Ce n'est pas tous les jours que les Rolling Stones donnent un concert dans notre pays, qui plus est au Stade de France. Cette enceinte, conçue et bâtie pour l'organisation de la Coupe du Monde de Football 1998, dégage une atmosphère magique remplie de récents souvenirs et d'une émotion toute particulière.
Rêve et réalité allaient donc se conjuguer, le 16 juin 2007.
Tout d'abord, c'est
Starsailor qui arriva sur scène pour quarante minutes assez ennuyeuses. Ce groupe aura au moins eu le mérite de chasser d'inquiétants nuages grâce à sa bonne étoile (de marin).
Ensuite, alors que j'attendais, debout, l'entrée des jeunes soixantenaires, Roman Polanski et sa compagne Emmanuelle Seigner s'installèrent tranquillement aux places VIP situées juste derrière moi.
Enfin, peu après 21h00, un jet de feu d'artifice, mélangé à des images de synthèses projetées sur l'écran géant au-dessus de la scène, annonça le début du show.
Keith Richards débarqua d'une nonchalance exemplaire en plaquant le riff de "Start Me Up". Avec un look de chic pirate et son bandeau serré sur le crâne qui tenait ses cheveux en bataille, le plus célèbre des guitaristes du rock reçu un accueil triomphal. Des tonnerres d'applaudissements retentirent également pour Mick Jagger qui montra, dès le début, son impressionnante énergie, en courant comme un fou vers le public. Entre deux titres, il promit: "
On va s'éclater ce soir", soit l'un des nombreux échanges en français qu'il s'autorisa. Charlie Watts et Ron Wood, eux, assurèrent avec sérieux une cohésion d'ensemble irréprochable tout au long du concert. Ronnie se surpasse même sur des solos bien travaillés qui rapellent la perfection du son qu'il peut y avoir sur album, notamment dans "Rough Justice" mais surtout dans "Can't You Hear Me Knockin'" et sa remarquable fin jazzy. Mick joue aussi de la sèche sur le très doux "Waiting on a Friend" et rend hommage au défunt James Brown en reprennant "I'll Go Crazy" du Godfather of Soul, l'occasion d'intégrer un délire funk au set. Dans une bonne humeur communicative, Jagger présente alors les musiciens. Richards est le dernier à être nommé. Tout sourire, ce dernier entame "Happy" puis "Wanna Hold You" où Wood joue assit avec une cithare électrique posée sur ses genoux.
Quand Mick Jagger réapparaît, une partie de la scène se détache et avance jusqu'au milieu du Stade de France. Tout le monde chante: "
It's only rock'n'roll but I like it" interprêtée en même temps. Alors que la petite scène faisait machine arrière, l'écran géant montrait la fameuse bouche, grande ouverte, brandissant sa longue langue pendante. Elle accueillait le retour des satans du rock sur la chanson "Honky Tonk Women" reprise en choeur par la foule. "Sympathy for the Devil" poursuivait logiquement la déferlante. Mick montait les escaliers scéniques pendant que des flammes jaillissaient du haut des lumières. Du feu se matérialisait également à la fin du morceau donnant des frissons de chaleurs. Les trois derniers classiques des Rolling Stones ( "Satisfaction", "Brown Sugar" et "Jumpin' Jack Flash") exécutés dans des versions un peu rallongées provoquent des ondes positives à répétition.
Cette nouvelle tournée A Bigger Bang porte, plus que jamais, très bien son nom, execpté le fait qu'une seule chanson du dernier opus a été jouée (mais qui s'en plaindra). Les Rolling Stones sont toujours au top de leur forme et même si Keith passe de temps en temps à côté de certains riffs, cela donne un charme unique à sa prestation. Parce que, finalement, un concert des Stones ce n'est pas un rendu carré sans fausse note, c'est la fête du rock avec l'attitude ancrée bien profonde jusque dans leur tombe.
Setlist:
Start Me Up
Let's Spend the Night Together
Rough Justice
All Down the Line
She Was Hot
Waiting on a Friend
Can't You Hear Me Knockin'
I'll Go Crazy
Tumbling Dice
Happy
Wanna Hold You
It's Only Rock'n'Roll (But I Like It)
It's All Over Now
You Got Me Rocking
Honky Tonk Women
Sympathy for the Devil
(I Can't Get No) Satisfaction
Brown Sugar
Jumpin' Jack Flash (rappel)