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Critique d'album

The Prodigy


The Day Is My Enemy


(30/03/2015 - Take Me to the Hospital - Electro - Big beat - Genre : Autres)
Produit par Liam Howlett

1- The Day Is My Enemy / 2- Nasty / 3- Rebel Radio / 4- Ibiza / 5- Destroy / 6- Wild Frontier / 7- Rok-Weiler / 8- Beyond the Deathray / 9- Rhythm Bomb / 10- Roadblox / 11- Get Your Fight On / 12- Medicine / 13- Invisible Sun / 14- Wall of Death
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Rafale de décibels dans ta gueule."
Alan, le 08/04/2015
( mots)

Le “red fox” serait-il d’ores et déjà un album en phase de devenir, si ce n’est culte, au moins un milestone de la décennie 2010 ? Le sixième album de The Prodigy nous est finalement parvenu la semaine dernière, et a de ce fait vu le jour vingt-cinq ans après l’inception du groupe. On ne vous apprendra rien, les choses ont pas mal bougé au cours de ce dernier quart de siècle, et particulièrement dans la musique électronique : sans rentrer une fois de plus dans les détails, le Criminal Justice Bill de 1994 a plus ou moins mis fin à la transcendance collective sur fond de hardcore techno underground, inscrivant de ce fait le phénomène socio-culturel des rave parties dans la mythologie des nineties.


On ne vous apprendra rien non plus en rappelant que The Prodigy est bien évidemment un rejeton direct de cette scène rave, et que malgré le lâche assassinat de cette dernière par les conservateurs alors au pouvoir outre-Manche en cette année de grâce ou de disgrâce 1994, le trio a su se maintenir au rang de porte-étendard incontesté de la scène électronique anglaise, insufflant à sa musique hardcore moult influences à chaque nouvel album pour aboutir à un sixième opus qui, tout comme ses quatre prédécesseurs, s’est hissé à la tête des charts britanniques tout en se payant une honorable troisième position outre-Atlantique, et ce dès sa sortie - joli tour de force quand on sait que les Chemical Brothers et autres Fatboy Slim, eux aussi pionniers de ce big beat ravageur, peinent à encore faire parler d’eux.


Une hybridation constante qui a indéniablement joué son rôle dans la longévité d’un groupe qui aurait logiquement dû sombrer en 1994 et que l’on pensait mort et enterré artistiquement après le chef-d’oeuvre dance-punk que fut The Fat of the Land, accouchant en 2004 d’un Always Outnumbered, Never Outgunned boudé par la critique, puis d’Invaders Must Die en 2009, défouloir nu-rave aussi inégal que boursouflé. The Prodigy ne semblait plus bon qu’à perpétrer - dans une certaine mesure - la tradition des rave parties au travers de concerts dantesques, les stades et les grandes salles restant le territoire de prédilection de ce groupe autrefois underground et désormais devenu aussi incontournable que… prodigieux ?


La portée quasi-universelle de la musique chimérique de Liam Howlett et ses deux énergumènes n’est en effet plus à démontrer, celle-ci touchant aussi bien un public avide de metal énervé et bagarreur qu’un autre féru de dance épileptique et transcendantale : peu de groupes peuvent se vanter d’être à la fois tête d’affiche du Sonisphere et du Global Gathering, a fortiori la même année. Et oui : en 2014, soit 20 ans après le Criminal Justice Bill, The Prodigy, toujours accompagné du guitariste Rob Holiday et du batteur Leo Crabtree, pourfendait encore les foules du monde entier avec son big beat explosif dopé (entre autres) à la lourdeur d’un metal indus' puissant et à la hargne d’un punk vigoureux et toujours aussi abrasif, donnant ainsi raison à sa tête pensante qui affirmait en janvier dernier que “The Prodigy devrait être considéré comme un groupe fondateur, au même titre qu'Oasis, Blur ou n'importe lequel de ces groupes de merde”.


C’est donc finalement galvanisé par la cohésion sur scène de The Prodigy, le groupe, que le blond peroxydé a souhaité aborder le nouvel album de The Prodigy, l’alias discographique, sous le prisme de l’entité que représente la bande : Keith Flint et Maxim Reality ont de ce fait activement pris part à la production de ce nouvel opus d’abord titré How to Steal a Jetfighter puis Rebel Radio, avant de finalement trouver son titre définitif dans les paroles d’“All Through the Night” d’Ella Fitzgerald : “The day is my enemy, the night my friend”, ainsi débute ce sixième opus avec une title track dévastatrice qui s’ouvre sur un bombardement de percussions militaires auxquelles se superpose la voix envoûtante de Martina Topley-Bird, muse de longue date d’Adrian “Tricky” Thaws


Sombre, violent, agressif, “The Day Is My Enemy” augure parfaitement de ce que réserve la suite : qu’il s’agisse de morceaux à l’influence breakbeat (“Medicine”, “Rok-Weiler”), drum ’n’ bass (“Wild Frontier”, “Roadblox”), dubstep (“Rhythm Bomb”) ou  techno (“Destroy”), c’est toujours à un implacable mur sonore dense et menaçant que l’auditeur fait face, aussi bien victime des beats frénétiques de “Wild Frontier”, “Rok-Weiler” ou “Roadblox” que des déflagrations sonores digitales de “Rebel Radio”, “Rhythm Bomb” ou “Wall of Death”, autant d’hymnes de stade en puissance qui résonnent comme une invitation à la catharsis par un déferlement de rage au rythme de la musique. 


En grand magnanime qu'il est, Liam Howlett accorde tout de même à ses victimes quelques minutes de répit, trois pour être précis. Arrivant à mi-parcours, "Beyond the Deathray", interlude en forme de paysage sonore sci-fi élégant et aérien, offre un brin de nuance appréciable au milieu de ce maëlstrom décibélique lésé par quelques ratés : “Nasty” et son riff de biwa attrayant rapidement bouffé par un indigeste croisement entre nu-rave débile et rock indus' pompeux dont le résultat aurait tout à fait sa place sur Invaders, l'assourdissant “Wall of Death” durant lequel Howlett nous vomit à la gueule tout ce qui lui reste de claviers braillards et de loops cocaïnés, ou l'insupportable “Ibiza” qui voit le Sleaford Mod Jason Williamson se joindre à Liam Howlett pour tacler les DJs avides de fric qui se complaisent à divertir les connards de la jet set - ouais, c'est autrement plus geignard et moins pertinent que le majeur adressé au Criminal Justice Bill sur Jilted Generation.


Quatorze morceaux de “pure énergie violente” composés en réaction à une EDM actuelle que Liam Howlett trouve aussi molle que générique - et pour le coup, en plus d'avoir raison, celui-ci propose ici une alternative presque jouissive. Seulement voilà : quatorze morceaux. À presqu'une heure de rage bouillonnante traduite en chansons, l'écoute en devient presque épuisante et irritante : indéniablement, The Day In My Enemy aurait gagné en pertinence en étant plus concis, amputé des quelques morceaux dispensables qui plombent cet opus pourtant solide que beaucoup qualifient déjà de meilleur album de The Prodigy depuis The Fat of the Land... ce qui n'a en soi rien de surprenant cela dit au vu de l'accueil critique plus que mitigé que beaucoup ont réservé à Always Outnumbered, Never Outgunned et Invaders Must Die. Toujours est-il que si vous êtes de ceux-là, vous serez les premiers à saluer ce sixième opus qui, d'une certaine manière, marque enfin le retour en grande pompe du fils prodigue - ou prodige, on ne sait plus trop.

Commentaires
Choucas, le 09/02/2016 à 20:31
Extraordinaire album !!!!!!