événements virtuels ayant donné lieu à l'illustration de Year Zero, à savoir l'écrasement des Etats-Unis sous un joug militaro-religieux et mécanique (vous suivez toujours ?), il parvient une fois encore à susciter aisément une véritable vision d'apocalypse ou de pré-apocalypse à ceux qui écoutent ces pérégrinations auditives. Une force évocatrice encore une fois terrifiante et jubilatoire. Suite logique de tout cela : Reznor a lancé un concours sur le site de Nine Inch Nails, invitant les auditeurs à filmer eux-mêmes des scènes qui leur auraient été inspirées par sa musique. Un cinéma à l'envers, en quelque sorte, ou comment dynamiter en beauté tous les codes artistiques en vogue dans notre société.

Au vu de certains passages instrumentaux plutôt hallucinés de Year Zero, on pouvait craindre d'être complètement décroché par ce long enquillement de notes étranges. Or il n'en est rien : heureusement pour nos lobes cérébraux, Reznor n'a pas cherché à nous infliger des élucubrations sans âme ni fondement. Et même si certains passages sont totalement barrés et iconoclastes, la plupart des titres recèlent en leur sein une véritable mélodie souvent portée par un piano très présent sur cet album, ou au moins une trame rythmique originale qui densifie la structure des titres pour permettre aux beats, samples, riffs et autres bruitages de se répandre en nappes tour à tour lascives ou allumées, réalisant un ensemble tantôt émouvant, tantôt dérangeant, tantôt entraînant. Là encore, ce n'est pas un album rock, ni même pop : inutile donc de vous attendre à fredonner un air d'un Ghost sous votre douche. L'ensemble est trop complexe pour cela. Mais quand arrive le moment de rallumer la chaîne hi-fi et d'actionner le bouton "Play", là, aucun doute, les fantômes captivent sans le moindre effort, et il n'y a plus qu'à fermer les yeux et à se laisser envoûter par cet univers fascinant.

Ghosts I-IV n'est certainement pas l'album de l'année, et il risque fort de ne pas plaire à tous ceux qui avaient suivi Nine Inch Nails jusqu'à présent. Il ressemble d'ailleurs beaucoup plus à un projet solo de Reznor qu'à une véritable livraison de groupe. Un OVNI donc, surprenant donc, à essayer impérativement avant d'acheter - et ça tombe bien : on nous en donne les moyens. Passées la stupéfaction et une certaine forme de déception, il ne reste plus qu'à apprécier à sa juste valeur une livraison atypique mais attachante, qui risque fort de devenir culte d'ici quelques années et dont les intrigants atours devraient se dévoiler progressivement au fil du temps. En espérant néanmoins que le monde dans lequel nous vivons ne se transformera pas, d'ici là, en ce futur mécanique et glacé qui fait quand même, c'est le cas de le dire, froid dans le dos.

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