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Festival Rock Preserv'


Christine, le 10/08/2011

Jean-François Burlot, fondateur du Rock Preserv' : interview

Président et fondateur de Galib'Art, l'association organisatrice du Festival Rock Preserv', Jean-François a eu la gentillesse de nous accorder un peu de son temps, malgré le rush du début de festival, pour répondre à quelques questions sur l'histoire du festival, son évolution. Les souvenirs des premières programmations l'enflamment encore :


Bonjour Jean-François, et merci de nous accorder du temps.
Peux tu nous parler de ton parcours, comment as-tu été amené à devenir le fondateur d'un festival rock ?

C'est simple en fait, c'est des copains, un constat : la culture était loin de la ruralité, en 1992, on avait 20 ans et on s'est dit "Pourquoi ne viendraient-ils pas chez nous ?" Et après, l'envie que ça dure, le gros et énorme plaisir de la solidarité. Maintenant on le voit au quotidien : dans le village il y a les jeunes, les anciens, les nouveaux, tout le monde est bénévole, nous sommes 360 aujourd'hui, sur un village de 1200 habitants! Bon, il n'y a pas que le village, mais une bonne partie. Ça joue énormément sur le fonctionnement annuel de la commune.
Voilà. Un parcours qui fait qu'on s'investit, qu'on a envie, c'est agréable. Maintenant, je suis troisième adjoint de la commune.

C'est une conséquence ? c'est toi qui a eu envie de participer à la vie de la commune ou on a fait appel à toi ?
Ce n'est pas dû qu'à ça, mais ça y contribue. En fait on est impliqués. Quand on est dans l'associatif, on est souvent sollicités.
Au début, on faisait vraiment du rock et on était un peu les marginaux du village. Du coup on s'est dit "Et si on allait aux réunions pour pas qu'on parle de nous sans qu'on soit là ?" et l'idéal, c'est d'être élu ! et d'avoir la responsabilité de la jeunesse, du sport et des associations de la commune.

Il n'y a pas de parcours professionnel qui explique cette création de festival, ce n'est pas ton métier ?
Non, pas du tout, c'est juste la passion musique et rock !

Donc ce qui a été créé c'est l'association Galib'art...
Oui, Galib'art parce que Galibot ! ça veut dire "jeune" en bourbonnais, et on était jeunes à l'époque, il y a 20 ans !

20 ans cette année ! Comment évolue le Rock Preserv' ?
Il évolue....peut être par rapport au pilote de l'avion, et à son âge, qui évolue aussi !
On a commencé très loin du village, en n'étant pas très bien appréciés. Maintenant on est au bord du village et l'ensemble du conseil municipal est bénévole, et on a une programmation qui a évolué dans ce sens là aussi. On a une programmation...Noah, c'est l'exemple, c'est la famille. C'est la première année qu'on joue sur ce tableau là. Le festival a évolué dans le "tout public". Avant, c'était très spécifique, on était HardCore, Metal...

Vous avez commencé avec quel groupe il y a 20 ans ?
Les Rats ! un groupe parisien, on avait 20 ans et c'était chaud! ils sont descendus de Paris....j'en ai un souvenir...le petit fourgon Wolkswagen, ils ouvrent la porte, les canettes tombent, ils ramassent pas....Ils nous prennent pour des petites merdes ! C'est vrai qu'à l'époque on avait une sono pas du tout compétente pour l'accueil de l'artiste...ils ne voulaient pas jouer, puis ils ont fini par jouer....ça a été une aventure, le début quoi ! Mais on a été envahis, c'était dans la salle polyvalente du village et il y avait plus de 800 personnes. L'anecdote c'est que nous n'étions pas du tout craintifs sur les dégradations ou autre, nous n'y pensions pas, mais des jeunes (ou d'autres, je ne sais pas) se sont cachés dans la salle et ont tout démoli en pensant trouver de l'argent. Ils ont démoli la salle polyvalente ! Du coup la mairie a dit "Plus de festival dans la salle". et c'est comme ça qu'est né le plein air !

Comment se passe la programmation ? Qui s'en occupe, c'est toi ?
Entre autre, nous sommes une équipe, on est plusieurs sur la programmation. On lance des pistes au mois d'octobre, suivant nos envies, les repères que l'on a déjà sur les artistes qui vont tourner l'année d'après. Ensuite on attend des réactions, si elles sont tardives on sollicite. On aime à avoir déjà des pistes en janvier. En fait c'est simple : des têtes d'affiches, et ensuite on éclate tout ça avec des découvertes.

Et vous arrivez à trouver votre place parmi des programmations faites par des professionnels, des salles ? Ce n'est pas trop difficile pour un festival mené par une association d'avoir ces têtes d'affiche ?
Si ! évidemment, c'est plus difficile parce que les salles elles n'organisent pas, elles accueillent. Par exemple un Noah, dans une salle, c'est la production qui prend les entrées, nous, on paye l'artiste.
Nous sommes à 85% d'auto-financement pour "l'aventure". Pour deux raisons : on a un département qui joue bien le jeu, une région plus timide, qui a fait des efforts, mais par rapport à d'autres manifestations qu'elle soutient plus que nous....c'est minimum. Mais ça a des avantages : "l'aventure", c'est un avion qui décolle en novembre pour atterrir ce soir et on est les seuls à piloter. S'ils ne veulent pas monter dedans....du coup, on garde aussi une autonomie totale, programmation, organisation, nous ne sommes influencés par personne.

Il n'y a jamais eu de tentative de récupération, par des entreprises par exemple ?
Plutôt par des villes ! et bien oui, parce qu'on devient... nous sommes en fait le plus gros festival estival d'Auvergne solidaire, nous sommes super fiers de ça. C'est bien de faire un festival comme ça. Nous, depuis le début nous travaillons au profit de la lutte contre le SIDA, puis nous avons intégré le handicap, on a plein de gens en fauteuil, mais pas seulement, qui déambulent avec le théâtre de rue, des gens en poste...et c'est une vraie fierté : le regard du bénévole, et du public aussi, a complètement changé. Maintenant on me dit "Mais, je n'ai pas vu de fauteuil ?".
En plus, nous sommes à un stade où nous sommes contrôlés, commission de sécurité, alors quand on nous demande si nous sommes accessibles...on leur montre : "Lui, ça fait une semaine qu'il travaille là, lui, il passe partout,...."
Donc voilà, de plus grandes villes qui aimeraient récupérer le Rock Préserv'...Nous avons un rayonnement inter-régional, en gros le public vient de 200 kms aux alentours de Broût-Vernet...et ensuite tout dépend de la programmation et du routing. Si nous avons la chance d'avoir des artistes en tournée mondiale, comme il y a trois ans Apocalyptica, qui s'est arrêté à Broût-Vernet entre l'Andalousie et la Pologne, c'était énorme, on a vécu un truc de fous ! C'est aussi le cas cette année pour Yannick Noah, qui s'arrête entre Béziers et Toulon-sur-Mer, et même chose lorsque l'on a reçu Tryo. Notre avantage, c'est d'être au centre de la France. Nous n'avons pas de concurrence à notre échelon, on peut recevoir jusqu'à 15 000 festivaliers, c'est déjà pas mal. Et nous avons acquis une super réputation d'accueil. Tout est fait "maison" puisque nous sommes bénévoles, mais l'équipe a l'habitude, on est tout le temps en service, on répond à la demande, même si ce n'est pas un catering professionnel avec une assiette par artiste.

Le Rock Preserv soutient beaucoup de causes : AIDES, Handi-Gène, vous défendez aussi la ruralité...ça ne fait pas beaucoup ?
Non, ce n'est pas compliqué, c'est très facile. Mais une chose est importante, on ne le fait pas pour négocier. Je ne travaille pas avec les producteurs en leur disant "Venez chez nous, c'est pour le SIDA"...Ils sont déjà sollicités toute l'année.
Non, c'est vraiment la fierté. Les bénévoles le disent : "Quand on se lève le lundi matin, après l'aventure du week end, on sait qu'on a donné à AIDES". Et puis ça ne change rien au travail, ça n'en rajoute pas !

Quelle ambition pour Rock Preserv' ?
Il n'y en a pas. Ce serait plutôt de reculer un peu. Nous sommes sur un travail presque professionnel, très intéressant, mais très très lourd, avec des progs lourdes financièrement, et la météo, elle est pareille que ce soit un petit ou un grand festival. La programmation, c'est l'essentiel de l'investissement. Je pense donc qu'il serait assez judicieux dans l'avenir de reculer d'un petit cran, on ne redeviendra pas comme en 92 ou 94, mais cela permettra de moins effrayer la relève !
Mais on s'éclate vraiment, c'est du plaisir : mercredi, nous avons fait une réunion avec les bénévoles, et même si tous n'ont pas pu être là, il y a eu une convivialité énorme, ce sont des moments magiques. Nous avons mis en avant le mot "échange" et il fonctionne très bien. Pour les 20 ans, des anciens sont revenus spécialement, l'équipe est forte, les gens se gèrent.
Moi, mon truc, c'est jusqu'à ce que les portes s'ouvrent, après, ça tourne tout seul.
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