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Critique d'album

The Kills


Ash & Ice


(03/06/2016 - - Garage Rock - Genre : Rock)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Les Kills osent enfin proposer quelque chose qui dépoussière leur son habituel: on devrait s'en réjouir et pourtant... "
Raphaëlle, le 06/07/2016
( mots)

La vie de chroniqueur est parfois plus compliquée que prévue. On tient un disque entre les mains (ou plutôt, on appuie le bouton Play de son logiciel de streaming) et on se réjouit car la chronique s’annonce facile à écrire. On se met devant son écran, on contemple la page blanche et… Rien ne vient. Qu’à cela ne tienne, on relance l’album trois ou quatre fois supplémentaires, à la recherche d’une aspérité à accrocher, d’une porte d’entrée dans laquelle s’engouffrer. Toujours rien. Pas de panique, laissons passer quelques jours, histoire de tout reprendre avec le recul. C’est reparti pour quelques écoutes… Et toujours impossible d’écrire une ligne sur cet album. Ce n’est pas qu’il est mauvais (il est très facile d’écrire quand on n’aime pas), ni qu'il est génial (il est relativement facile d’écrire quand on adore). En revanche, l’activité de chroniqueur se prête mal à l’entre-deux, au tiédasse, à l’incertain… Vous l’aurez compris, c’est exactement le psychodrame qui s’est déroulé entre Ash and Ice des Kills et votre chroniqueuse dévouée, depuis la sortie de l’album il y a déjà un mois.

Prenons le temps de parler un peu du groupe avant. Les Kills incarnent à eux seuls les années 2000, cette période où le rock était porté aux nues par la mode (surtout par Hedi Slimane chez Dior). Cela fut symboliquement souligné par le mariage entre le guitariste Jamie “Hotel” Hince et la top model anglais Kate Moss. Mais si les Kills étaient entrés dans les années 2000 la tête haute, la décennie suivante avait été plus chaotique (tout comme la fin du mariage du pauvre Jamie). Leur esthétique se veut sulfureuse, incarnée par une Alison “VV” Mosshart entre feulements et caresses. Pendant ce temps, “Hotel” fait grincer sa guitare avec l’air de ne faire aucun effort absolument pour cela. Seulement, avoir l’air de ne pas se fatiguer requiert en fait du travail et les albums successifs des Kills en furent une bonne démonstration. Chez Albumrock, on avait été peu convaincu par le précédent effort Blood Pressures, qui peinait à renouveler leur son lo-fi (pour “low-fidelity”, c’est-à-dire un son capté de façon brute, “sale”).

Avec Ash and Ice, les Kills ont enfin eu le déclic pour oser explorer de nouveaux territoires. Il paraît que c’est parce que Jamie Hince s’est fait mal à la main et qu’il a dû changer sa façon jouer de la guitare et d’appréhender la musique de façon générale. Ayant enfin compris que leur recette du début des années 2000 ne fonctionnait plus, il est allé chercher l’inspiration du côté du r’n’b. Il cite d’ailleurs régulièrement le rappeur Pusha T comme influence majeure. Cela fait étonnamment écho à l’édito de Nico… C’est parti pour les boîtes à rythme et les beats d’électro qui apportent plus de nervosité à leur son. La nouvelle recette peut se résumer avec le titre “Impossible Tracks”: voix éplorée d’Alison Mosshart, beats puissants et une guitare nerveuse qui soutient l’ensemble comme une colonne vertébrale.

A la première écoute, l’ensemble sonne finalement assez proche de leur son garage mentionné plus haut. L’album s’ouvre avec “Doing it to Death”,  blues rock se posant sur des sons électroniques. Les singles publiés avant la sortie annonçait la couleur et ont remporté l’approbation de la critique (“Doing It To Death”, “Heart Of A Dog”,”Siberian Nights”). On trouve de véritables bons morceaux dans cet album audacieux, de la part d’un groupe qui a passé dix ans à labourer son pré carré sans oser d’aventurer hors de sa zone de confort. Outre ”Impossible Tracks” cité plus haut, le single “Siberian Nights” bénéficie de la nervosité de violons adossés à une basse inébranlable, pendant qu’Alisson Mosshart se languit avec élégance. Le clip, en mode husky en slow motion, se dégage du garage crado pour embrasser une esthétique léchée sur papier glacé. Après tout, si les Kills ont décidé d’assumer leur côté glamour, pourquoi pas.



Coucou aussi au cheval.



Du côté des réussites, signalons la ballade “That Love” qui met en valeur la superbe voix d’Alisson Mosshart. Sa présence sensuelle apporte de l’épaisseur à “Days of Why and How”, surtout face un tel dépouillement musical (on n’ose dire une telle flemmardise). Elle enflamme également “Bitter Fruit”, tout en distorsion et en réverb. Sa voix se décalque particulièrement bien avec la voix de Hince en arrière-plan, porté par un vrai rythme. Le mélange fonctionne aussi très bien sur la minimaliste “Echo Home”.

Tous les titres cités plus haut sont plutôt bien fichus et les autres titres sont d’agréables pistes de remplissage jouant trop facilement sur la sensualité de la chanteuse (“Heart Of A Dog”, “Hum For Your Buzz”, “Whirling Eye”). Le seul accident industriel est “Let It Drop”, où on ne comprend plus rien à ce qui se passe.

Finalement, pour un groupe qui opère une telle mue, l’album s’écoute bien, il est accessible et même plein d’énergie. Quelques titres sont réussis, à défaut d’être vraiment inventifs. Alors, pourquoi aussi peu d’enthousiasme? Qu’est-ce qui manque à cet album pour être une vraie réussite?

Un premier élément de réponse tient justement dans cette volonté de s’aventurer vers d’autres contrées musicales. Eh oui Jamie, on ne peut pas faire du punk, du garage ET du hip-hop… Car comme le disait Nico, l’élément indispensable du rock en plus de la guitare, c’est la batterie! Sans section rythmique digne de ce nom, il n’y a pas de rock. C’est peut-être pour cela que je tourne autour de cet album depuis un mois sans trouver la porte d’entrée. Cela manque cruellement de punch sur “Doing It To Death” et “Heart Of A Dog”, qui ouvrent pourtant l’album.

Peut-être aussi que la voix d’Alisson ne suffit pas à donner des aspérités à un album étonnamment lisse. Des précédents efforts rugueux et rugissants, il ne reste que quelques coups de griffes sans danger. Où est donc passé la troublante sensualité qui explosait sur “I Hate The Way You Love” sur No Wow (2005)? Qu’est devenue l’incroyable fluidité de “Cheap and Cheerful” sur Midnight Boom en 2008? Cet Ash And Ice laisse nos tripes en place, notre échîne sans le moindre frisson de désir. Rien ne bouge. Le diamant brut a été nettoyé, poli, lissé, on peut maintenant voir au travers. Alors on ré-appuie sur le bouton Play, incrédule, à la recherche d’un vestige de ce que fut l’un des meilleurs groupes des années 2000.


Pour commencer: "Impossible Tracks","Bitter Fruit","Siberian Nights"


Et pour mémoire: en 2008, les Kills en étaient encore à fait semblant de faire des collages dans leur chambre, ça piquait les yeux mais ça donnait quand même beaucoup plus envie de danser.



On a mis tout le budget dans la perruque.

Avis de première écoute
Note de 3/5
Un album des Kills plaisant, plus mélodique, plus bluesy qu'à l’accoutumée. Deux bons singles et quelques morceaux accrocheurs ("Siberian Nights", "Days Of Why ANd How"). Alison Mosshart chante toujours divinement bien. Reste que la formule minimaliste du duo, avec sa batterie famélique, aurait besoin d'un bon coup de fouet.
Commentaires
policetirerennes, le 31/07/2020 à 16:55
"Le diamant brut a été nettoyé, poli, lissé" mais du coup le son crado garage qui leur faisait défaut n'est pas non plus souhaitable, il faudrait donc un parfait entre deux ?! Sinon très bonne critique :)