The Future Is Medieval : Kaiser Chiefs fait sa petite révolution
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Introduction
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- La version officielle
- La version Elise
- La version Mathilde
La version officielle
Rahlala ces Kaiser Chiefs, vraiment, quelle bande de grosses feignasses ! Même pas foutus de choisir les titres de leur propre album ! Même pas capable de décider comment doit évoluer leur son, quelle direction adopter, quelles influences revendiquer. On aura rarement vu groupe plus indécis. Heureusement, comme beaucoup de fainéants, les KC sont inventifs. Alors, au lieu d'avouer clairement cette incapacité, ils jouent les choses plus finement et créent un buzz autour d'un problème de fond (qu'on reverra donc, parce que le coup ne marchera pas deux fois). Le combo anglais a donc su créer l'évènement en juin dernier, en proposant à ses fans de créer eux-mêmes leur version du prochain opus. 20 titres ont été enregistrés, chacun peut en choisir 10, faire sa jaquette et proposer son album à la vente via le site du groupe. Malin. Très malin. Le buzz fonctionne à fond, tout le monde en parle, et des milliers de versions voient le jour. Quelques semaines plus tard, le groupe sort la sienne. On se doute qu'ils ont longuement analysé les choix des fans. Leur Future Is Medieval compte 13 titres, soit trois de plus que les versions "fans". Et voilà le moment tant redouté. Celui où l'on oublie le procédé marketing original, l'idée de génie et les 1000 jaquettes (souvent moches) pour revenir à l'essentiel : Kaiser Chiefs va-t-il faire mieux qu'Off With Their Heads, dernier opus décevant ?
Et là, ça se complique. Depuis Yours Truly, Angry Mob, Kaiser Chiefs a du mal à trouver sa voie. L'envie de se renouveler, d'évoluer, se heurte à un constat simple : le groupe a bien du mal à faire autre chose que ce à quoi il était bon à l'origine. Employment et Yours Truly... étaient des albums réussis dans un style qu'on associera toujours au groupe, mais les KC, craignant de se répéter, cherchent plus loin. L'intention est bonne, on ne peut pas leur reprocher. Mais elle se solde fréquemment par des échecs musicaux flagrants. Le single choisi pour The Future Is Medieval en est la preuve. "Little Shocks" est un morceau qui, foncièrement, ne fonctionne pas. L'énergie de KC semble bridée par une volonté de proposer autre chose. Les claviers se veulent légèrement psyché, le rythme cassé, les guitares en sourdine... et ça ne marche pas. Le son qu'on aime entendre chez Kaiser Chiefs perce seulement dans le refrain, des guitares qui s'amusent, un chant plus saccadé, une rythmique qui s'emballe. Même sentiment à l'écoute de "Things Change". Là, c'est une influence un peu "new wave", à la limite d'un Indochine de la fin des 80's, qui semble vouloir s'inviter. Et le constat est dur : le titre est chiant à mourir.
A partir de là, on espère que le pire n'est pas à venir. Le premier couplet de "Long Way From Celebrating" est un nouveau coup dur, jusqu'à ce qu'éclate un refrain percutant. Les guitares se refont lourdes, Ricky Wilson retrouve sa pèche, les choeurs réapparaissent et, enfin, on a l'impression d'écouter un Kaiser Chiefs à l'aise dans ses baskets. Pourtant, l'idée n'est pas de refuser une évolution du groupe. Découvrir de nouvelles influences, travailler de nouveaux sons sont nécessaires. Mais à un moment donné, on ne peut nier la vérité (et "Start With Nothing" le prouve à nouveau), pour être bon, Kaiser Chiefs doit se fier à ses bases. Ce morceau est teinté d'originalité, on découvre un clavier très présent et des guitares teintées de noir, mais il est aussi typique du groupe dans sa construction, une progression à la fois subtile et rythmée, qui avait fait les beaux jours de Yours Truly..., et ressuscite quelques espoirs. "Out Of Focus" suit le même schéma, en bien plus contenu, privilégiant les choeurs en sourdine et une rythmique douce. Parfait dans sa progression, il confirme que Kaiser Chiefs est capable du meilleur. Ça ne rend ses ratages que plus regrettables.
Etrangement, on enchaîne sur "Dead Or In Serious Trouble", titre pétaradant qui nous rappelle les premiers heures du groupe avec un certain plaisir. Malgré tout, on sent toujours l'envie de produire plus, de maîtriser un bordel ambiant qu'on aime pour sa spontanéité. Le constat est le même sur "When All Is Quiet", dont l'ouverture à la sonorité naïve que l'on sait cynique, retentit comme un bon vieux souvenir. Malheureusement, le reste du titre sombre dans une balade sans intérêt, où ne perce rien de bien intéressant. Encore un regret, car des titres comme "Mars On Mars" et "Child Of The Jago", partent sur la même base et se révèlent bien plus réussis, simplement par l'ajout de choeurs plus tenus, d'un petit son électro ou d'une émotion qui sous-tend l'ensemble. On se dit alors que Kaiser Chies s'est, comme souvent, laissé aller à la facilité, n'améliorant pas ce qui pourrait l'être, oubliant de relire son premier jet, de faire des corrections, de revoir sa copie avant de la rendre. C'est ce qui fait le caractère spontané de ses compositions, mais aussi leur médiocrité quand la qualité ne suit pas.
Il y a pourtant du bon dans les recherches de nouveauté entreprises par le groupe. Il est par exemple allé chercher chez Hot Chip les sonorités de "Heard It Break", livrant un morceau rock eighties dépaysant. Il lui manque peut être un peu de pèche, mais c'est drôle et décalé, et on apprécie l'effort. Reste qu'en jouant seul dans sa catégorie, sa présence paraît un peu incongrue. Suivi par la balade "Coming Up For Air", il détonne dans le paysage. Et ce n'est pas "If You Will Have Me", balade de fin en mode guitare-voix, portée par le batteur Nick Hodgson, très réussie au demeurant, qui l'intégrera mieux...
Moralité, Kaiser Chiefs est un groupe paumé. Incapable de choisir un son et de définir sa trajectoire et son identité, le groupe virevolte ici et là, pioche où il en a envie, et livre des compositions d'une grande inégalité. Son coup de com est symptomatique d'un vrai problème de fond. Le groupe veut se renouveler et teste un peu tout, au petit bonheur la chance. Le mieux aurait été de se décider avant de faire un album, le public serait moins perdu et moins déçu. Et si l'idée de laisser les fans décider était originale et fun, elle aurait mieux fonctionné avec des titres qui tenaient la route. L'espoir est dans les quelques réussites, et dans le bonus track "City", où on découvre un Kaiser Chiefs plus sombre. Allez les gars, une petite tournée et on retourne bosser. Et ne comptez plus sur nous, ça ne marchera pas deux fois.