Spock's Beard
Octane
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1- The Ballet Of The Impact / 2- I Wouldn't Let It Go / 3- Surfing Down The Avalanche / 4- She Is Everything / 5- Climbing Up That Hill / 6- Letting Go / 7- Of The Beauty Of It All / 8- NWC / 9- There Was A Time / 10- The Planet's Hum / 11- Watching The Tide / 12- As Long As We Ride
Suite à son départ du groupe pour des raisons spirituelles (il s'est découvert une vocation de Born Again Christian !), Neal Morse a laissé comme un vide dans Spock's Beard. Sans celui qui était leur principal compositeur et chanteur, il a fallu aux quatre musiciens restants une sacrée dose de courage et de talent pour oser continuer les aventures prog auxquelles ils nous avaient habitués. Tel Phil Collins au sein de Genesis, c'est Nick D'Virgilio qui assura dès lors le chant dans Spock's Beard, tout en restant derrière les fûts. En 2004, Feel Euphoria, le premier album sans Neal Morse, reçut un accueil plus que mitigé à cause des limites vocales de D'Virgilio d'une part, et de l'impression de brouillon, de remplissage qui dominait d'autre part l'album. Bref, Spock's Beard se cherchait une nouvelle identité... et semble l'avoir enfin trouvé.
Octane marque une sorte de renouveau : tout en gardant certaines ambiances caractéristiques du Beard de l'époque Neal Morse, notamment au niveau des longs thèmes planants et légèrement classisants (avec moult cors, synthés et violons...), les compos sont dans l'ensemble plus directes, moins progressives, même si le groupe a gardé le goût du morceau-concept. "A Flash Before My Eyes", qui se décompose en sept pièces distinctes, nous entraîne dans les méandres de la mémoire d'un homme, qui revoit sa vie défiler avant de se faire percuter par un camion. Après une intro percutante et énigmatique, on passe de la ballade folk nostalgique ("I wouldn't let it go") à un hard rock nerveux et funky ("Surfing Down The Avalanche"), façon Led Zep. Le sublime "She's Everything", dont le refrain puissant en même temps que triste vous prend aux tripes, serait plus dans la veine d'un Genesis, influence majeure pour Spock's Beard (et surtout pour D'Virgilio, qui a fait partie du groupe quand Phil Collins en était le chanteur).
Ce qui est le plus frappant, c'est la véritable métamorphose vocale de D'Virgilio. Sa palette d'expressions et d'émotions s'est tellement élargie qu'on le confond parfois avec son prédecesseur, surtout dans "Of the Beauty Of It All". Y compris dans les passages plus énervés, il montre des capacités étonnantes et insoupçonnées. Signe de sa transformation en chanteur-batteur (au lieu du batteur-chanteur qu'il était), ses parties de batteries sont beaucoup moins démonstratives que par le passé, et du coup plus efficaces, légèrement plus dépouillées. A l'image de ses acolytes d'ailleurs, qui se sont eux aussi débarrassés des soli trop encombrants, même si Alan Morse reste impressionnant guitaristiquement parlant. Le groupe se fait tout de même plaisir dans "NWC", qui rappelle dans son esprit l'autre grande inspiration de Spock's Beard : Yes.
L'album se termine par des morceaux plutôt inégaux : le très pop "There was a time", le romantique (mièvre ?) "Watching the Tide", ou encore le Crimsonien et bizarroïde "The Planet's Hum". Même si comparés au début de l'album, ces derniers titres apparaissent comme nettement plus faibles, Octane demeure une excellente surprise : Spock's Beard montre qu'après le relatif échec de Feel Euphoria, s'affranchir de Neal Morse est finalement possible. On savait que ces musiciens étaient des interprètes de talent, mais ce sont dorénavant des compositeurs à part entière, qui savent mélanger subtilité, émotion, lyrisme et puissance. Nouveau leader idéal, Nick D'Virgilio fait des merveilles en studio, mais s'il réussit à reproduire le même effet sur scène (chanter et jouer de la batterie avec le talent qu'on lui connaît) alors le spectacle vaut sûrement le coup d'être vu et entendu...