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Critique d'album

Porcupine Tree


The Incident


(14/09/2009 - Roadrunner - Rock/metal progressif - Genre : Rock)
Produit par Porcupine Tree

1- Occam's Razor / 2- The Blind House / 3- Great Expectations / 4- Kneel and Disconnect / 5- Drawing the Line / 6- The Incident / 7- Your Unpleasant Family / 8- The Yellow Windows of the Evening Train / 9- Time Flies / 10- Degree Zero of Liberty / 11- Octane Twisted / 12- The Seance / 13- Circle of Manias / 14- I Drive the Hearse / 1- Flicker / 2- Bonnie the Cat / 3- Black Dahlia / 4- Remember Me Lover
Note de 3.5/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Un dixième album certes excellent, mais pas aussi inattaquable que ça..."
Nicolas, le 02/10/2009
( mots)

The Incident : I. "Occam's Razor" / II. "The Blind House" / III. "Great Expectations" / IV. "Kneel and Disconnect" / V. "Drawing the Line" / VI. "The Incident" / VII. "Your Unpleasant Family" / VIII. "The Yellow Windows of the Evening Train" / IX. "Time Flies" / X. "Degree Zero of Liberty" / XI. "Octane Twisted" / XII. "The Séance" / XIII. "Circle of Manias" / XIV. "I Drive the Hearse".


 


On l'attendait au tournant, le petit père Wilson, après avoir totalement conquis le milieu progressif mondial en l'espace d'une décennie, et surtout après avoir aligné trois albums d'un niveau assez remarquable, j'ai nommé In Absentia, Deadwing (trop sous-estimé à mon goût) et l'excellentissime Fear Of A Blank Planet. Ce dernier, surtout, avait placé la barre très haut en terme de cohérence et de puissance mélodique. Et même si certains crypto-fanatiques avaient rechigné devant quelques défauts un peu trop voyants (tendance à l'auto-plagiat, utilisation pas toujours judicieuse des influences metal), nul doute que Porcupine Tree avait accompli là un petit chef d'œuvre qui marquera encore longtemps les consciences. C'est dire si cet Incident était attendu, à tel point d'ailleurs que le disque a réussi le coup d'éclat d'entrer directement à la dixième place des charts anglais la semaine qui a suivi sa sortie. L'arbre est-il en passe de sortir de l'anonymat ?

Etrange objet musical que The Incident, y a pas à dire. Certes, Steven Wilson nous ressasse depuis un bout de temps sa conception personnelle de la musique, de sa façon de la concevoir jusqu'à son mode de distribution. Farouche opposant de la dématérialisation, pourfendeur du démantèlement des albums en singles, défenseur invétéré du support physique et des produits haut de gamme accessibles au plus grand nombre (éditions DeLuxe et remix 5.1), l'homme plénipotentiaire de Porcupine Tree pousse cette fois-ci un peu plus loin le bouchon en nous proposant un album concept articulé autour d'un seul et unique titre scindé en quatorze parties, en y ajoutant en bonus un mini-album de quatre morceaux sans aucun lien de parenté avec le mega-titre pré-cité. Soit au total un maxi single plus un EP, un double album amputé, ou bien un album et demi, c'est selon. Et encore, on a échappé à une longue et unique plage de 55 minutes sur le premier disque puisque Wilson a finalement cédé devant l'insistance (et les craintes) de son label en acceptant de segmenter son bébé. Les scrobbleurs fous sur last.fm ne s'en plaindront pas.

Au regard de l'impressionnante discographie du groupe, il semble désormais strictement impossible à Porcupine Tree de sortir un mauvais album, ou même un album "simplement bon", et de fait The Incident ne fera pas mentir cette assertion. Pour ce dixième jet, Wilson a visiblement voulu nous offrir une sorte de rétrospective de la dernière décennie, un grand brassage des orientations qu'a pris le combo au cours de ses quatre derniers albums. Néanmoins, les couleurs dominantes du titre princeps se rapprochent beaucoup d'un album en particulier, In Absentia, avec ses ambiances irréelles et son alternance entre gros son et balades acoustiques. Pour autant, Steven Wilson pousse le propos plus loin, affine ses influences et porte un soin encore plus maniaque que d'habitude à la production. Ainsi, le duo "Occam's Razor" - "The Blind House", sur le même shéma qu'un certain "Blackest Eyes", nous giffle sévèrement en nous envoyant ses riffs metal dantesques au visage avant d'enchainer sur un art rock habité d'une redoutable efficacité. L'effet obtenu est réellement impressionnant, sans aucun doute, et doit énormément à cette production aux petits oignons. On retrouve aussi sur cette première galette les contrastes chéris par le groupe et ses brusques changements de style : acoustique - rock lourd alternés sur "Great Expectations", et s'enchaînant sans crier gare sur une émouvante balade au piano avec "Kneel and Disconnect", superbe mais trop courte. Du tout bon, même si on reste en terrain connu...

Malgré tout, on aurait tort de croire que Wilson se soit juste contenté de vivre sur ses acquis. Avec ce disque, il s'ouvre à deux influences totalement inédites : la coldwave et l'indu. Pour la première, on se contentera juste des guitares clinquantes et de la basse habitée de "Drawing The Line", titre sur lequel le chanteur s'essaye à un jeu vocal urgent et enfiévré. C'est le premier morceau de Porcupine Tree, en dix albums, qui tente une incursion dans des territoires moins balisés et plus rock n' roll que ceux habituellement empruntés, en totale opposition avec l'étiquette progressive qui est attribuée au groupe. Bien sûr, si Joy Division et même Interpol ont fait beaucoup mieux avant (la comparaison entre les qualités vocales de Curtis ou de Banks avec celles de Wilson étant tout de même assez saugrenue), l'idée ne peut qu'être saluée et appréciée à sa juste valeur car le titre n'est ma foi pas du tout désagréable. Quant aux éléments indus, ils jalonnent l'ensemble du disque au gré des humeurs de l'homme à la barre, lâchant ici quelques grouillements synthétiques inquiétants, là des percussions robotiques obscures, et triomphant notamment au sein du terrible "The Incident", asphyxiant de noirceur malsaine au son de guitares sépulcrales, avant de bifurquer une fois encore vers des sommets de lumière pop en fin de titre. Seul un type comme Wilson est capable d'une telle maestria dans le mélange de styles totalement opposés, et il le prouve une fois de plus (et peut-être même plus que d'habitude) avec cet opus d'une grande diversité.

Pourtant, il y a un mais. Car The Incident est le premier album, depuis le début de la carrière de Wilson, qui laisse entrevoir un certain abandon à la facilité. Oh pas grand chose, mais quand même. Prenez "Time Flies", par exemple, encore un titre très bien troussé mais qui affirme un peu trop son lien de parenté avec l'Animals de Pink Floyd. Sur le deuxième disque, également, on se demande quel peut bien être l'intérêt d'un morceau comme "Black Dahlia", à la langueur presque anesthésiante. Il faut remonter à Signify, c'est à dire à 1996, pour retrouver des titres faibles sur un album de Porcupine Tree, et ça, c'est assez étonnant. De plus, si on voulait pousser plus loin la petite bête, on remarquera que Wilson s'est toujours fendu d'au moins un titre exceptionnel par galette depuis bien longtemps : "Trains" sur In Absentia, "Arriving Somewhere But Not Here" sur Deadwing, "Sentimental" sur Fear Of A Blank Planet (sans compter certains passages proprement géniaux sur "Anesthetize"), etc etc, pas la peine de dérouler toute la liste. Or ici, même si nous sommes en présence de morceaux souvent très inspirés et de grande classe, on ne peut que constater ce manque d'un titre attirant les louanges unanimes, manque compensé, il est vrai, par la cohérence de l'oeuvre (au moins sur la première galette). Certes, on peut y trouver l'énorme ""I Drive The Hearse", irradiant de beauté et de lumière immaculée et conclusion rassérénante d'un opus très sombre, mais même ce titre n'arrive pas à faire oublier les illustres aînés pré-cités. Cette remarque, pourtant, doit être remise dans son contexte, à savoir que Porcupine Tree est désormais l'un des tous meilleurs groupes de rock en activité, et que le combo a commis des faits d'armes sensiblement plus impressionnants par le passé. Ca y est, la sentence est lâchée.

On terminera pourtant sur une note des plus positives : Wilson a enfin assimilé complètement le metal et est désormais capable de l'employer à bon escient. On peut d'ailleurs imaginer ce qu'aurait pu donner un Fear Of A Blank Planet avec des morceaux aussi fulgurants qu'un "Octane Twisted" lorgnant du côté macabre de Messhugah, qu'un "Bonnie The Cat" arabisant à souhait ou encore qu'un superbe "Remember Me Lover" haletant jusqu'à la dernière seconde. Sans compter les dernières saillies assez magistrales de l'album solo du maître des lieux. Pour sûr, il y a encore lieu de penser que, même si cet Incident n'est pas aussi mémorable qu'on aurait pu le souhaiter, le meilleur de Porcupine Tree reste sans doute encore à venir.

Commentaires
Alan, le 10/06/2015 à 17:50
"Le meilleur de Porcupine Tree reste sans doute encore à venir." ...dommage. :p