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Critique d'album

Opeth


Pale Communion


(25/08/2014 - Roadrunner - Death metal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Eternal Rains Will Come / 2- Cusp of Eternity / 3- Moon Above, Sun Below / 4- Elysian Woes / 5- Goblin / 6- River / 7- Voice of Treason / 8- Faith in Others
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Opeth continue à dérouter ses adorateurs... et à régaler les autres"
Nicolas, le 08/09/2014
( mots)

Quoi qu’on puisse en penser, il est indéniable que le récent virage pris par Opeth continue à faire grincer plus d’une paire de dents. Incontournables références du death metal à tendance progressive, les suédois, sous l’implacable coupe de Mikael Åkerfeldt, ont décidé, avec l’album Heritage, de tirer un trait sur les growls et d’adoucir leur musique. Loués par les uns pour cette prise de risque, reniés par d’autres pour cette soi-disant concession au star-system, ils récidivent aujourd’hui avec un onzième album qui poursuit l’entreprise de déconstruction initiée par Åkerfeldt il y a trois ans. Autant dire que les vrais mordus de rock progressif peuvent continuer à se frotter les mains.

Et pourtant, on aurait tort de croire que Pale Communion se place en continuité directe avec le disque à l’arbre mortuaire. En fait, il emprunte une voie presque complètement opposée. Heritage était à la fois un album bâti en opposition avec le metal et un album nostalgique, réminiscence des grandes oeuvres progressives aventureuses des années 1970, aboutissant à une musique certes sombre mais complètement déracinée du leg sabbathien, comme si tout le courant métallique n’avait jamais existé. En revanche, son successeur dépasse le stade du metal, le déconstruit, le digère, en ressort certains éléments (structures de riff, notamment) mais sans en employer les archétypes sonores. En un sens, Pale Communion est un disque de post-metal qui, sous couvert d’une chape sonore peu différente de celle d’Heritage, tranche assez radicalement avec l’ambiance de ce dernier.

En réintégrant des touches contemporaines dans sa musique, Åkerfeldt tend à se rapprocher de plus en plus des éléments musicaux sublimés par Porcupine Tree. Cela ne tient pas tant à la présence, encore une fois, de Steven Wilson au mixage de l’album, mais plutôt au parcours commun entamé par les deux compères depuis la genèse de Storm Corrosion. Ne vous attendez néanmoins pas à retrouver la percussion sonore d’In Absentia, Deadwing et autres Fear of a Blank Planet, les albums metal prog de l’arbre à Porc-Epic. Pale Communion va plutôt titiller la noirceur de Signify, quelques émoluments pop de Stupid Dream voire quelques couleurs symphoniques de The Incident, sans oublier la progressivité jusqu’au boutiste de The Raven That Refused To Sing. Le choix d’opter pour des polyphonies vocales rappelle également beaucoup la grâce imprimée par Wilson à ses parties chantées, ce qui tient aussi, c’est vrai, au fait de le retrouver dans les choeurs de "River". Dernier point de ralliement, la solidité mélodique de l’ensemble. Mikael Åkerfeldt en a fait son cheval de bataille pour cet album, il l’a maintes fois affirmé en interview, et force est de constater que les grands refrains qui concluent invariablement "Moon Above, Sun Below", "River" et "Voice Of Treason" enjolivent des compositions pas particulièrement accessibles au premier abord.

En effet, Pale Communion est un album déroutant, dans lequel il n’est pas du tout évident de rentrer. Peu lisible, très dispersé, en un sens extrêmement progressif dans sa conception, il ne dévoile ses charmes qu’après plusieurs écoutes interloquées. Mais dès lors qu’on a mis ses a prioris de côté, qu’on a oublié les contrastes et la puissance de Watershed ou l’efficacité gracile d’Heritage, on peut sans conteste se repasser ce disque à l’envi, se laisser bercer par les couleurs antiques, voire orientales des arrangements (avec un emploi immodéré des gammes mineures diminuées), se perdre dans les méandres de son introduction en chausse trappe ("Eternal Rains Will Come", éclaté à l’extrême) ou dans les méandres jazzy de l’instrumental "Goblin" (un vrai bonheur), succomber à la fragilité du délicat "Elysian Woes", se laisser charmer par les contrastes fantastiques de "River" qui débute presque comme un morceau folk américain irradiant de lumière (pour le coup, une couleur musicale complètement inédite chez Opeth) pour ensuite basculer progressivement dans un torrent enfiévré et tumultueux emporté par une bataille de soli mélodieux entre Åkerfeldt et Åkesson, apprécier les contrastes de guitare de "Voice Of Treason" (électricité lourde vs flamenco) et l’opposition tant musicale que thématique apportée par le doux "Faith In Others" qui lui est accolé, ou encore se cramponner aux branches pour ne pas décrocher du tortueux "Moon Above, Sun Below" qui déploie une progressivité sinueuse rappelant celle de Jethro Tull. En fin de compte, c’est presque le morceau single, "Cusp Of Eternity", qui s’avère le moins incontestable du lot, tant ici Opeth se contente de voguer sur ses acquis en équarrissant simplement la mise en forme. Bien sûr, Mikael Åkerfeldt n’a jamais aussi bien chanté, mais vous vous en doutiez déjà.

Pale Communion remporte l’adhésion sans réserve, mais pas en première instance. Il vous faudra briser quelques chaînes mentales et faire preuve d’un peu de persévérance pour retirer toute la substantifique moelle de ce disque. Les amateurs de death metal hurleront encore une fois au scandale et pleureront la mort de l’un de leurs groupes fétiches. Quant aux autres, on ne saurait trop leur conseiller de se laisser tenter par l’aventure, en les enjoignant néanmoins à s’essayer à Heritage au préalable, plus accessible que ce dernier album. Et souhaitons enfin que les suédois persistent sur la voie de l’indépendance et de la remise en question et que, même si Mikael Åkerfeldt se reprend à avoir envie de growler à nouveau, ils continuent à évoluer, à bousculer les préjugés, à surprendre. Le plaisir d’écoute n’en sera que plus consistant et durable.

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