↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Spock's Beard


X


(02/05/2010 - Independant - Rock Progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- Edge of the In-Between / 2- The Emperor's Clothes / 3- Kamikaze / 4- From the Darkness / 5- The Quiet House / 6- Their Names Escape Me / 7- The Man Behind the Curtain / 8- Jaws of Heaven
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (3 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Les américains prouvent enfin leur talent, 8 ans après le départ de Neal Morse."
Nicolas, le 14/12/2010
( mots)

Dire que l'on n'attendait plus Spock's Beard à pareille fête relève de l'euphémisme le plus outrancier, et pour cause. Qui aurait misé un seul centime d'euro sur un groupe amputé de son chanteur, mentor, maître à penser et à composer ? Effectivement, le départ de Neal Morse en 2002, suite à une profonde crise existentielle et religieuse, avait conduit à la mise de Spock's Beard sous respirateur artificiel en translatant Nick D'Virgilio derrière le micro, tel un Phil Collins ayant tenté de suppléer comme il a pu la défection de Peter Gabriel au sein de Genesis . Amusant, pour un batteur qui a officié dans les deux formations... toujours est-il que le groupe s'est depuis fendu de trois albums studios, et qu'aucun n'a vraiment réussi à convaincre ses fans. Jusqu'à cette année, donc.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas du tout Spock's Beard, un rapide scrolling du milieu progressif contemporain s'impose, en excluant d'emblée sa frange metal à visée simplificatrice. A notre gauche, nous avons les "modernes" qui suivent principalement le leader du créneau Porcupine Tree et l'omnipotent Steven Wilson, et qui vont vers un rock un peu plus porté par les guitares, brut, simple et - osons le mot qui fâche quand on parle de prog' - viscéral. Le secteur s'avère récent (né dans les années 2000), plutôt influencé par les anciens dinosaures qui ne sont pas tombés complètement en désuétude (Pink Floyd, King Crimson) ou les rares formations novatrices récentes (Radiohead) et vraiment dynamique en terme artistique comme en terme de volume de production. Pas la peine de lister tout le monde, vous avez largement le choix parmi les label Kscope et Superball pour les formations les plus marquantes. A notre droite, nous avons les "anciens", catégorie qui rassemble les rescapés des années 80 et 90 et notamment le poids lourd Marillion , mais également Spock's Beard, Glass Hammer, ainsi que quelques uns de leurs disciples nés durant la dernière décennie (comme les norvégiens de Gazpacho). Le prog de ces formations se révèle plus proche des 70's, avec un rock qui laisse une place plus importantes aux claviers, qui n'hésite pas à puiser ses inspirations du côté de groupes aujourd'hui décriés comme Genesis et Yes, et qui, bon an mal an, reste toujours attaché à certains codes structurels "antiques" (concepts albums, morceaux à rallonge, multi-instrumentations, influences des musiques traditionnelles et classiques). D'une façon générale, les groupes de cette mouvance se révèlent sensiblement moins porteurs sur un plan purement commercial et voient leur fan-base se restreindre progressivement à une catégorie d'ultra-fidèles extrêmement dévoués. Cette revue de détail reste bien sûr éminemment incorrecte et superficielle, mais elle permet à peu près de situer Spock's Beard dans le paysage progressif actuel. En clair, ce n'est certainement pas à ces quatre musiciens que l'on décernera un jour le qualificatif de "sauveurs du rock".

Pour produire ce dixième album (d'où le X), le groupe n'a pas fait de détail et a décidé de claquer violemment la porte d'Inside Out, son label d'origine, et d'opter pour une formule déjà testée avec succès par Marillion - et reprise plus récemment par les mancuniens d'Amplifier : l'autoproduction participative. En bref : on décide de faire appel à la générosité des fans en les incitant à une sorte de mécénat intéressé via le web, les internautes versent une somme d'argent au groupe à titre de pré-commande de l'album mais avant même que l'album ne soit enregistré. Opération qui donne le jour à une première édition conçue exclusivement pour les mécènes en question et qui viabilise la mise en boîte de l'album, la production, le mixage, l'artwork, la manufacture etc... ultérieurement, le groupe n'a plus qu'à démarcher une maison de disque (en l'occurrence ici les néerlandais de Mascot Records) pour une sortie à plus grande échelle et à frais réduits. Ainsi le groupe en question peut s'affranchir des intermédiaires et contrôler totalement les coûts de production, tandis que le label voit ses risques amortis par tout le travail déjà effectué en amont. D'ailleurs, il ne serait pas étonnant que ce type de projet devienne de plus en plus fréquent à l'avenir compte tenu de la morosité actuelle du marché du disque. Mais le pré-requis indispensable à une telle entreprise repose sur l'existence d'un socle solide de fans, et heureusement pour eux, les Spock's Beard en comptent encore un bon paquet.

Mais parlons plutôt musique, et ça tombe bien : ce X se révèle être un cru absolument délectable. Les plus gros défauts des trois albums précédents (Feel Euphoria, Octane et l'éponyme) tenaient principalement à un certain manque de souffle mélodique, mais surtout à un déficit de liant entre les titres. Rien de cela ici, et malgré des morceaux vraiment différents les uns des autres, on sent qu'un soin particulier a été apporté à l'esthétique et à l'ambiance générale du disque. Pour autant Spock's Beard ne réinvente rien : on se trouve toujours face à un rock progressif extrêmement classique, old school jusqu'à l'os, nappé d'envolées de claviers rétro-futuristes signées Ryo Okumoto dans la droite ligne d'un Jordan Rudess (Dream Theater), abonné aux architectures mélodiques complexes et aux progressions thématiques fouillées, et allant puiser fréquemment dans les sonorités chères à Genesis, Yes, mais aussi dans une moindre mesure Toto et Queen. Donc pas de mystères au vu du descriptif ci-dessus : ceux qui n'apprécient pas ce genre de musique passeront sans aucun regret leur chemin. Mais pour les autres, il n'y a pas à sourciller : dans le genre, et même si le groupe n'égale pas tout à fait ses succès de la période Neal Morse, on ne fait pas mieux actuellement. Que ce soit avec une tirade pop épique haranguée sur fond de claviers chatoyants ("Edge Of The In Between", impeccable introduction), un instrumental teigneux et technique percuté sans cesse par ses orgues déments et ses riffs assénés comme des coups de massue débonnaires ("Kamikaze") ou une complainte héroïque gonflée aux canons et aux cuivres ("Emperor's Clothes"), les quatre hommes frappent fort et convainquent immédiatement les oreilles les plus retorses. Arrive ensuite la pièce la plus longue du set, l'obèse "From The Darkness" et ses 17 minutes chrono, un morceau extrêmement maîtrisé qui tire son épingle du jeu par la qualité de ses prestations vocales (D'Virgillio est ici vraiment très convainquant), son jeu de basse volubile et ses soli joliment troussés, avant de se caler sur un pont atmosphérique apaisé puis de conclure par des charges appuyées de guitare en mode wah wah agrémentées de synthés scintillants et d'une batterie érotomane. Petrucci and co n'ont plus qu'à retourner à leurs chères études face à un tel titre : ici, on joue certes plutôt vite et très technique, mais jamais, jamais au détriment de l'intérêt mélodique et de la sensibilité. "Quiet House", quant à lui, développe un air aéré sur fond de rythmique de cordes oppressantes qui donne encore lieu à quelques morceaux de bravoures guitaristiques : un morceau vraiment bon qui flirte parfois avec des tonalités metal obsédantes. Avec "Man Behind The Curtain", on retrouve un prog rock beaucoup plus traditionnel : motif de cuivre princier, petits riffs acoustiques alternant avec gros coups de médiators carnassiers, pont délicat à base de flûtes, cavalcade de basse ventre à terre, c'est encore une fois très technique mais bigrement intéressant. Seul (petit) bémol : le conclusif et un poil longuet "Jaws Of Heaven", sensiblement moins passionnant que le reste du disque, mais restant néanmoins amplement écoutable. Notons quand même que l'album cumule plus de 70 minutes de musique, autant dire que vous mettrez un certain temps à épuiser ses ressources.

Ce dixième album des américains se place donc comme l'un des tous meilleurs du groupe, le meilleur en tout cas de l'ère D'Virgillio, et l'un des meilleurs albums de rock progressif de l'année 2010. Si vous étiez passés à côté de X lors de sa sortie officieuse sur le net puis lors de sa sortie officielle en import, n'hésitez pas à vous le procurer à rebours : c'est vraiment du tout bon. Cet album permet véritablement d'adouber Spock's Beard en l'absence de Neal Morse, et s'il a fallu huit ans de labeurs pour parvenir à un tel résultat, cela valait largement la peine d'attendre. A quand la suite ?

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !