The Stranglers
No More Heroes
Produit par
1- I Feel Like a Wog / 2- Bitching / 3- Dead Ringer / 4- Dagenham Dave / 5- Bring on the Nubiles / 6- Something Better Change / 7- No More Heroes / 8- Peasant in the Big Shitty / 9- Burning up Time / 10- English Towns / 11- School Mam / 12- Straighten Out (Bonus Track) / 13- Five Minutes (Bonus Track) / 14- Rok it to the Moon (Bonus Track)
Composé et enregistré dans la foulée de Rattus Norvegicus, No More Heroes est dans la droite ligne de son prédécesseur sorti quelques mois auparavant. Néanmoins, et s’il confirme l’esthétique particulière du groupe, il comporte quelques différences notables.
En effet, les compositions sont plus directes et énervées ; plus punk en fait, pour évoquer le genre musical émergeant dans la période, auquel les Stranglers ont été associés de façon discutable. "I Feel Like a Wog" ou "Bitching" sont ainsi fondés sur des structures répétitives et martelées, les paroles sont lancées avec rage, les traits de guitare sont cinglants. Et que dire du refrain de "Dead Ringer" qui renvoie sans détours aux Ramones. En bref, les titres sont globalement plus simples et les mélodies un peu moins percutantes : on citera encore "Dagenham Dave" ou "Burning Up Time" pour que l’auditeur se fasse une idée. De toute façon, le titre de l’album laissait largement imaginer cet état d’esprit : on passe vite du "No More Heroes" au "No Future".
Dans ce style très brut, le meilleur morceau demeure "Something Better Change" avec son chant énervé et rauque, son riff entraînant et ses phrases de claviers accrocheuses. Un titre parfaitement calibré dans ce que les Stranglers ont pu proposer sur Rattus Norvegicus, qui parvient à associer format rentre-dedans et folie musicale.
Car en effet, si nous avons affirmé dès le début que No More Heroes est le digne héritier du premier opus, c’est que les claviers sont toujours très en avant, multipliant la palette sonore, ainsi que la basse à l’attaque très dure avec des lignes très mélodiques et complexes. Il suffit de mettre en avant le meilleur titre de l’album, "No More Heroes", pour saisir la richesse de ce style original. La vélocité de la basse saturée qui ouvre le morceau est désormais culte, tandis que la guitare acérée et les claviers ronds mais diluviens irriguent le titre de leurs notes. Avec des mélodies séduisantes et un refrain mémorable, il est une porte d’entrée recommandable pour découvrir les Stranglers.
Le groupe va même plus loin en se lançant à nouveau dans des délires expérimentaux. Il en va ainsi de l’étrange "Peasant in Big City", avec son chant théâtral et modulé (voire trafiqué), comme dans les multiples variations en son sein, avec des ponts, des chorus. "School Mam" multiplie les dissonances par-dessus des lignes de basse très complexes ; le tout est au service d’une ambiance et d’une façon de chanter qui n’ont rien à envier à une autre référence beaucoup plus connue sur le même thème. Une esthétique particulière qui sera poussée encore plus loin dans l’album suivant.
Ainsi, No More Heroes poursuit les explorations musicales et les promesses du groupe déjà aperçues en début d’année 1977. Avec de bonnes pistes, voire quelques pépites, c’est un bon album … à peine est-il moins rafraîchissant, aventureux et mélodieux que son prédécesseur.
A écouter : "No More Heroes", "Something Better Change"