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Critique d'album

Weezer


Van Weezer


(07/05/2021 - Atlantic - Power pop - Genre : Rock)
Produit par Suzy Shinn

1- The End Of The Game / 2- All The Good Ones / 3- Hero / 4- I Need Some Of That / 5- Beginning Of The End / 6- Blue Dream / 7- 1 More Hit / 8- Sheila Can Do It / 9- She Needs Me / 10- Precious Metal Girl
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Du Weezer pur jus, le second degré en plus"
Nicolas, le 10/06/2021
( mots)

Déjà quinze albums pour Weezer en quelques vingt-sept années d’existence, faisons le compte : ça fait plus d’un album tous les deux ans. Mais plus encore : il y a eu sept albums sur les sept dernières années - en comptant le Teal Album qui a bel et bien intégré la disco officielle du groupe, et il s’agit du second de 2021. La question de la productivité de Cuomo ne se pose donc pas, c’est un fait, encore faut-il que quantité rime avec qualité, et cela n’a pas toujours été le cas par le passé. Or la récente triplette Teal - Black - OK Human n’a pas soulevé beaucoup d’enthousiasme - euphémisme, quand tu nous tiens. On n’attendait donc foncièrement rien de ce Van Weezer, ce qui ne le rend que plus savoureux ; car oui, on a ici affaire à un bon, un très bon cru.


Pour remettre les pendules à l’heure, on rappellera que Van Weezer, s’il se veut un hommage totalement assumé aux shredders des 80’s, au hard rockers chevelus et autres agités du médiator des décennies passées, n’a rien, mais alors rien à voir avec la récente mort d’Eddie Van Halen. D’ailleurs le disque aurait dû sortir en mai 2019 afin de servir de prémisse au Hella Mega Tour co-organisé par Weezer, Green Day et Fall Out Boy, tournée désormais reprogrammée en 2022. Un prétexte tout trouvé, sachant que Rivers Cuomo n’a pas hésité à remettre régulièrement en question sa formule power pop qu’il savait pourtant parfaitement rodée depuis le tout début, on pensera en particulier au récent OK Human qui tourne totalement le dos à l’axiome sonore des californiens. Pour autant, ne nous leurrons pas : Weezer n’est jamais aussi bon que quand il joue de ses particularismes, de ces mélodies candides soutenues par un très gros son de guitare. Van Weezer pousse ce postulat jusqu’à l’absurde, avec une certaine candeur, donc, mais aussi, avouons-le, une authentique réussite.


Cuomo n’a cessé de le répéter en interview : ce quinzième opus est celui qui, selon lui, se rapproche le plus de son Blue Album originel, et on ne saurait lui donner tort. Frontal, expéditif (trente minutes montre en main), jouant à fond sur le contraste mélodie radieuse - guitares imposantes, l’esthétique de Van Weezer répond plus que jamais au canon weezerien. On n’avait plus entendu les américains sonner aussi fort depuis Maladroit, c’est dire si le riff se taille ici la part du lion. Mais VW se montre nettement plus tendre dans l’intention que son grand frère, plus sucré, plus naïf, jouant à fond la carte du retour en enfance - ou plutôt en adolescence, un ado emprunté, timide, capuche de sweat sur la tête et cassette d’Aerosmith dans le walkman. Ici il n’est question que de filles qui (évidemment) ne s’intéressent pas nous, ce qui est d’autant plus dommage qu’elles sont trop cools : elles lisent des Marvels - et même Nietzche et C.S. Lewis (Narnia) - et font de la air guitar avec le casque vissé aux oreilles. Une orientation nostalgique et juvénile qui fonctionne parfaitement pour deux raisons : d’abord parce que Rivers Cuomo a depuis longtemps cessé de se prendre au sérieux et de se mettre la pression, ensuite et surtout parce que sa voix a conservé une jeunesse assez sidérante pour un quinquagénaire. On a vraiment l’impression d’avoir affaire à un groupe de teenagers à peine sorti de son garage dans les 90’s, le second degré en plus. L’aspect régressif est ici poussé à son maximum, s’appuyant sur des références qui n’ont plus vraiment la cote - franchement, qui de nos jours vénère encore le hair metal des LA Guns et de Faster Pussycat ? - et jouant d’un regard tout autant ingénu qu’entendu, comme cette rime de “The End Of The Game” où le chanteur, privé de sa dulcinée qui l’a (encore) largué comme une vieille chaussette, chante avec le plus grand sérieux : “I’m on an island with no sun”, référence évidente à… vous savez quoi.


Des clins d’œils décalés de ce genre, il y en a des caisses dans Van Weezer. Musicalement, les références se rapportent bien évidemment au metal 80’s : “In heavy metal we trust”, entend-on aux détours de “Beginning Of The End”, et bon sang ne saurait mentir. Le disque est truffé de petits emprunts à des standards de l’époque, et même si nombre d’entre eux passeront inaperçus, on peut sourire en entendant les grosses cylindrées à la “Girls Girls Girls” de Mötley Crüe qui accueillent “Sheila Can Do It”, mais surtout le célèbre riff de “Crazy Train” (signé par le regretté Randy Rhoads pour Ozzy Osbourne) qui se voit religieusement interprété tout au long de “Blue Dream”, un hommage assez culotté mais en définitive pas totalement réussi dans le sens où le titre manque d’un vrai refrain (celui présent passe au mieux pour un pré-chorus un poil bancal). Mais c’est sans doute là le seul point faible de Van Weezer qui, partout ailleurs, fait carton plein. On ne sait qui, de “The End of The Game”, “All The Good Ones”, “Hero”, “Beginning Of the End” ou “1 More Hit” se révèle le plus réussi tant ces titres excellent dans la mélodie, le son et l’attitude. Du Weezer pur jus, puissant, solaire, décomplexé et dopé par une production redoutable. De la bonne vieille power pop 90s à l’ancienne, simple, pas prise de tête et qui sait très vite fédérer, avec parfois le petit côté heavy metal qui va bien (“1 More Hit”, encore, se montre bien savant en la matière). Le son Weezer ronronne, il y a de bons couplets, de bons refrains, des ponts d’une finesse rare, des interludes instrumentaux aussi brefs que jouissifs. Les instrumentistes jouent fort et bien : on n’avait rarement connu Patrick Wilson aussi impliqué sur sa batterie, et mention spéciale à la basse de Scott Shriner qui arrive à tirer son épingle du jeu - on pensera en particulier, toujours, aux lignes à la Geezer Butler de “1 More Hit”. En fin de piste, “Sheila Can Do It” et “She Needs Me” en rajoutent dans le rock altier, jovial mais droit dans ses pompes, quand la ballade “Precious Metal Girl” convainc autant qu’elle émeut.


Vous ne lirez pas d’aussi bonnes critiques de Van Weezer partout ailleurs sur le web ou dans la presse écrite, que cela soit dit. L’intelligentsia musicale a fini par se lasser des facéties à rallonge de Rivers Cuomo et de sa bande, et si OK Human avait réussi à retenir l’attention par son côté justement décalé et antithétique, ce disque-ci ne fait “que” proposer du bon vieux rock racé et inspiré. Sans doute que cela n’intéresse plus grand-monde, du moins c’est ce qu’on voudrait nous faire croire… Quant à votre serviteur, il conjure les Californiens de persévérer dans cette veine qui leur sied si bien : longue vie à Weezer, et ne vous laissez pas déstabiliser par ceux qui vous conspuent ! Des albums comme ceux-là, qui lustrent plus que jamais votre ADN, on est prêt à en écouter par camions entiers.

Commentaires
Chazz, le 10/06/2021 à 21:01
Totalement d'accord ! Le plus drôle c'est que j'ai découvert Weezer avec cet album (bon, je connaissais évidemment Island in the sun avant ça) et ça m'a donné envie de me plonger dans leur discographie ! Que du bon ! Avec Ash c'est désormais un de mes groupes de Power Pop préférés.
Alexx, le 10/06/2021 à 15:12
Avis totalement partagé ! J'ai cru retombé ado dès les premières notes. C'était tellement bon que je l'ai écouté en boucle toute la journée...