La série d'été Albumrock : #48 Queen
Pour occuper votre été, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux pour leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd’hui, place à la Reine, dans un Top volontairement centré sur la meilleure période du groupe, avec des chansons que vous ne retrouverez sur aucun des 36 greatests hits sortis par Queen.
10- “The night comes down”, Queen I - 1973 : 1973, la presse musicale anglaise a tendance à snober Queen, qualifiés à l’époque de simples ersatz de Led Zeppelin ou Queen. Et on peut presque le comprendre à l’écoute de ce pourtant très réussi “The Night Comes Down”, avec ses lignes bluesy délicatement mélancoliques, ce son de batterie très lourd, un peu à la manière de leurs glorieux ainés. Avec même une référence aux Beatles, dans la candeur de l’ambiance, mais surtout dans la phrase « Lucy was high and and so was I » chantée par Mercury.
9- “Flick of the Wrist”, Sheer Heart Attack - 1974 : Face B de “Killer Queen” (premier tube du groupe), mais passé presque inaperçu aux yeux du grand public, car comme le disait justement Mercury en live à l’époque au moment de l’interpréter : "il s'agit de la face du disque que vous n'avez pas écouté". La chanson fait partie d’un tryptique, coincée entre “Tenement Funster” et “Lily of The Valley”. Epique, mélodique, grandiloquent, grinçant et presque méchant par moments. Un titre qui prend encore plus de saveur écouté dans son "medley" initial.
8- “Dead On Time”, Jazz - 1978. Un des titres les plus agressifs pour la Red Special de Brian May et qui n'a je crois, jamais été jouée en live par le groupe (peut être justement à cause de la vélocité de ses parties de guitare). Un titre coup de poing, supersonique et d’une rugosité assez extraordinaire. À noter le petit détail qui fait mouche : le bruit de la foudre à la fin du morceau, enregistré par Brian May et qui apparait dans les crédits comme “"Thunderbolt courtesy of God".
7- “It’s Late”, News Of The World - 1977. La grandiloquence habituelle de Queen ferait presque oublier parfois que May et consorts sont avant tout un groupe de rock, au sens “classique” du terme. C’est en tout cas de cette façon que peut être qualifié “It’s Late”, un titre de classic rock, presque à l’ancienne et dont je ne m’explique toujours pas son absence dans les hymnes du groupe connus de toutes et tous. Chanson à tiroirs, avec ruptures et accélérations rythmiques, elle semble parfois à la lisière du rock sudiste (dans sa partie centrale), et voit Brian May utiliser pour une des rares fois le tapping sur sa guitare. Et quelle fin en apothéose !
6- “Death On Two Legs”, A Night At The Opera - 1975. Piste qui introduit l’album le plus important du groupe, “Death on Two legs” (”mort debout”) est une déclaration de haine envers Norman Sheffield, l'ancien manager du groupe, qui profita de leur naïveté de jeune groupe pour se remplir les poches à leur insu. Une colère rageuse que l’on ressent autant par les riffs aiguisés de Brian May que par le chant acéré et agressif de Mercury. Le tout via des paroles sans équivoques, mais drôles et comme seul Freddie Mercury en était capable. Un bonbon acide à déguster sans modération.
5- “White Queen”, Queen II - 1974. Issu de l’album préféré d’un grand nombre de fans (là où ma préférence va clairement à Sheer Heart Attack), “White Queen” est une sorte de ballade folk baroque à l’ambiance très marquée, un peu médiévale dans la teneur de ses arrangements, presque mystique aussi dans le chant de Mercury. Un titre qui à l’image de l’album, installe définitivement la patte de Queen, et permet de s’affranchir de ses influences.
4- “My Melancholy Blues”, News Of The World - 1977. Chanson qui clôt le premier album de “stadium-rock” (via ses 2 énormes singles devenus insupportables), “My Melancholy Blues” prend le contrepied parfait des hymnes de stades et fait la part belle au jazz-lounge-piano-bar qu’affectionnait tant Mercury. Un titre qui met en avant sa voix incroyable, à plus forte raison dans cette version live, avec la délicatesse des balais de Roger Taylor et la petite ligne de guitare sucrée qui va bien.
3- “The Prophet’s Song”, A Night At The Opera - 1975. Sorte de jumeau maléfique de Bohemian Rhapsody, “The Prophet’s Song” est quasiment un titre de prog, de par sa longueur (plus de 8 minutes, soit le plus long titre du groupe), ou par sa structure polymorphe, entre jeux vocaux en canon, résonances et riffs beaucoup plus heavy. À noter également l’utilisation du koto, un instrument de musique traditionnel japonais, utilisé par Brian May sur certaines parties (et qui permet cette transition soyeuse avec “Love Of My Life”).
2- “Stone Cold Crazy”, Sheer Heart Attack - 1974. En 2 minutes et 13 secondes, Queen pose les bases de ce qu’on appellera plus tard le thrash. Ni plus ni moins. Metallica ne s’y trompera pas en reprenant ce morceau très régulièrement (cf la compilation Garage Inc). Tout ça en 1974, année où le groupe va sortir 2 albums : Queen II et donc ce Sheer Heart Attack. Monstrueux.
1- “Spread Your Wings”, News Of The World - 1977. Son absence des innombrables best-of du groupe est toujours un mystère tant ce mid-tempo est le titre parfait par excellence. Mélodie racée, mélancolie contenue, chant habité (sans être trop démonstratif) et surtout empreint d’une rare sobriété (c’est un des seuls morceaux du groupe sans choeurs ni harmonies vocales) et qui pourrait même plaire aux détracteurs de Queen. Imparable. Et sans que je ne puisse argumenter davantage, ma chanson préférée du groupe.
Vous pouvez également écouter la playlist sur votre application préférée (Deezer, You Tube Music, Qobuz et autres) via ce lien : https://www.tunemymusic.com/?share=c4logb8gwn09