Two Door Cinema Club
Tourist History
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1- Cigarettes In The Theatre / 2- Come Back Home / 3- Do You Want It All? / 4- This Is The Life / 5- Something Good Can Work / 6- I Can Talk / 7- Undercover Martyn / 8- What You Know / 9- Eat That Up, It's Good For You / 10- You're Not Stubborn
On imagine aisément la réaction d'une partie du lectorat d'albumrock à la découverte du titre de la chronique qui nous occupe ici. "Ça y est, eux aussi ont succombé à la hype". En effet, inutile de le cacher : être hype, en ce début 2010, c'est écouter Two Door Cinema Club. Pas Two Doors Cinema Club, ni même Two Doors Cinemas Clubs. Non : Two Door Cinema Club, sans s, parce que c'est quand même beaucoup plus tendance écrit comme ça. Et Two Door Cinema Club, c'est le summum de la hype, oh oui. Pensez : un trio irlandais super actuel, habillé super fashion, faisant de la musique super dansante, ayant signé sur le label super branché du moment (Kitsune) et ayant été encensé par la presse spécialisée super cool qui sévit de part et d'autre de la Manche. Plus hype que ça, tu meurs.
En pratique, on ne s'est pas intéressé à TDCC pour la réputation qui précédait la formation. Osons même l'avouer : tout le flan entourant ce groupe n'a été découvert qu'a posteriori, c'est à dire bien après avoir éprouvé l'album jusqu'à l'os. Et de ce fait, on peut l'affirmer avec un regard relativement vierge : Tourist History vaut quand même sacrément le détour. Inutile de revenir une fois de plus sur la réelle difficulté à embrasser une pop-rock boostée à l'électro, travers cosmétique qu'utilisent nombre de groupes pour masquer la vacuité de leur songwriting. Dans le cas des trois nord-irlandais, l'écueil est en grande partie évité : passé l'engouement initial suscité par le fort potentiel de gigotage du disque, dopé à la basse dub, aux guitares cinglantes et aux beats débridés, l'intérêt ne faiblit quasiment pas. C'est frais, jeune et remuant, et pourtant les morceaux gardent une longueur en bouche inhabituelle dans ce créneau. Même si tous les titres ne sont pas logés à la même enseigne, on ne note pas de réel point faible ni de temps de relâchement. A l'inverse, certains morceaux dénotent une belle inspiration : "Come Back Home", prolongement idéal d'un Bloc Party moins tête à claque, "I Can Talk" et sa rythmique trépidante propre à faire rebondir n'importe quel mou du genou, et surtout "Something Good Can Work" et sa ligne de basse géniale appuyant à merveille un joli refrain solaire. Ailleurs, c'est Phoenix qui s'invite à la plage ("Undercover Martyn") ou même les Killers qui auraient oublié leur prétention ("Eat That Up, It's Good For You"). Le reste ressort moins ? En tous cas, il n'endort nullement et ne pousse en aucune façon à sauter les pistes.
Seul petit point à critiquer (et on aura pu le deviner au vu des références citées ci-dessus), Two Door Cinema Club n'est pas vraiment original. Tout cela sonne déjà entendu, même si les influences sont parfaitement intégrées et que les types ont été assez intelligents pour ne pas s'enfoncer dans les plagiats en série. Reste un album de très bonne tenue, léger, désaltérant et dansant à souhait, et ça, on ne peut pas le lui retirer. A voir si les Two Door Cinema Club propulseront ce fort potentiel à un niveau supérieur lors d'une prochaine livraison. En attendant, être hype ou ne pas être hype... à ce niveau de qualité, là n'est pas vraiment la question.