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Critique d'album

Sibylle Baier


Colour Green


(07/02/2006 - Orange Twin Records - Folk - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- Tonight / 2- I Lost Something In The Hills / 3- The End / 4- Softly / 5- Remember The Day / 6- Forget About / 7- William / 8- Says Elliott / 9- Colour Green / 10- Driving / 11- Girl / 12- Wim / 13- Forgett / 14- Give Me A Smile
Note de 4/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Ce disque ne quittera plus jamais votre chevet. J'en fais le serment."
Geoffroy, le 18/04/2013
( mots)

Les plus belles œuvres se découvrent souvent dans l’intimité la plus profonde, quand il ne reste plus le moindre souffle de distraction en soi, allongé sans fatigue, l’oreille vissée à l’oreillette et l’œil fermé, laissant entrer sans pudeur l’âme qui s’échappe de ces quelques notes égrenée au rythme d’une existence calme et fébrile. Sibylle Baier ne connaitra jamais plus les projecteurs qu’elle côtoyait en sa jeunesse de comédienne allemande des seventies, ayant privilégié son rôle de mère à celui d’artiste. Elle avait tant à dire sur ses désirs et ses peurs, ceux d’une femme troublée et mélancolique qui, rentrant tard le soir, s’asseyait à la table de sa cuisine, cigarette consumée, magnétophone branché et guitare sur les cuisses, jouant sa vie d’une beauté simple, sans artifices ni fioritures, d’une voix douce, claire et aérée, respirant les craintes, la douleur, mais aussi la joie.

A la faveur d’une époque qui semble avoir du mal à résister au superficiel, Colour Green est un de ces albums réservés à ceux qui peuvent l‘entendre. Le fils Baier retrouve au grenier les bandes de ces chansons enregistrées avant le départ de sa génitrice pour les Etats-Unis, dans les late 70’s comme on dit là-bas. Bouleversé par la beauté des œuvres de sa mère, il en fait un disque qu’il envoie à Jay Mascis, guitariste de Dinosaur Jr\. Ce dernier les fait passer à Andrew Rieger patron du label Orangetwin Records qui finit par le presser et offrir à ces morceaux une seconde vie. L’histoire est touchante à en tirer des larmes sans même avoir encore collé le disque dans la chaîne. 

« Where is it that fills the deepness I feel ?
You will say I'm not Robin the Hood
But how could I hide from top to foot
That I lost something in the hills.
 »

Quatorze chansons hivernales, belles comme un matin de décembre au ciel gris où tout semble vain et pourtant si vivant, regrets de l’innocence perdue, des amours passés, une lassitude triste et envahissante court le long de ces instants solitaires, de ces vraies chansons comme seuls savent les écrire les musiciens laissés à l’intimité de leur salon. Une poésie vraie, peu imagée, un chant profond, un jeu franc, laissant résonner les erreurs, loin de l’académie, dans une palette sonore certes rustique mais également pleine et chaleureuse, Sibylle emplissant l’espace de ses instants solitaires.

« Days keep growing short, nights too. 
Let us go then, you and I
and try to unlearn, says Elliot.
He seeks for return and burns ancient love letters.
 » 

« Totalement honnêtes, pures, sans intention, sans calculs ». Tels furent ses mots devant son petit succès post-soixantaine. Seule, les soirs d’insomnie, après avoir bordé ses gamins, la teutonne parlait de ses amants, comptait combien elle était heureuse de les retrouver, d’être écoutée, et comme il fut douloureux de les voir s’en aller. Combien aussi elle aimait aller au zoo avec ses enfants et chanter les louanges de ses amis. Pas d’ambition, rien de réfléchi. L’art pour l’art, comme une finalité, la blancheur du ressenti premier. 

« Forgett came in my house yesterday
My house that's on decay where roof and tapestry is rotten
Where the fire place isn't getting hot and everything is forgotten.
 »

De la gratitude exprimée sur "Remember The Day" à la douleur palpable des regrets de "I Lost Something In The Hills", Colour Green est la bande son d‘une parcelle de vie qui a failli ne jamais toucher personne. Cette lassitude exprimée dans "Tonight", la dureté de "The End" et même les arrangements de "Give Me A Smile" n’arrivent pas à gâcher la profondeur de ses sentiments et Dieu sait à quel point les violons larmoyants peuvent noyer des perles au fin fond d’un océan de clichés (demandez à Nick Drake). Colour Green est de ces œuvres à ne jamais ranger dans sa discothèque. Mieux vaut le garder toujours près de soi et sentir le bonheur de retrouver cette pochette vaporeuse et clairsemée, gardienne d’une musique puissamment vraie, sobre, intime et touchante, presque impudique, car comme le disait Elliott: « Sadness is beautiful ».

 

 

 

 

 

 

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