Soulsavers
It's not how far you fall, it's the way you land
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1- Revival / 2- Ghosts of You & Me / 3- Paper Money / 4- Ask The Dust / 5- Spiritual / 6- Through My Sails / 7- kingdoms of rain / 8- Arizona Boy / 9- Jesus of Nothing / 10- No Expectations
Le talent de Mark Lanegan n’est plus à démontrer. Le chanteur à la voix rauque de crooner intemporel participe ici à un nouveau projet avec le groupe Soulsavers. Après les Queens of the Stone Age , les Screaming Trees, Isobel Campbell et une carrière solo bien remplie ; après le grunge, le hard rock et le folk-blues, voici que Lanegan participe à une fable trip hop à fort accent rock bluesy.
Après un premier album très encourageant, Ian Glover et Rich Machin continuent de se frayer un chemin et sortent ce second opus avec Lanegan au chant. D’entrée, on frôle le génie sur le très soul "Revival", sur lequel les chœurs gospel et l’ambiance induite sont proprement éblouissantes de nostalgie et de classe. Quatre minutes de bonheur et d’émotions, qui laissent ensuite place à une partition davantage tournée vers une électro plus sombre.
L’ambiance trip hop n’est pas si lointaine, surtout sur "Ghost of you and me" et sa rythmique lourde, ou sur "Paper money", où l’on pense fortement à Portishead et à Tricky . La voix ténébreuse et crasseuse de Lanegan s’applique parfaitement à l’atmosphère instrumentale parfois assez torturée. Après plusieurs écoutes, ce disque apparaît vite comme un petit manifeste de rock assez sombre et correspond quasiment à une bande originale d’un film sublime qui n’existe pourtant pas…
Les morceaux instrumentaux présents ici ou là prouvent comme s’il en était besoin, que nos deux compères créent des mélodies électro et trip hop imparables et que la beauté de ce disque ne tient pas qu’en la participation du sieur Lanegan… Le tout est souvent triste, et on navigue entre ombres et lumières, avec piano et orgue aux premières loges. Les Soulsavers sont donc, à l’instar de Faultline par exemple, de géniaux bidouilleurs de mélodies à down-tempo.
Lanegan,lui, apporte profondeur et mysticisme sur le bien nommé "Spiritual", très incantatoire et personnel, en somptueuse prière. Le thème revient d'ailleurs à l’honneur d’un "Jesus of Nothing" plaintif et troublant, chanté tout en écho sur une rythmique lascive. Lanegan n’est pas seul et se trouve parfois accompagné de savoureuses voix sur l’album, comme Bonnie Prince Billy ou le chanteur des Doves. Sur "Kingdoms of rain", sorte de morceau magique où les voix envoûtantes cohabitent avec guitare et orgue, il est bien difficile de rester insensible à une telle décharge de beauté morose. Ajoutons à cela deux reprises fort réussies de "Through my sail" de Neil Young et du "No expectations" des Stones et le tout prend énormément d’allure. Ce morceau final est d’ailleurs quasi sans équivoque et clot un album chamboulant, dans une atmosphère très nocturne...
On ne sort pas totalement indemne de l’écoute de ce It's not how far you fall, it's the way you land, qui quelque part nous renvoie à l’origine même des émotions ressenties par la musique. Il n’est pas difficile de laisser couler ses larmes et de se replier sur soi-même, comme subjugué par autant de beauté, de classe et de mélancolie. Un album immanquable.