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Critique d'album

Yes


Yes


(25/07/1969 - Atlantic - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par Paul Clay

1- Beyond & Before / 2- I See You / 3- Yesterday and Today / 4- Looking Around / 5- Old Man / 6- Harold Land / 7- Every Little Thing / 8- Swwetness / 9- Survival
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Pourquoi le premier album de Yes n'est pas considéré comme fondateur du rock progressif ? "
François, le 29/07/2019
( mots)

Quand on s'intéresse à l'histoire du rock progressif et qu’on veut en connaître la genèse, plusieurs solutions s’offrent à nous : on peut ouvrir un livre, un magazine, consulter un webzine, regarder un documentaire. Néanmoins, quel que soit le format, on s’apercevra invariablement que l'album considéré comme étant fondateur du genre est In the Court of the Crimson King de King Crimson.


L'immensité de cette œuvre et ses innovations justifient la gloriole, de même que la carrière du groupe. Pourtant, en termes de chronologie pure, Yes, qui est un représentant tout aussi éminent du genre, obtient le privilège de l’antériorité. En effet, son premier album est sorti trois mois plus tôt, au mois de juillet 1969. Cette chronique tourne donc autour de cette interrogation : pourquoi Yes n'est pas considéré comme l'album fondateur du rock progressif, pourquoi même, est-il un peu méprisé par les plus fins amateurs du genre voire du groupe ?


La formation originelle n’est pas le plus reconnue de l’histoire du groupe. Elle tourne autour de Chris Squire, bassiste talentueux, et Jon Anderson (qu'il écrit encore "John"), chanteur à la voix suraiguë et puissante, qui fera l'originalité du groupe et qui prouve l'audace et la liberté artistique qu’a pu se permettre le rock progressif.


Ajoutons Peter Banks à la guitare, se baladant assez aisément le long du manche de sa six cordes avec une forte inspiration jazz, et enfin, le virtuose Bill Bruford à la batterie et Tony Kaye au clavier. Malgré sa composition de haute volée, cette première mouture de Yes n’est pas celle qui a produit les plus grands chefs-d’œuvre, mais elle demeure celle de la maturation du groupe et n'est pas radicalement différente dans son projet musical.


Premier point à souligner pour répondre à notre interrogation initiale, certains morceaux lorgnent trop vers la pop, comme "Yesterday and Today", qui semble être tout droit sorti d'un album de la British Invasion, et pas un des meilleurs. Aussi lassant, "Sweetness", ne présente pas plus d'intérêt (avec des chœurs insupportables, un rythme et une construction semblable à un titre des The Beatles).


La surprise était pourtant permise à l’ouverture de l’album avec "Beyond and Before" partant sur un riff sympathique, assez musclé, qui dans ses variations appelle déjà des structures que Yes développera à l'avenir, et dévoilant Chris Squire comme un bassiste talentueux. Néanmoins, la mélodie du chant et les voix de Banks et Anderson font perdre à ce titre toute sa force, en cela il trouve sa place à la suite des deux autres titres. De plus, le tout semble un peu brouillon, et le solo est un peu aléatoire.


Cette stagnation vers les anciennes formes de rock se confirme dans le choix des deux reprises que sont "Every Little thing" des The Beatles (Beatles for Sale, 1964) et celle de leurs rivaux américains "I See You", des Byrds (Fifth Dimension, 1966). Paradoxalement, ces deux titres constituent les moments les plus intéressants de l'album, puisqu'ils mettent en place une véritable dimension progressive à des morceaux qui sont loin d'être les plus originaux et les plus inventifs de ces deux groupes. C'est notamment le cas pour "I See You" qui est la pièce maîtresse de Yes, dans laquelle la voix d'Anderson et les ajouts par rapport à la pièce originelle (notamment ce passage avec les notes rappelant le violon, que l'on retrouvera, à partir d'un pedal steel, dans le final "Soon" de "Gates of Delirium" - Relayer) donnent un relief appréciable au titre original. Ces deux titres rendent tout à fait compte du défaut majeur de l'album : un pied dans le passé, un pied dans l'avenir, le grand écart étant difficile à négocier. Même s'il est vrai, pour rendre grâce au groupe, que faire des reprises permet de se faire accepter plus facilement du public lors de ses premières représentations. Ce sera au Marquee ou au Speakeasy pour Yes, ce qui n'est pas rien.


Le second point porte sur les titres originaux (à l'exception des deux premiers cités) dans lesquels on peut apercevoir des tentatives de produire du rock progressif. La plus longue pièce dans cette catégorie est la dernière, "Survival", qui laisse un souvenir assez fade. L'intro et l'outro sont intéressantes, mais le cœur du morceau, répétitif, lent, a vraiment peu de saveur. Beaucoup plus intéressants sont "Looking Around" et "Harold Land", titres qui ne manquent pas d'ambition même s'ils restent encore assez classiques dans leur structure, notamment, et encore une fois, quand on regarde du côté du chant. L'originalité de la voix d'Anderson est desservie par des mélodies encore trop simplistes, presque caricaturales des premières années 1960 (ce qui est moins vrai pour "Harold Land"). C'est au clavier qu'on note vraiment les premières évolutions musicales qui feront le sel du début des années 1970, mais Yes n'y est pas encore. Ne soyons pas non plus trop sévère, ce sont des titres qui s'écoutent bien, avec de bonnes intentions et de bonnes idées, mais c'est un début en demi-teinte pour un groupe qui a donné tant de chefs-d’œuvres au monde du rock progressif.


Il y a des groupes d'avant-garde, comme The Nice ou Cream, des groupes pionniers, comme King Crimson et Led Zeppelin, et des groupes en retard qui deviennent finalement des grands représentants d'un genre. Ce fut le cas de Deep Purple pour le hard-rock. C'est celui de Yes pour le rock progressif, ce premier album, encore velléitaire, en témoigne parfaitement.


 

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