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Interview : Dionysos


Emilie, le 11/06/2012
Bien alignés autour d'une petite table blanche mais noire de microphones, les membres de Dionysos sont tous présents pour la conférence de presse. Trop grands pour les fauteuils, Miky Biky, Rico et Stephan sont à la gauche de Mathias, qui voit à sa droite Babeth assise à côté de Guillaume. Leur tournée Bird'n'roll à peine commencée, les Dionysos, incontournables rockeurs poétiques français, sont de passage au Printemps de Bourges. Pas découragés par la pluie, ils discutent généreusement pendant une vingtaine de minutes avec cette flopée de curieux, dont j'ai la chance de faire partie. Les journalistes ne jouent pas des coudes pour poser des questions (trop de questions, laquelle choisir ? Intimidés ?), face à un Mathias bavard pour notre plus grand plaisir. Come on, let's bird, Bird and Bourges.


[Albumrock :] Vous aimez les personnages bancales, on a découvert Don Diego 2000, là on a Cloudman … Ça vous plaît de nous présenter ou de rencontrer des personnages de ce genre

Mathias Malzieu : Bah oui parce que ce sont des personnes qu'on aime rencontrer dans la vraie vie tout simplement. Là pour s'amuser on utilise un peu le langage du conte, on les extrêmise pour qu'ils soient encore plus spectaculaires et amusants à manipuler mais finalement c'est les gens comme ça, avec des défauts, une poésie et une dimension un peu épique comme ça, qui nous portent et nous donnent envie d'écrire des chansons, des livres, faire des concerts et d'être là à les défendre aujourd'hui. C'est vrai que des fois ils sont directement inspirés de personnages existants, Don Diego 2000 c'était notre manageur de l'époque et effectivement il se trompait dans les mots. Tous les jours il nous appelait au téléphone et nous disait ''oh la laaa pour le planning on va être kric krak !'' c'était vraiment vrai quoi. Il disait que son portable dépensait des sommes ''gastronomiques''. Cloudman c'était un peu plus fantasmé, c'est venu du fait que je me faisais souvent mal sur scène, je me posais un peu la question de l'âge, jusqu'à quand je pourrais faire ce même genre de chose sur scène, où serait la limite et trouver peut être un pouvoir magique pour pouvoir me transformer en autre chose pour arriver à continuer. Et c'est ce qu'on arrive à faire d'une manière métaphorique avec le groupe parce qu'il a bientôt 20 ans, et on continue à travailler à notre rêve avec beaucoup de liberté, et beaucoup d'élan et d'envie. C'est à dire qu'on est là pour les bonnes raisons, il y a plein de projets différents qui sont dans le groupe, d'autres qui sont à l'extérieur, c'est un peu le bordel des fois mais qu'est ce que c'est marrant et qu'est ce que c'est un privilège surtout avec les temps qui courent. Et qui courent vite. Les espaces se rétrécissent beaucoup.


[Conférence :] Quand on parle de rock français, Dionysos c'est assez incontournable. Est ce que ça ne met pas la pression de se dire que vous êtes un peu les pionniers ? Dans l'idée de renouvellement ou autre.

Mathias : Déjà merci c'est gentil. Et non, oh non au contraire ! Moi j'adore l'idée de me prendre une claque par Léonard Cohen ou je sais pas quel vieux qui joue juste de la folk, et en même temps voir un groupe de vingt ans et me dire ''wahou qu'est ce que c'est bien !'' et être surpris par des jeunes qui ont la moitié de notre âge, qui ont a peu près l'âge du groupe. C'est pas une pression au contraire c'est jubilatoire. Et au moment où tu commences à penser que tu représentes je sais pas quoi, tu changes déjà de métier, je pense que nous justement on continue à faire notre éthique et à faire exactement ce qu'on sent et ce qu'on veut. Ca peut plus ou moins marcher, réussir, être dans le trucs, mais tant qu'on est bien dans les habits artistiques qu'on se tricote un peu, pour ensuite le présenter sur scène on est bon ! Tant que ce truc là dure, on est dans le juste. Après si vous vous dîtes que Dionysos c'est un pilier ou un taulier, je suis content (rires) je le prends comme un compliment mais on peut pas partir de ces considérations là

Rico : Ca va vite en même temps, on n'a pas l'impression d'avoir vingt ans ! Tout ce qui s'est passé, à chaque fois on a de nouveaux objectifs, de nouveaux concerts .. On était pris là dedans et les concerts se sont déroulés hyper rapidement.


Mathias : Ouais, et quand on voit le copain avec qui on faisait les cons en terminale, ils ont tous trois gamins, deux chiens et demi et un garage super bien rangé, t'es là ''ouais ouais, ok ..''. Le temps a passé très vite. Mais il y en a qui sont aussi heureux que nous c'est pas un jugement de valeur mais tu te dis qu'on est quand même dans un monde parallèle, dans une sorte d'infra-monde qu'on s'est construit, on est connecté à la réalité mais on s'est fabriqué aussi notre réalité. Que ce soit dans le fait de faire nos personnages ou même dans le mode de vie, et effectivement comme disait Rico ça accélère pas mal le temps, le rapport au temps est particulier quand même.


[Conférence :] Est ce que ce que vous apportez Mathias fait parfois débat au sein du groupe ? Est ce que vous êtes agacés par exemple … ?

Stephan : Agacé, on serait quand même assez culottés d'être agacés par ce que Mathias peut apporter au groupe quand même. Je trouve que c'est plutôt un privilège d'avoir un tel moteur
Rico : Sa créativité, son univers, tout ça. Chacun est bon à son poste, Mathias a son univers, on ne va pas lui apprendre à écrire un texte, on est bien à notre poste. On aime l'écriture de Mathias, on arrive à marier les qualités de chacun.

Mathias : C'est aussi une question de confiance. Ça me fait peur aussi quand j'arrive avec mes textes. C'est comme quand t'es gamin, que tu joues au tennis et que tu joues devant ton père, c'est pas évident (rires) Là c'est pareil tu as toujours une espèce de pudeur bizarre quand il y a de nouveaux morceaux. C'est pas évident mais on est dans la construction, les égos sont en place. Il y a de l'égo à partir du moment où il y a des chansons, qu'on fait partie d'une groupe, il y a une conférence de presse et on vient jouer à Bourges, c'est qu'on a envie de donner de quelque chose et qu'on a un besoin d'amour un peu sur-dimensionné quand même. Mais à partir du moment que c'est à la bonne place et que c'est assumé c'est pas très grave. Ça devient problématique quand les gens sont à une place et qu'ils aimeraient être à une autre. Mais c'est pas notre cas !



[Conférence :] Quand vous amenez une chanson vous savez ce qu'ils vont en faire ?

Mathias : Non, et c'est ça que j'adore, cet espèce de côté alchimie bizarre, parce qu'il y a des chansons comme ''Dreamoscope'' dans le dernier album, à l'origine elle est avec une folk avec un slide, elle sonne un peu esprit Bashung acoustique passé par notre filtre à nous, et puis quand ça devient avec le groupe, c'est complètement autre chose. Après le groupe a aussi cette intelligence là, comme sur un morceau comme ''Spider girl'' où finalement il n'y a rien d'autre que la guitare et la voix. Et c'est pour ça que ce groupe continue aussi je pense, parce qu'il y a une écoute qui est forte. D'ailleurs c'était marrant parce que au moment de déposer les droits, la maison de disque m'a dit ''bon allez Spider Girl on signe que toi ?'', bah non, c'est pas parce qu'ils jouent pas que c'est un morceau que à moi. C'est juste qu'ils ont décidé que sur ce morceau là, c'était bien d'avoir que la guitare et la voix mais pour moi c'est tout autant un morceau du groupe parce que je leur ai joué, et on a décidé que à ce moment dans l'album, par rapport à tels trucs, c'était mieux comme ça. C'est finalement le même choix que sur La Mécanique du Coeur où on s'est dit qu'on allait mettre des sons d'horloges et on enregistre des orchestres symphoniques, et pour Bird'n'roll on enregistre uniquement des sifflets d'oiseaux et des chœurs de filles. Ce sont des choix, des parties pris et on les fait ensemble. C'est pas Mathias Malzieu et Dionysos, ce sont des chansons qui ressemblent à ce qu'elles ressemblent parce que c'est eux.


[Conférence :] La Mécanique du Coeur justement, c'est un livre, un album, bientôt un film. Est ce que vous allez participer à la réalisation avec Luc Besson ou est ce que vous lui laissez le champ libre ?

Mathias : En fait je le co-réalise. J'ai fait le script, je le co-rélise avec Stéphane Berlat qui a fait nos derniers clips, de ''Cloudman'' ''Tais toi mon cœur'' et ''Neige'' ; Besson le produit et il y a tout l'album du groupe La Mécanique du Coeur qui est dessus, et en plus on a aussi fait des petits thèmes en plus qui nous ont été inspirés par notamment la tournée acoustique qu'on a fait il y a deux ans. C'est un bon exemple de choses qui se connectent, moi j'étais un peu plus sur le film, Mike est sur tout ce qui est bande son parce que c'est lui qui avait fait toutes les boucles d'horloges et les prises de son pour La Mécanique du Coeur, mais aussi pour Bird'n'roll entre temps. Entre temps aussi pour Bird'n'roll on a voulu s'inventer cette danse ludique, Babeth était au théâtre pour ''Peter Pan'', on lui a chipé sa fée clochette. Il y a toujours des connexions qui se font, par exemple tout à l'heure on va manger et on avait à côté de nous une affiche de Corléone, le groupe de Rico et Stephan. C'est marrant qu'il puisse y avoir des ponts comme ça, même si logistiquement c'est pas toujours simple. Effectivement il y en a qui ont des enfants, on n'habite pas dans la même ville, mais c'est génial parce que c'est extrêmement vivant et ça oblige à aucune routine. Donc quand on se retrouve pour faire des morceaux, pour faire des concerts, on y est pour les bonnes raisons, pas juste parce qu'on a terminé une tournée. Tant qu'on arrive à maintenir ça, dans le groupe et à l'extérieur, eh bien on est en cavale on continue d'être en liberté c'est bien !


[Albumrock :] Babeth, tu n'es plus la seule fille sur scène, pas trop jalouse ??

Babeth : (rires) Boh non, non parce que j'ai gardé ma place de toute façon et puis je suis contente d'avoir des copines. En plus il ya Johanna avec qui j'ai passé toute l'année dernière. Elle était la fée Clochette et là elle est Birdy Joe. Non non je suis très contente (rires)


[Albumrock] : Et sur l'album c'est que toi qui fait les voix ?

Babeth  : Ah non non !

Mathias : Non c'est toutes ensembles aussi. Et l'idée d'avoir Johanna vient de Babeth ! Quand je suis allée la voir au théâtre je lui ai dit ''punaise elle assure ta fée clochette'' et elle m'a dit ''mais ouais elle pourrait faire ça elle est capable de danser, elle est capable de chanter''. C'est même Babeth qui lui a parlé du projet parce que moi je la connaissais pas, elle l'a embarquée dans le groupe. Les trois personnes que vous allez voir ce soir sur scène avec Babeth, ce sont les personnes qui ont enregistré sur le disque. Il y a Lise avec qui on a travaillé avec Mike et Rico sur une chanson, elle avait fait deux petits bonus, et puis Guillemette du groupe April Shower qui est un groupe de Bordeaux en train de se développer. Ce sont des copains et aussi des gens à qui l'on trouve beaucoup de talent

Babeth : Mais dans ce groupe de toute façon c'est assez rare que l'on prenne des gens qu'on ne connaît pas du tout. Ca peut arriver, mais en général ce sont des gens qu'on intègre parce qu'il y a des affinités, du copinage, ou de la sensibilité … C'est assez rare de faire une sorte de casting, c'est arrivé une fois mais sinon on le fait jamais. En général tous les gens qui arrivent sont des gens avec qui on a vécu quelque chose d'humain, parce que nous on fonctionne comme ça, on fonctionne plus au cœur qu'autre chose.


[Conférence :] Est ce qu'il y a des morceaux que vous préférez jouer sur scène ?

Mathias : Il faut faire des choix. C'est intéressant d'ailleurs. C'est pas forcément préférer, c'est les choses qu'on ressent le mieux qui s'y prêtent le mieux, parce que pour moi ce sont deux processus de travail différents. Et quand justement j'ai adapté La Mécanique du Coeur, le livre en scénario, j'ai ressenti la même chose parce que j'ai du couper des choses que j'aime. Les chansons de l'album ou des autres albums qu'on ne jouent pas, ça veut pas dire qu'on les aime moins, c'est juste que soit sur le moment sur l'époque et sur l'humeur on les sent pas plus que ça, soit ça fonctionne pas et il faut faire des choix. C'est très intéressant ! Justement pour un concert comme aujourd'hui, on a commencé notre premier concert faisait 1h45, là ce soir on a beaucoup moins de temps, c'est le jeu d'un festival aussi d'arriver à s'adapter à un set plus court. Il faut trouver un équilibre, plaire au public, et en même temps se retrouver dans le rythme et c'est pas évident. Là c'est le tout premier soir donc on expérimente, mais c'est bien que ce soit comme ça. Dès qu'on s'installe trop, ça c'est pas une règle que je donne dans l'absolu mais vraiment pour nous, ça nous va pas bien. Si je fais dire au personnage de Cloudman que c'est une toupie de chair et de sang et que son équilibre fonctionne que quand il est en mouvement, c'est aussi un bon résumé de ces vingt années de groupe.



Merci à tous les membres de Dionysos pour leur présence, et pour ces réponses si fournies. Merci également à l'équipe Opus du Printemps de Bourges

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Photos de Christian Penin.
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