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Critique d'album

Gentle Giant


Gentle Giant


(27/11/1970 - Vertigo - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par Tony Visconti

1- Giant / 2- Funny Ways / 3- Alucard / 4- Isn't It Quiet And Cold / 5- Nothing At All / 6- Why Not? / 7- The Queen
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Gentle Giant initie sa carrière en innovant sur la scène progressive naissante"
François, le 11/08/2020
( mots)

Pour le rock progressif, l’année 1970 est historique : après sa glorieuse naissance en 1969, il trouve sa première phase de croissance. Des formations appelées à un avenir radieux franchissent enfin le pas après un premier album moins inventif (Genesis, Caravan, Van Der Graaf Generator …), les pionniers confirment leur capacité créatrice (King Crimson, Pink Floyd …), et des nouveaux venus bousculent la scène en proposant des directions originales. Parmi elles, Gentle Giant s’impose dès les premières notes comme une formation paradigmatique. Cela pour des raisons aussi bien musicales que relatives à l’invention de leur univers esthétique. 


Si le rock progressif doit ses innovations à son dialogue avec les musiques savantes, il a également un rapport intime avec la littérature et la culture classique. Notre gentil géant trouve ses racines dans les écrits de Rabelais, dont les personnages Pantagruel et Gargantua seront évoqués au fil des albums, et dans un univers qui louvoie entre Renaissance et Moyen-Age version romantique. On trouvera donc un monde référencé et unique, avec des paroles aussi humoristiques que soignées. En ce sens, si l’inspiration vient d’un ouvrage français, on est face à un groupe qui possède une identité britannique bien trempée (caractéristique renforcée par leur musique, comme un "Funny Ways" ou "Isn’t It Quiet and Cold ?" qui composent avec la britishness flegmatique et apaisante), sans aller jusqu’à parler des Monty Python du prog’. D’ailleurs, les écrivains locaux ont également leur place, Bram Stoker en tête ("Alucard"). 


Question musique savante maintenant, il faut dire que le groupe est également à la pointe. En effet, les frères Shulman, à l’origine de la formation, se sont entourés, après une carrière conventionnelle et peu originale dans les 1960’s, de musiciens confirmés, souvent multiinstrumentistes. On pense notamment à Kerry Minnear qui passe des différents claviers aux percussions avant de prendre son violoncelle ou d’assurer les chœurs. Phil Shulman, qui officie à une multitude d’instruments à vent, et Ray Shulman, qui joue de tout ce qui a des cordes (guitare, violon …), étaient déjà des touche-à-tout remarquables. L’ensemble regarde davantage vers les musiques expérimentales que vers la musique classique (quoique, "The Queen" semble en être issu), mais le groupe est d’une finesse incroyable si bien qu’il devient vite inclassable : le jazz, le rock conventionnel, les musiques folkloriques ... Tout est mobilisé pour mettre au monde une mosaïque cohérente et inimitable. Malgré tout, Gentle Giant est loin d’être inaccessible, surtout sur ce premier album. 


"Giant", ouverture de l’album, impose déjà les signatures rythmiques alambiquées du groupe dans un maelstrom musical d’une grande force, contrastées par la solennité de son second mouvement symphonique. Autre caractéristique de Gentle Giant, la pratique du chant choral travaillé, parfois en canon, jouant sur des tonalités différentes, est élaborée sur le puissant "Alucard". Jazzy, à la limite du brass-band, ce titre est volontiers dissonant (dans les claviers comme dans le chant assez déroutant) et sombre (il s’agit tout de même d’un vampire). La guitare est à la fois véloce et complétement libre, dans des développements aussi techniques qu’expérimentaux. Ces deux titres sont importants puisqu’ils sont les boussoles esthétiques pour l’avenir du groupe. Néanmoins, d’autres morceaux sont tout aussi intéressants tout en étant moins "gentlegiantesques". 


Avec sa magnifique introduction folk puis son riff beaucoup plus rock, "Nothing At All" trouve une autre dimension et s’approprie talentueusement un registre à la Jethro Tull (période Stand Up). La transition entre les deux parties est négociée avec une maîtrise incroyable, d’une fluidité qui joue sur des thèmes en écho, plus ou moins tamisés. Du reste, c’est un solo de batterie qui rappelle le registre très rock, qu’on retrouve sur "Why Not ?" et son chorus de guitare virtuose. 


Ainsi, Gentle Giant possède une variété illustrant le travail d’un groupe qui cherche encore son identité, bien que leur originalité soit déjà réellement audible. Un des fleurons de l’écurie Vertigo signe ici un acte de naissance impressionnant.  

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