Cerise sur le gâteau en cette fin de semaine : quelle chance de voir à Tourcoing, avant Strasbourg et Paris, les américains Ratatat, rare en France, présents pour seulement trois dates en novembre 2010. Concert affichant complet depuis belle lurette, le Grand Mix affiche fièrement ce choix audacieux ce dimanche soir. Duo masculin de génie,
Ratatat illustre un certain renouveau de l'électro s'aventurant sur le terrain psychédélique ou encore dans le hip hop. C'est le DJ belge
Elephant Power qui assure la première partie. Difficile de démarrer en ce début de soirée, 18 heures, à l'heure du thé ou de l'apéro pour certains. Cet horaire est-il propice à l'écoute de la techno transe ? Car c'est bien cette musique que va nous servir à froid
DJ Elephant Power, sans prise de speed ou d'extas. Il va falloir être patient et prêter attention à ce son techno house à fond les manettes.
Vêtu d'un blouson doré et d'une casquette, DJ Elephant Power va s'appliquer dès le démarrage à nous plonger dans le monde des noctambules hantant les discothèques belges. Un noyau dur dans les premiers rangs le suivra tout le long du set. Le reste de la foule déjà très dense va plutôt s'atteler à étancher sa soif en attendant Ratatat. Pourtant le public très jeune m'entourant semble avoir déjà consommé ses propres substances illicites, projetant de soit sécher les cours le lendemain, soit de faire nuit blanche en s'achevant au
Zoo. DJ Elephant Power tente tout de même de motiver le public en levant les bras, mais sans grand succès. Le Grand Mix résonne d'un son techno house sourd, flirtant avec la transe. Habillant sa musique de quelques scratchs et quelques samplers hispanisants, le jeune homme essayera encore de faire bouger les tourquennois, plutôt sur la réserve. Ponctué par quelques applaudissements polis, le set du bruxellois Nicolas Baudoux n'a pas convaincu l'audience, pourtant de bonne humeur.
Place enfin aux choses sérieuses avec
Ratatat ! Les deux new-yorkais débutent leur show dans un grand flash éblouissant. Le public est immédiatement à leurs pieds, entièrement acquis à leur cause. En témoignent les premiers rangs qui ne s'accorderont aucune pause dans la valse des pogos. Portant des lunettes de soleil et des casquettes, les deux garçons arborent des cheveux longs et chacun une longue chaine en or. Mike Stroud et Evan Mast jouent de divers instruments électroniques, mais sont également des guitaristes et bassiste doués. Incluant violons, percussions et instruments à cordes japonais,
Ratatat innove et plait dès la première écoute. Joyeuse, psychédélique, rapide, la musique de ce duo se retient facilement malgré un travail de composition entièrement instrumental, mais subtil. Jouant dans la cour des grands tels que d’autres duos,
Daft Punk ou Justice, grâce à des titres comme "Drug" et "Shempi",
Ratatat n'a rien à envier à certains morceaux de
Mstrkfrt ou de Kraftwerk. Fort de quatre albums (officiels),
Ratatat s'est fait connaitre avec leur deuxième opus
Classics en 2006, puis en remixant entre autres des titres hip-hop sur la compilation
9 beats, en 2008.
Usant et abusant d’effets rappelant la pyrotechnie, entourés par deux grands plexiglass faisant office d'écrans de projection,
Ratatat a offert un beau spectacle s'accordant à sa musique funky et mélodique. Les images diffusées sont tirées, soit des différents clips officiels de Ratatat, soit de l’univers du groupe (des statues gréco-romaines, mais aussi des personnages époque Marie-Antoinette faisant office de violonistes, qui reviendront sur certains riffs). Saluant le public tourquennois au second titre,
Ratatat va enchainer avec plusieurs morceaux de leur exceptionnel dernier album
LP4 et mais aussi avec quelques titres de
Classics. Acclamés en continu, les garçons jouent sous des pluies d'étincelles, de petites étoiles accompagnant leur son, parfois composé de synthé en mode "clavecin" et surtout de violons. Sous des images de leurs nombreux clips (multiples visages aux sourires carnassiers de "Drugs", jungle humide de Schwarzy de "Mirando", scène à la Bruce Lee aux éclats de pare-brises de voitures en boucle),
Ratatat a offert un concert magnifique dans une ambiance détendue. Avec des morceaux qui semblent longs, le concert n’a jamais été ennuyeux pour autant. En effet, tous les titres s’enchaineront merveilleusement bien. Même si le public en a eu plein les yeux, il en redemandera encore. Son vœu sera exaucé avec un rappel de deux titres. Le concert est finalement passé en un éclair. Nous avons du mal à quitter la salle bondée, encore chargée de l’ambiance de folie mais bonne enfant des fans de la première heure de Ratatat.