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Critique d'album

Van Der Graaf Generator


The Least We Can Do Is Wave to Each Over


(01/02/1970 - Charisma Records - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par John Anthony

Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"La face sombre et angoissante du rock progressif"
François, le 08/08/2020
( mots)

Si le blues tirait ses racines d’une réalité sociale très dure, la mélancolie ne sortait que très peu de cette musique qui est marquée par un groove certains et des touches d’espoir ; plus encore, son petit frère, le rock’n’roll des années 1950, gagnait en dynamisme et en bonne humeur. Il en va de même pour la scène pop anglaise pleine de légèreté et d’insouciance. Ainsi, rien ne préparait la scène rock et son public à ce que Van der Graaf Generator allait proposer à l’aube des 1970’s, pas même le rock progressif naissant qui pouvait posséder une certaine froideur par ses ambitions techniques. Si le paratonnerre (qui renvoie sûrement au monde scientifique, auquel ils empruntent le nom d’une des figures) isolé au milieu de l’océan sombre et agité ne suffit pas pour prévenir du contenu, vous ne serez pas trahi par vos oreilles. 


Van der Graaf Generator, en tant que groupe (c’est-à-dire après le premier album paru à ce nom, œuvre anecdotique du seul Pater Hammill), est une force ténébreuse qui se fait musique. C’est le final de "White Hammer", terrible et implacable, où claviers et saxophone hurleurs emportent tout sur leur passage. Plus encore que "Darkness 11/11", qui comparativement et malgré son nom, est plutôt chatoyant. Le groupe, naviguant dans les paysages sonores les plus sombres et angoissants, use des orgues analogiques, éventuellement de la guitare électrique, et surtout des instruments à vent pour que l’univers harmonique complexe qu’ils composent envahisse de son voile obscur l’histoire du rock. Dans cette perspective, David Jackson, souffleur fabuleux, apporte autant si ce n’est plus au groupe que son leader charismatique, Peter Hammill. 


Car Van der Graaf Generator, c’est aussi le chant, tantôt fragile, tantôt implacable, de Peter Hammill. Un chant incarné et inégalable. Les thématiques parfois déprimantes de Van der Graaf Generator gagnent avec lui en profondeur. C’est ainsi que le sommet de l’album, "Refugees", retranscrit avec finesse la douleur extrême de l’exil forcé, même si les paroles sont hermétiques et qu’on ne sait s’il s’agit d’une référence aux migrations issues des guerres ou des Terriens fuyant sur une nouvelle Kobaïa … On est bien loin des mièvreries aussi explicites qu’hypocrites que nous livrent sporadiquement de médiocres exilés fiscaux. Ici, la douleur qui accompagne ces déracinements marqués par la mort et le danger devient une plaie ouverte musicale, que la voix fébrile de Peter Hammill incarne avec grâce. Un morceau tout simplement bouleversant, qui prend aux tripes sans jouer sur une écriture facile et pathétique. 


Un peu de légèreté ? Emporté par la flûte, "Out of My Book" permet de se promener gentiment dans des contrées féériques, proches de celles d’un Genesis bucolique, leurs compagnons du label Charisma. Un repos mérité juste après le tonitruant et expérimental "Whatever Would Robert Have Said" qui laisse un peu de place à la guitare saturée dans un jeu audacieux et exigeant. 


Van der Graaf Generator s’impose ici comme un combo incontournable du rock progressif des premiers temps. Un genre qui aime prendre le temps des longs développements : "After the Flood" et ses (presque) douze minutes est la première fresque d’une durée conséquente pour le groupe. Pièce aussi admirable qu’étonnante tant elle épouse des références variées et contradictoires. Pastorale et médiévale dans son utilisation des guitares et de la flûte, elle devient, dans un second temps, beaucoup plus puissante et dissonante, retrouvant l’épouvante qui caractérise le son du groupe, et, dans un dernier temps, elle offre un final plus convenu à la guitare électrique mais également plus mélodique et attachant (à l’exception des dernières notes angoissantes). Une pièce sinueuse qui est paradoxalement assez accessible et permet d’entrer dans leur monde par une porte suffisamment ouverte pour le béotien. 


Le rock progressif consiste avant tout en l’affranchissement des barrières musicales au profit d’une musique populaire ambitieuse : The Least We Can Do Is Wave to Each Over est un pavé essentiel sur le sentier de cette démarche. Mais l’emprunter n’est pas sans risque. 


 

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