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Printemps de Bourges 2011


Emilie, le 25/05/2011

Dimanche 24 avril


Le temps sur Bourges, ne nous a toujours pas fait défaut, on peine à y croire mais on en profite car Claire Chazal a annoncé hier au soir, que la pluie devrait s'abattre. Bondées sont les rues, souriants sont les gens, perdues sont les voitures : tout va bien, rien à signaler. A 16h15, rendez-vous avec Gruff Rhys pour une interview sympathique avec un personnage quelque peu loufoque. Me parlant de sa planète galloise, j'ai peine à savoir si sa phrase est finie ou s'il continue de réfléchir, mais son regard doux aide dans les moments de détresse. A tout à l'heure Gruff, au 22 Est. Je ressors, le sol est totalement trempé : la seule minute pluie prévue vient de tomber, le soleil est déjà de retour (ok, j'avoue, j'avais envoyé un mail à la pluie pour qu'elle évite de me tomber sur le coin du nez.)

Quand je quitte le box interview, Mélanie Laurent est toujours sur la scène juste à coté. Pas du tout emballée par son premier single, la partie fouine pas du tout cachée en moi, dirige mes pas vers la salle pour voir comment elle se comporte, et si je peux dire 'ok elle est aussi bonne chanteuse qu'actrice'. J'arrive pour les trois dernières chansons, perchée tout en haut de l'auditorium, mais je suis assez près pour me sentir mal à l'aise en la voyant derrière son micro. J'essaie d'occulter sa fonction première, à savoir actrice, mais ce même sentiment persiste. Je découpe alors ce qui ne va pas : les musiciens sont plutôt bons, l'éclairage est chouette, donc ça vient d'elle (ou de moi). Elle interagit pourtant avec le public, elle chante pas trop mal, mais quelque chose dans l'attitude perturbe un peu l'osmose attendue entre un chanteur, ses musiciens, et les gens en face. Je suis également très gênée par un détail lors des applaudissements de fin -conséquents au passage-, puisque c'est à ce moment même qu'elle décide de susurrer le nom de ses musiciens, à la va vite et de manière très brouillon, alors que, personnellement, c'est à eux que l'on doit le show. Bref pas de surprise pour ma part, pas fan des titres, pas fan du spectacle.


Il va en être autrement pour ce qui suit, à savoir Florent Marchet. Je quitte ma place debout du fond de salle, pour aller m'écraser dans un fauteuil tout moelleux, ce qui me permet d'admirer confortablement l'installation de la scène du berrichon. Un orgue vintage, la fameuse peau d'ours sous un autre clavier, un vieux téléphone, des fenêtres sur pieds au décor défilant, on hésite presque à remonter nos chaussettes jusqu'au genou, et à acheter la première boule à neige que l'on trouvera. Comme il me l'avait expliqué lors de l'interview, Florent Marchet arrive en tenue de circonstance : pull jacquard, pantalon moutarde option feu de plancher, chaussettes blanches sous pompes marron cirées, on s'y croirait. A l'aise dans son look, il est également un véritable funambule des mots, et chaque chanson demande de la concentration sur ses textes, rudement bien foutus. Sur scène, armé d'auto dérision cachée derrière un arrogance bidonnante, Florent Marchet n'hésite pas à se moquer des berrichons, à savoir son coin natal, avec par exemple des explications condescendantes mais hilarantes. Derrière ce personnage vantard, grinçant et surtout bourré d'humour et de second degrés, se cache un auteur émérite, à l'album travaillé et délicieux, Courchevel. Les mélodies ne sont pas en reste dans ce joyeux bordel enneigé, loin de là. Les instruments, maniés par le Courchevel Orchestra, s'allient et cousent différentes toiles, pop, rock, gaies, tristounes, et charmantes. Les spectateurs réactifs et tantôt sourire, tantôt touchés, reçoivent des titres des premiers albums, comme du dernier, dont ''Benjamin'' largement réarrangé par cet autre instrument que sont les applaudissement en chœur. Il pousse l'humour jusque dans l'intro de ''Son idole'', où il passe la bande son d'un reportage sur Tokio Hotel, où la jeune fille appelle sa mère, euphorique, pour le bonheur de notre cynisme. Le concert frôle la perfection sous toutes ses coutures, on le remercie pour cet éclectisme musical et émotionnel, on se prend donc (fatalement) d'affection pour l'ami moustachu et son courchevel orchestra. L'ambiance est dépaysante, et comme dirait Florent Marchet, ''le Berry c'est comme la Corse... sans la mer''. Oui, avec un peu d'imagination …


Un peu plus tard, intrusion au 22 Ouest pendant que GaBlé joue. Deux hommes sur scène, une femme, un groupe tout sourire faisant de la musique perchée, du coup attrayante. Le public entre dans la danse et suit ce trio normand indie bruitiste. On a l'impression que le mouvement de chacun est réfléchi et travaillé, et que le T-Shirt du chanteur est le fruit d'une longue réflexion avec lui même. Les live sont définitivement l'endroit taillé pour apprécier des bulles musicales pas toujours faciles à percer. Je prends la tangente un tout petit peu avant la fin du set, question de ne pas me retrouver en sandwich dans les portes, entre deux messieurs tout poilus et tout dégoulinant de sueur (bien que ce soit l'état de tout le monde dans la petite salle. La sueur, pas les poils.). La salle quasi vide au début du show, est alors totalement remplie, visiblement GaBlé attire et séduit.
Le 22 Est est alors encore vide, presque frais, et la scène que Gruff Rhys va piétiner dans quelques minutes prend forme. Les musiciens et Gruff entrent alors sur scène, mais non, vu leurs tenues ils ne sont là que pour faire des petits réglages … la lumière se tamise. Ah. Bon eh bien pas de chichis vestimentaires visiblement, pour les gallois. Gros pull bleu éléctrique chargé en motifs, souvenir de montagne ou de forêt, sur chemise à carreau idéale pour aller au bois pour le chanteur, sweat vert bouteille portant dignement les inscriptions ''Pine tree elementary'' et bonnet à pompom (je parierais pour le 'fait main' ) pour le bassiste, un clavier en marin, et un guitariste au pantalon trop grand, à la chemise trop grande, et aux cheveux trop longs. Si nos bonshommes venus d'outre Manche ne misent pas sur l'allure, ils donnent tout dans la musique.


Ce spectacle très rock, est uniquement sonore, mais vu la qualité des titres, on s'en contente pleinement. Les morceaux sont parfois aussi étranges et loufoques que Gruff Rhys lui même, mais leur qualité est épatante. N'aimant visiblement pas vraiment les échanges vocaux avec le public, le gallois a trouvé la solution adéquate : des panneaux messages. C'est donc, après avoir brandit un panneau où ''applause'' était noté en gros, que la troupe sort de scène, aussi humblement que leur spectacle.

Anna Calvi est dans toutes les bouches en ce moment, et justement elle est à quelques pas du 22 Est : au 22 Ouest. Décidée à découvrir cette fameuse, je pars d'un pas décidé vers l'autre salle, presque tête baissée, mais rapidement freinée par un mur humain bloquant l'entrée. Trop de monde dans ce bout de pièce, trop de grands mecs baraqués ne connaissant pas le déo, trop d'air humide, le demi tour gauche s'impose. Et ce demi tour me mène directement aux Jacobins (bon après quelques minutes de marches tout de même), où les fameux Berthes vont s'enflammer. Il est 1h du matin, mais le pub est encore bondé et n'est pas près de se vider. Et pour cause, les six mecs venus de Besancon vont retourner les cerveaux des survivants, avec leurs mélodies rock, ska, jazz, pop, hip hop, bref mélange explosif qui va décoiffer et faire transpirer pendant bien 2h. Leur énergie débordante font de ce grand concert en petite structure, un des moments marquants de ce Printemps de Bourges Off.



>> L'interview avec Florent Marchet<<

Crédit photo : Hervé All, son site.
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