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Critique d'album

Renan Luce


Le Clan des Miros


(12/10/2009 - Barclay - Chanson française - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- Le Clan des Miros / 2- La Fille de la Bande / 3- Les Gens sont fous / 4- Nantes / 5- Rue de l'Oiseau-Lyre / 6- Chez toi / 7- Ridicule / 8- Grand-Père (Papy Gâteau) / 9- Grand-Père II (S'asseoir dessus) / 10- On n'est âs à une Bêtise près / 11- Aux Timides anonymes / 12- Femme à Lunettes
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Renan Luce a rajouté quelques légers ingrédients à sa recette, et ça marche."
Laura, le 22/12/2009
( mots)

Deux ans après Repenti, Renan Luce n'a pas changé. Il est toujours aussi normal. Et sort son nouvel album, Le Clan des Miros, de façon tout à fait logique dans la carrière d'un type normal. Que pouvait-on attendre après Repenti, un très bon album de pop normale, avec une guitare tout à fait normale ? Comment envisager une possible et nette évolution chez Renan Luce ? Par quoi justifier l'écoute de ce nouvel album, alors ? La curiosité, un amour incontesté pour le genre, les joues rouges à la vision de la bouille du chanteur, au choix. Mais rien d'autre, a priori.

Et pourtant, exactement comme l'a fait cette année Paolo Nutini, Renan Luce parvient à renouveler un genre de folk qu'on croyait bloqué dans le sympathique sourire de l'artiste. Comme Paolo, justement : en la colorant avec des instruments différents, en la faisant tremper dans de nouveaux styles et en puisant dans les influences des grands (Johnny Cash a inspiré à Paolo "Simples Things", et "La Fille de la Bande" à Renan, il faut croire qu'il n'est jamais très loin, ce Johnny). Poussons donc au maximum la comparaison avec l'écossais : comme lui, Renan Luce réussit à créer un deuxième album tout à fait intéressant et différent du premier. Mais pas de magie non plus : Renan Luce reste Renan Luce, et ceux qui n'avaient pas aimé Repenti détesteront Le Clan des Miros avec encore plus de vigueur. Rien de novateur dans le genre, mais on y prête volontiers une oreille ou deux.

Cela dit, il ne faut pas se fier à cet affreux premier single : "La Fille de la Bande". Certes, le clip est sympathique, en remake de Johnny Cash version Prison Break. Mais malgré son air entraînant, avec sa guitare vive, le plaisir retombe comme un vieux soufflé pendant le refrain râté. Les paroles, élément important chez Renan Luce, ne parviennent pas à rattraper le tout. C'est vrai, enfin : on a du mal à imaginer Renan Luce en malfrat. Il n'a peut-être pas le look pour ça. Le deuxième single, générique du film Le Petit Nicolas, "On n'est pas à une Bêtise près", n'aide pas non plus. On entend déjà les grands gaillards soupirer : la BO du Petit Nicolas, que peut-il y avoir de trépidant là-dedans ? La chanson est très gentillette, c'est vrai, et tandis que Renan Luce s'adresse à notre petit-frère en l'encourageant à faire des bêtises, nous, on se prend à bailler un peu, le coude sur la table.

Mais voilà, il y a tout le reste. Et là, il y a de quoi faire. En premier lieu, avec "Rue de l'Oiseau-Lyre", la meilleure piste de l'album. Un piano western, un air follement entrainant, une histoire amusante, chantée par la voix de petits graviers de Renan : c'est une totale réussite. "Ridicule", avec son côté Bénabar, son violon, et sa guitare toujours aussi dynamique, est aussi vivifiante. C'est également le cas pour "Chez toi", dans laquelle Renan Luce raconte son dialogue avec les bibelots de sa nouvelle maison, sur une mélodie mi-joyeuse, mi-mélancolique, sur fond d'instruments variés (différentes flûtes, cuivres...). Le reste de l'album vogue également sur des thèmes propres à la vie et à ses méandres : l'enfance, les amours, la vieillesse. C'est ce dernier thème qui est évoqué sur "Grand-Père (Papy Gâteau)", en duo avec Alexis HK et Benoit Dorémus, complainte cruelle de petits-enfants qui attendent la mort de leur grand-père pour empocher son pactole. Grâce au retour du piano western et à ses airs de comptine dignes d'Emily Loizeau ("The Princess and the Toad"), la chanson possède un accent old school très appréciable. Heureusement, le grand-père répond et se venge dans "Grand-Père II (S'asseoir dessus)", mélodie dépouillée, où la guitarre triste, l'accordéon, et Renan Luce déguisé en grand-père mourant et mélancolique, cassent le coeur en morceaux.

En fait Renan Luce, c'est un peu ça : une parfaite capacité d'observation et de retranscription poétique des situations les plus courrantes. Pas si miro que ça, le garçon. Tantôt joyeuse, tantôt pluvieuse, sa guitare, seule ou au milieu d'un orchestre, peut nous faire sourire ou nous donner le bourdon avec une facilité déconcertante, comme on l'avait vu sur Repenti. Comme Brassens qui savait si bien manier les mots et nous les envoyer en pleine face, Renan Luce, plus délicatement, sait parler de la vie avec des termes extrêmement justes, qui riment toujours avec ce qu'il faut. Il est vrai que Brassens est hors de portée, mais Renan Luce ne fait pas semblant, et c'est peut-être sa sincérité, pourvu qu'on ait un minimum de sensibilité, qui rend sa musique si crédible. Il n'y aurait qu'un exemple pour illustrer cela : la chanson "Nantes". Sur cette ballade accompagnée de violons et d'une contrebasse bien présente, on suit l'amour furtif entre un conducteur et une étudiante qu'il prend en autostop. Rien ne se concrétise, mais cette attirance volatile qu'on a tous connue est magnifiquement illustrée en musique.

En conclusion, Renan Luce n'est pas le roi du rock, ni le roi du folk. C'est juste le roi de l'authenticité. Ca ne peut pas plaire à tout le monde, car on peut facilement le prendre pour un pâle mime ou un faux romantique, ce qui peut facilement énerver. On peut également le trouver trop sympa, trop propre sur lui, ce qui n'est pas faux. Mais pour peu qu'on se prenne au jeu ou qu'on ait aimé Repenti, Le Clan des Miros a de quoi faire rêvasser au balcon avec plaisir, grâce à ses ambiances différentes et à une plus grande panoplie d'instruments. Certes, la musique de Renan Luce tombera plus facilement dans l'oreille d'un auditeur attristé par l'hiver, mais le côté album photo sépia du Clan des Miros donnera envie de le rouvrir à chaque saison. Renan Luce ne sera jamais une star internationale, et il n'y aura jamais de quoi pogoter dans la fosse. De quoi sera fait son troisième album ? Si ses mélodies plus fouillées valaient un deuxième album, qu'est ce qui rendra un troisième valable ? Aucune idée. En attendant, Le Clans des Miros est parfaitement satisfaisant.

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