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Critique d'album

Steven Wilson


Insurgentes


(24/02/2009 - Kscope - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par Steven Wilson

1- Harmony Korine / 2- Abandoner / 3- Salvaging / 4- Veneno Para Las Hadas / 5- No Twilight Within the Courts of the Sun / 6- Significant Other / 7- Only Child / 8- Twilight Coda / 9- Get All You Deserve / 10- Insurgentes
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Entre ombre et lumière, Wilson signe un superbe disque, dense et exigeant."
Nicolas, le 10/03/2009
( mots)

Quelle peut bien être la signification, quelle peut bien être la valeur d'un album étiqueté "solo" chez un homme dont tous les projets musicaux (à l'exception de Blackfield) ont été initiés en solo, et dont plusieurs d'entre eux demeurent encore des projets solo maquillés en groupes virtuels ? C'est bien la question que l'on pourrait se poser en abordant Insurgentes, premier album signé par Steven Wilson, principalement connu pour être le leader du groupe de rock progressif Porcupine Tree. Principalement, car les fans savent très bien que cet hyperactif possède une discographie absolument gigantesque, dispersée au sein de projets aussi diversifiés que Porcupine Tree, Blackfield, No-Man, IEM, Bass Communion ou encore Continuum. D'autant qu'il semble bien délicat de savoir à quelle sauce ce disque a pu être assaisonné quant on connaît l'éclectisme des goûts de l'individu et la multitudes de genres musicaux auxquels il s'est frotté durant ces vingt dernières années.

La réponse, Wilson l'a donnée à l'occasion de diverses interviews : cet album est avant tout un disque qu'il a concocté pour se faire plaisir et pour étancher ses aspirations musicales du moment. L'enregistrement des pistes s'est échelonné sur presque une année et a été effectué un peu partout sur la planète, Londres bien sûr, mais également Tokyo, Miami ou Mexico (le nom "Insurgentes" vient d'ailleurs de la Avenida De Los Insurgentes, une grande avenue de Mexico). Cette méthode bien éloignée des habitudes de Wilson explique largement la grande hétérogénéité du disque ainsi que sa diversité, puisque les styles musicaux abordés vont du psyché-prog au shoegaze en passant par l'indu, la drone mais aussi l'ambient et le pop-rock. L'album est donc assez déroutant de prime abord pour les amateurs de Porcupine Tree - même si la marque de fabrique de Wilson reste aisément identifiable, car les ambiances et les styles brassés y sont vastes (voire même antinomiques) et entrent souvent en conflit au sein de chaque morceau.

"Harmony Korine", premier titre et premier single du disque, place les habitués de Porcupine Tree et de Blackfield en terrain connu en développant une mélodie pop veloutée et dopée aux rushs de guitare pénétrants, agréablement encadrée par le jeu de frappes habiles de l'excellent Gavin Harrison, batteur de PT qui officie en guest sur la totalité du disque (à l'exception de quelques titres en boite à rythme). Le morceau permet d'ores et déjà d'apprécier les variations vocales de Wilson qui, même s'il n'a jamais eu une voix époustouflante, a désormais toute confiance en son organe et n'hésite pas à chercher des notes très aiguës sur les chœurs du refrain. Ça se corse rapidement dès "Abandone", où le trip hop sibyllin du début laisse sa place à un broyage noisy angoissant propre à filer des cauchemars aux plus courageux d'entre nous. D'autant que "Salvaging" n'arrange pas les choses point de vue ambiance en nous plongeant dans les profondeurs d'une abysse opaque et froide : morceau complexe, long et torturé, particulièrement difficile d'accès, au sein duquel s'entremêlent saccades de guitares électriques et nappes sauvages de synthé ténébreux, avant de remonter vers la surface grâce à des volées orchestrales flottantes pour mieux nous noyer derechef sous un broiement mécanique lugubre. La rupture avec le titre suivant est tout aussi cinglante, car "Veneno Para Las Hadas" se lance dans un morceau ambient-pop en apesanteur totale, rappelant beaucoup certains passages du dernier album de No-Man. C'est ensuite au jouissif "No Twilight Within the Courts of the Sun" de faire son apparition et de mettre ainsi en valeur la passion du binoclard à tête d'éternel ado pour le psyché débonnaire et les jeux de guitare déstructurés. Sur une ligne de basse asymétrique volontairement répétitive, Wilson empile des solos de guitare brefs, tantôt nerveux et véloces, tantôt jouant sur les sonorités de nappes lascives gavées de fuzz ou de wah-wah. Une longue tirade atypique, presque exclusivement instrumentale, qui ne prend toute sa saveur qu'après de multiples écoutes (bien évidemment).
 
La deuxième partie de l'album est plus brève et, heureusement, largement plus accessible. Elle débute par le génial "Significant Other", encore une merveille pop adroitement ciselée dans la lignée des albums Stupid Dream ou Lightbulb Sun de Porcupine Tree, dont la force mélodique se retrouve amplifiée par un déferlement de guitares romantiques ainsi que par les chœurs féminins magiques de Clodagh Simons sur le refrain. La tension se trouve ranimée par les martellement rythmiques binaires de "Only Child" sur lesquels se rajoutent d'épaisses couches de guitares vibrantes à l'ampleur parfaitement calibrée par une production encore une fois impeccable. Ni une ni deux, "Twilight Coda" nous fait basculer subreptiscement de rêve à cauchemard en modulant les bruits qui entourent une petite ritournelle de piano. Même punition avec "Get All You Deserve", débuté tout en douceur et achevé sous une pluie de météores soniques entre noise et indu suffocant. En guise de conclusion, "Insurgentes" réconcilie l'auditeur avec la simplicité par sa mélodie douce accompagnée d'un simple piano et d'une guitare japonaise zen. D'où l'art de basculer des tourments à la sérénité... N'oublions pas de signaler que Wilson s'est entourré pour cette livraison de quelques musiciens invités pas piqués des hannetons, comme Jordan Rudess (Dream Theater) au clavier, Tony Levin (King Crimson) à la basse, l'irremplaçable Theo Travis à la flûte ou encore le maître de l'ambient qu'est Dirk Series, alias Vidna Obmana, son compère au sein du collectif Continuum.

Autant l'avouer sans fard : l'album est une vraie réussite, mais une réussite qui devra se mériter. Comme dit précédemment, les premières écoutes sont déconcertantes, et certains morceaux s'avèrent très longs à apprivoiser même pour ceux qui pensent tout savoir de ce cador du songwriting et de ses facéties auditives. Pour toutes ces raisons, il est vivement conseillé à ceux qui ne connaissent pas l'œuvre de Steven Wilson de débuter par un album de Porcupine Tree ou même de Blackfield. S'ils accrochent (et croyez-moi, ça n'est pas difficile), ils pourront alors s'aventurer dans les territoires tortueux d'Insurgentes et tenter d'en retirer toute la substantifique moelle sans risquer de se perdre en chemin. Car de la matière, il y en a, et à profusion. Que les insatiables se rassurent : même s'ils finissent pas absorber toutes les subtilités de cet album, il ne leur faudra attendre que quelques mois avant de pouvoir se ruer à nouveau sur le prochain disque de l'arbre, prévu pour la rentrée. L'année 2009 semble décidemment avoir été placée sous le signe de Steven Wilson...

Commentaires
sugar-mountain, le 28/01/2016 à 10:05
"La deuxième partie de l'album est plus brève et, heureusement, largement plus accessible" : mais pourquoi heureusement? La première partie ne l'est elle pas tout autant? Un "broyage noisy cauchemardesque" sur "Abandone", il ne faut pas exagérer... dans le genre il y a eu bien pire ! Pour ce qui est de l'excellentissime "No Twilight Within the Courts of the Sun", Steven Wilson reprend avec malice les codes musicaux du King Crimson de 1973-1974. Ce morceau laissera peut-être de marbre les néophytes lors de la première écoute, les plus blasés seront tout de suite à leur aise. Il n'empêche que cet album est un pur bijou, sans doute l'un des meilleurs du génie Steven Wilson.