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Critique d'album

Uriah Heep


Wonderworld


(22/06/1974 - Bronze Records - Hard Rock / Progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par Gerry Bron

1- Wonderworld / 2- Suicidal Man / 3- The Shadows and the Wind / 4- So Tired / 5- The Easy Road / 6- Something or Nothing / 7- I Won't Mind / 8- We Got We / 9- Dreams
Note de 3/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"J’ai tellement changé depuis ce matin que je ne saurais plus dire qui je suis… - Lewis Carroll"
Daniel, le 09/03/2024
( mots)

Où le silence est d’or, même dans les classes de l’APR…

-…
-…
- Oncle Dan, on n’écoute pas de disque, aujourd’hui ?
- Priscilla, nous avons appris que la musique est préférable au silence sauf dans un cas !
- Quand la musique est mauvaise, Oncle Dan ?
- Exact, Priscilla ! Un bon point pour toi !
- Youhou ! Encore trois bons points et j’aurai gagné le dernier livre du rédac’ chef d’AlbumRock !
- Eh oui ! En qualité « Pléiade » avec gravures à l’or fin et une dédicace de l’auteur… Prenez exemple sur Priscilla, les petits rockers ! Et préparez-vous à souffrir parce que le disque du jour est plutôt mauvais ! Mais, heureusement pour le groupe, ce n’était pas le début de sa fin mais plutôt la fin de son début !
- Oncle Dan ? Vous n’auriez pas un peu fumé la moquette ?
- Tu confonds subtilité du propos et délire mental, Little Bob ! Tu me feras 100 lignes sur les avantages du silence comparé à la profération d’idioties. Sans toucher à la moquette ! Et sans Chat GPT !
- Enfer !
- Comme tu dis, Little Bob ! Aujourd’hui, c’est un peu l’Enfer…

Où un groupe rock se statufie

La pochette de Wonderworld montre les cinq musiciens de la formation classique d’Uriah Heep statufiés. Figés pour l’éternité. La sculpture, art de l’immobilité par excellence, évoque inévitablement le passé et une certaine raideur cadavérique (1).

Deep Purple avait déjà vilainement relifté le granit du Mount Rushmore mais il ne s’agissait que des trombines des musiciens. Pour Uriah Heep, le photographe Graham Hughes (2) fige le groupe "en pied" et sur socles, chacun adoptant une posture en rapport avec son instrument. Plus ou moins. Si Hensley, Thain, Byron et Kerslake se fondent en effet avec une certaine conviction dans leurs personnages respectifs, Box adopte la posture d’un joueur de pétanque provençal qui observe avec perplexité la course d’une boule décisive. Encore un mystère rock.

Où Ken Hensley se substitue fort à propos au chroniqueur

A l’occasion d’une réédition de back catalogue, Ken Hensley a rédigé en 1996 la meilleure chronique qui puisse être de Wonderworld : Le Pays des Merveilles est le nom que je donnais à l’endroit où je me réfugiais dans mes rêves. Il y a quelques moments forts sur ce disque et j’ai pris un certain plaisir à le concevoir. Mais le fait que l’enregistrement ait été réalisé loin de chez nous (et tout ça pour une série de très mauvaises raisons) a nui à la qualité de notre travail. Wonderworld aurait pu être bien meilleur. Nous en étions capables. Mais nous n’étions pas au mieux de notre forme à ce moment-là. Ceci dit, je continue de penser que "The Easy Road" figure parmi nos meilleures ballades.

Où la réalité détruit les rêves rock

Avec Demons And Wizards puis The Magician’s Birthday, Uriah Heep s’est élevé vers la stratosphère. Mais, selon le schéma assez classique et mortifère des seventies, le groupe, surexploité par la firme de disques Bronze dont il est le principal pourvoyeur de fonds, s’épuise en tournées et en sessions d’enregistrement.

En 1974, Uriah Heep est moribond. Les querelles d’égo entre Byron et Hensley (documentées dans les lyrics de Sweet Freedom) s’aggravent. Le chanteur s’alcoolise de plus en plus. Le claviériste souffre d’un manque d’inspiration. Et puis Gary Thain, un des meilleurs bassistes de son temps, est devenu accro à tout ce qui se fume, se sniffe ou s’injecte.

A l’issue de la tournée Sweet Freedom, le management a la très mauvaise idée d’enfermer tout ce beau monde au bord de la rupture dans les studios Musicland de Giorgio Moroder à Munich. Au cœur de la ville. Au cœur de l’hiver. En Germanie. Loin de l’Angleterre.

Personne n’a la moindre composition aboutie à proposer. Ken Hensley a bien quelques mélodies en réserve mais rien de vraiment cohérent. Il va falloir bricoler avec des bouts de ficelle (3) et dans une ambiance extrêmement délétère.

Si l’on fait preuve de générosité, il y a trois titres à sauver sur Wonderworld.

La plage titulaire, subtilement placée en ouverture de l’album, est une composition classique de Ken Hensley, à ceci près que le propos est désabusé et que la musique manque de cette majesté et de cette grandiloquence maladroite qui faisaient l’élégance naïve du groupe.

Au-delà de ce "Wonderworld", tout de même élégamment troussé, il n’y a pas grand-chose qui puisse satisfaire la curiosité du petit rocker.

"The Easy Road" est effectivement une ballade plaisante mais son orchestration plutôt empruntée (voire surannée) fait que la composition n’égale jamais la qualité des productions antérieures.

Puis, l’album se referme sur une énigme. "Dreams" est un extraordinaire titre à tiroirs, onirique (forcément) et particulièrement énigmatique, qui démontre à quel point Ken Hensley, dans ses moments les plus inspirés, tenait à la fois du mage et du sorcier. Mais, pourquoi avoir choisi une version écourtée sur l’album original alors qu’une remarquable version alternative, un peu plus longue, a seulement été dévoilée à l’occasion de rééditions au XXIème siècle ?  

Où il est question de deuil puis de descente aux Enfers…



Deux mois après la sortie de l’album, le 15 septembre 1974, Gary Thain est brutalement électrocuté sur scène à Dallas (Texas). L’accident le fait sombrer plus bas encore dans sa dépendance aux drogues diverses.

Jugé inapte à reprendre la route, il est viré par le groupe début 1975. Il succombe à une overdose d’héroïne peu avant Noël de cette même année. Il avait 27 ans. Encore un.

Il sera prestement remplacé par une divinité issue d’un Royaume Cramoisi puis par une légende tombée de Mars.

Avec des fortunes diverses…

Où la cloche sonne pour signifier la fin du cours…

Wonderworld aurait pu sceller le sort d’Uriah Heep. Il n’en sera rien. Mais la suite s’apparentera à une succession de hauts (très relatifs) et de bas (fort prononcés) jusqu’à ce qu’un groupe nouveau n’émerge enfin d’un quasi-néant pour signer certains de ses meilleurs albums des décennies plus tard (4).


(1) Il y a une éternité. Fin du siècle dernier. Je suis dans une librairie de Nantes, occupé à dédicacer des livres destinés aux enfants. Un petit breton à l’air buté (un petit breton, en résumé) s’approche du stand de mon éditeur et me montre du doigt…
- Menteur, ce n’est pas toi qui as écrit ces livres !
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que tous les écrivains sont morts et maintenant, ce sont tous des statues… Et toi, tu bouges encore !

(2) Le photographe est connu pour avoir été mieux inspiré dans ses travaux avec Paul McCartney, Roxy Music et The Who.

(3) Certains titres sont crédités à tous les musiciens, mais ce n’est pas pour souligner une confraternité retrouvée. L’objectif est simplement d’apaiser les tensions en distribuant d’hypothétiques droits d’auteur.

(4) Comme, par exemple, l'excellent Chaos & Colour (2023). 

Commentaires
DanielAR, le 24/03/2024 à 19:24
C'est un bruit qui a circulé récemment dans les couloirs de l'Académie des Petits Rockers. Si ce n'est pas le cas, Oncle Dan demandera à un artisan de relier un exemplaire "à la manière de...". Pour autant que Priscilla décroche trois bons points sans prendre de pénalité, ce qui n'est pas gagné.
FrancoisAR, le 24/03/2024 à 08:31
Ne t'avance pas trop, Gallimard ne m'a même pas contacté pour entrer au panthéon de La Pléiade.