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Critique d'album

Uriah Heep


Chaos & Colour


(27/01/2023 - - Hard Rock / Progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Un retour haut en couleurs"
Daniel, le 01/02/2023
( mots)

Quel Dieu (ou, plus probablement, quel Démon) peut encore motiver un groupe rock à enregistrer un album studio, 54 ans après avoir été porté sur les fonts baptismaux ?

La question n’a ni sens, ni réponse. En effet, si l’on se réfère aux tables primales et non écrites du genre, il était de bon ton pour les jeunes maîtres de rendre leur âme au Billboard avant l’âge de 30 ans. Or, le Uriah Heep de 2023 est la version Mark XII du quintet (1). Cela signifie aujourd’hui que Mick Box (qui affichera 76 printemps aux fraises) porte haut les couleurs de son groupe depuis une éternité !

Une éternité durant laquelle il a enregistré 25 albums avec 25 musiciens différents.

Sous une magnifique pochette qui célèbre la libération de l’après-Covid (2), Chaos & Colour est meilleur encore que son magnifique prédécesseur Living The Dream (2018) qui avait déjà placé la barre très haut. Le nouvel opus ne réconciliera évidemment pas les modernes et les anciens, tant il est conçu, interprété et produit (à nouveau par Jay Ruston) avec l’œil dans le rétroviseur. C’est garanti hard-prog-rock seventies pur jus. Mais il n’existe aucune loi humaine ni divine qui interdise d’aimer les expressions artistiques d’un style suranné.  

Il y a "art" dès qu’il y a intention. Et les intentions sont ici touchantes d’humanisme naïf :  premières amours, monde pacifié, libertés retrouvées, espoirs, promesses de l’aube, solidarité humaine, …

Davey Diablo Rimmer assure ses lignes de basse en parfait mercenaire rock gaucher (3), en côtoyant la musicalité du regretté Trevor Bolder ; Russell Animal Gilbrock (dont les drums sont ici parfaitement mixés dans le spectre sonore heepien) apporte du sang neuf dans l’écriture en co-composant quatre titres avec Samuel J. Pinto (qui ne manque pas de savoir-faire dans ce domaine). Mick Box (avec ce look vintage qui fait irrésistiblement penser au Gandalf de Tolkien) a "modernisé" son jeu en délaissant fréquemment son envahissante pédale wah-wah pour des soli plus mélodieux et divinement construits.

Mais la palme de l’excellence revient à Bernie Shaw et à Phil Lanzon.

Le chanteur canadien (ex-Paris, Grand-Prix, Praying Mantis ou encore Stratus) a conservé une voix intacte et s’en va maintenant flirter avec les redoutables accents "dickinsoniens" des meilleurs moments de la Vierge de Fer. Quant au claviériste, il officie en chef d’orchestre versatile et prodigieux, partageant sans discussion possible le rôle d’ultime taulier du classic-hard seventies avec son excellent alter ego Don Airey (4).

Il est difficile de mettre en exergue l’un ou l’autre des onze titres de C&C sans les citer tous. Déroulant une set-list d’une extrême qualité mélodique, le Heep joue intelligemment avec les émotions de ses fidèles disciples, poussant même l’irrévérence jusqu’à faire référence à ses propres incarnations passées ("Hail The Sunrise" pour le texte ou le biblique "Closer To Your Dreams" pour la rythmique). Les rocks dynamiques alternent avec de longues plages (au-delà des sept ou huit minutes) dont les savantes architectures progressives (5) distillent des sensations vertigineuses et touchantes.  

En des temps incertains, qui fleurent la poudre (à canon) et la fin d’une époque, un peu de couleur – même fanée – a le pouvoir de réchauffer les corps et les esprits…

Acclamons le soleil
Louons l’aube
Vénérons le Solstice
Quand le monde renaît

Qu’il en soit ainsi !

La vieille garde ne se rendra pas ! N’en déplaise aux pisse-vinaigres, aux fesse-mailles aux chichards et aux pleure-misères (6) !

Personnellement, j’en redemande ! Encore et encore…


(1) Si l’on s’en tient aux seuls albums enregistrés en studio, cela donne, pour les ultra-complétistes l’arbre généalogique suivant (chant / guitare / basse / claviers / batterie) :
UH Mk I Byron – Box – Newton – Hensley – Olsson
UH Mk II Byron – Box – Newton – Hensley – Baker
UH Mk III Byron – Box – Newton – Hensley – Clarke
UH Mk IV Byron – Box – Thain – Hensley – Kerslake (line-up dit « classique »)
UH Mk V Byron – Box – Wetton – Hensley – Kerslake
UH Mk VI Lawton – Box – Bolder – Hensley – Kerslake
UH Mk VII Sloman – Box – Bolder – Hensley – Slade
UH Mk VIII Goalby – Box – Daisley – Sainclair – Kerslake
UH Mk IX Goalby – Box – Bolder – Sainclair – Kerslake
UH Mk X Shaw – Box – Bolder – Lanzon – Kerslake
UH Mk XI Shaw – Box – Bolder – Lanzon – Gilbrock
UH Mk XII Shaw – Box – Rimmer – Lanzon – Gilbrock   

(2) Et qui rappelle les fumées étranges de Salisbury dans sa conception intérieure.

(3) On sait que les fondements du rock sommeillent dans les trois tombes de Robert Johnson, à qui le Diable avait appris les notes du blues. Mais le metal contemporain a été inventé par un gaucher à qui il manquait deux doigts. Lorsqu’il commandait quatre pintes dans les pubs de Birmingham, il faisait déjà – et sans le savoir – le signe du Grand Cornu. Bien avant Dio. C’est tout dire.

(4) Le jour où l’un des deux tirera sa révérence, la galaxie Hammond s’éteindra définitivement, quelque part dans l’univers de la musique, ce qui provoquera un déséquilibre irréversible.

(5) Il faudrait écrire "rétro-progressives" puisque le style en lui-même est plus ancien que les cheveux blancs des rares vieux rockers qui ne sont pas encore chauves.

(6) Rien n’arrête le courant rétro-progressif ! Même les chroniques sont réadaptées au langage des temps anciens… 


 

Commentaires
Daniel, le 09/02/2023 à 18:36
Merci beaucoup pour le commentaire. C'est le panache dont fait preuve le groupe qui est inspirant.
Pitt, le 02/02/2023 à 00:12
Bien dit et avec panache!