Theoretical Girl
Divided
Produit par
1- Rivals / 2- The Boy I Left Behind / 3- Dancehall Deceit / 4- I Should Have Loved You More / 5- A Future Apart / 6- Divided / 7- Red Mist / 8- Never Good Enough / 9- Good Timing / 10- The Biggest Mistake / 11- Seeing You Again / 12- The Hypocrite
Sortez les Hello Kitty, voici le premier album de Theoretical Girl, artiste trop cute chou mignonne kawaï : coupe Louise Brooks, robes à pois, chansons vintage pop, et une notoriété grandissante au Japon. Il est vrai que décrite comme ça, la chanteuse peut avoir un abord rebutant.
Car en plus, elle envoie du sucre, dégueulis de violons et susurrements tous doux ("A Future Apart", burps) notamment avec un dérapage niais à en vomir, dans le pur genre "petite fiancée de l'Amérique", "The Biggest Mistake". Mais cette naïveté est contrebalancée par une personalité bien affirmée et un brin de mélancolie (parce qu’on n’est pas chez Jessica Simpson tout de même). Ainsi, "Rivals" et son texte sur l’amitié brisée te restera dans la tête des heures, et tu n’auras de cesse de te poser cette affreuse question "Do we have to be rivals ?"
Ne forçons pas le trait. Certes, Theoretical Girl a été taxée de pop de chambre, et il est vrai que "I Should Have Loved You More" et surtout "Divided" auraient pu figurer dans la B.O d’Orgueil et Préjugé ou autre film victorien bidon à costumes. Mais voyons le bon côté des choses, les balades gentillettes ont leurs atouts, et lorsque l'artiste est talentueuse, elles ne sont même pas irritantes malgré leur mièvrerie. On aime les Ronettes qui n’étaient pas exactement Nina Hagen. Et pourtant, difficile de faire plus niais que "Be My Baby". Difficile de faire plus cool également. C’est là que réside toute la force du Girlie Power qui, bien utilisé, peut transformer l'innocence mutine confondante de naturel en chansons ravageuses et entêtantes.
Hélas, le problème avec les violons et autres violoncelles, c'est qu'il est facile d'en abuser et de tomber dans le classique forcé, le grandiloquent raté et la mélancolie gonflante. Sur "Never Good Enough", on se surprend à les aimer tant ils sont portés par une chanson impeccablement écrite. En revanche, ils plombent l'énergique "The Hypocrite" qui s'illustrait bien mieux dans sa version pré-Divided. Toute empruntée, elle clôt l'album avec grand maniérisme. Heureusement, Theoretical Girl a astucieusement disposé ses chansons dans un ordre précis. "Rivals", et les très Ipso Facto dans l'âme "Red Mist" et "Dancehall Deceit", catchy à souhait et placées stratégiquement, rythment le tout et évitent l'effet pop de fillette.
Gars, si un de tes copains te chope avec la pochette sucrée de Divided entre les mains, il mettra peut-être en doute ta virilité. Pourtant cet album n'est pas un disque de fille, c'est joliment universel et agréable si on aime la pop de gentil qui ne se la joue pas (sans tomber dans le Keane non plus). Theoretical girl est la preuve qu'il est difficile de résister à un songwriting ingénieux, même tout enrobé de miel.