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Critique d'album

Creeper


Sex, Death & The Infinite Void


(31/07/2020 - - Horror Punk - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Hallelujah! / 2- Be My End / 3- Born Cold / 4- Cyanide / 5- Celestial Violence / 6- Annabelle / 7- Paradise / 8- Poisoned Heart / 9- Thorns of Love / 10- Four Years Ago / 11- Holy War / 12- Napalm Girls / 13- The Crown of Life / 14- Black Moon / 15- All My Friends (Hidden Track)
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Un second album au punk-rock plus sophistiqué mêlé d'une britpop bien pensée"
Julien, le 24/08/2020
( mots)

It’s the last show that we’ll ever do”, ces mots prononcés par le chanteur Will Gould terminaient la tournée entamée après la publication du premier album de Creeper : Eternity, In Your Arms. Véritable séparation ou manière d’accentuer le point final d’un premier chapitre ? Le débat reste ouvert. Les premières vidéos teasing, publiées à l’automne 2019, rassuraient les fans avides des émanations punk-rock du groupe originaire de Southampton.
Oui, oui, vous avez bien lu, on fait bien mention ici de ce style rongé jusqu’à la moelle dans la première moitié des années 2000 qui collait aux écouteurs des walkmans d’adolescents en route pour le lycée. Un style disparu dans les abimes du genre musical et qui a emporté avec lui la pléiade de groupes qu’il avait permis de voir émerger, rarement pour le meilleur, régulièrement pour le pire (Panic! At The Disco, Good Charlotte, Simple Plan…). Seul le pionnier Green Day a survécu, non sans péripéties, à cet écroulement abyssal qui n’a eu aucune pitié pour leur frère ennemi Blink 182 ou pour ceux qui avaient été capables de sublimer le registre : My Chemical Romance avec leur album The Black Parade. Pourtant c’est bien sur cette terre désolée que Creeper bâtissait, en 2017, son premier opus. Les six britanniques jouaient à fond la carte de la caricature punk-rock, entre titres qui tabassent (parce qu’il faut que ça cogne), et balades mielleuses écrites avec l’eye-liner fièrement exhibé par son chanteur. On en gardera quelques plaisirs coupables : “Hiding With Boys” ou encore “Down Below”. Décalé en raison de la pandémie, le second opus de Creeper va voir les britanniques proposer un changement venu de l’intérieur, comme la boussole qui oriente judicieusement vers des nouvelles contrées sonores sans jamais renier les origines du groupe : une passerelle exploratrice, idéale pour la contemplation de pistes et horizons à suivre intitulée : Sex, Death and The Infinite Void.


Ce second disque est bâti dans un récit fantastique qui nous compte l’histoire de deux amants dont la romance est si irrémédiablement condamnée qu’elle va se terminer dans le meurtre. Un récit qui tient plus du fil rouge que d’un véritable concept album, entrecoupé par cinq pistes narrées qui apportent plus de confusion que de liant à l’ensemble et dont il n’y a pas grand-chose retenir si ce n’est un charmant “Forever will not be long enough” entendu sur “Holy War”. Dommage que l’album perde en cohérence avec ces passages car pour le reste les britanniques ne sont pas loin d’avoir tout bon avec l’ordre de son tracklisting, proche du sans faute avec sa transition sonore qui accompagne les changements de registres au sein desquels Creeper nous fait voyager tout au long de ses neuf “vrais” titres.


L’album démarre et l’on note d’entrée une évolution. La doublette “Be My End”, “Born Cold” s’inscrit dans la veine punk-rock que son prédécesseur, à ceci près que le tempo, lui, a été considérablement ralenti, supprimant la sensation éreintante de lourdeur moulée dans la redondance qui prédominait dans le premier album. Cette fois les riffs et rythmiques sont plus variés et nous laissent apprécier la justesse dans les mélodies chantées par Will Gould accompagnées de savoureux arpèges de guitares sur les refrains. On ne parlera pas d’une meilleure maitrise du style mais plutôt d’une élaboration plus sophistiquée dans la composition. Il n’y a qu’à regarder du côté des inspirations ressenties à l’écoute de ces morceaux : là où Eternity, In Your Arms piochait allègrement du côté de The Misfits, on retrouve, en 2020, un son qui se rapproche de My Chemical Romance. Le tubesque “Annabelle” à une affiliation avec l’album The Black Parade toute aussi évidente que séduisante quand on s’arrête sur la façon dont les couplets sont chantés ou les solos distillés. Un premier tiers d’album qui marque une vraie évolution, sans être déroutante. Mais plutôt que de dérouler allègrement le même fil musical, Creeper  va proposer autre chose, un virage significatif qui donne tout son intérêt à ce Sex, Death and The Infinite Void.


En effet, la bande de Southampton a renié les balades mollassonnes entendues sur le premier effort de 2017. Bon ok, pas tout à fait, il y a ce “All My Friends” qui transpire toute sa guimauve sur coulis de violons à peine sauvé par un texte à la plume bien sentie : “Getting high has got us all so low. I’m sorry if I failed you.”. Pour emprunter les sentiers de la mélancolie, Creeper s’habille, cette fois, d’un son britpop qui colle à merveille aux six Anglais. Sur les couplets des titres “Paradise”, “Poisoned Heart”, Will Gould change d’octave. La voix se rapproche alors d’un Morrissey et la musique de Creeper s’éloigne complètement des hymnes post adolescent pour atteindre un niveau de maturité qui marrie impeccablement la production symphonique et un surplus de liberté conduisant, parfois, à l’inattendu : on pensera ici au solo de saxophone qui conclut “Paradise” et qui fonctionne là aussi très bien. Ce style laisse également une place plus importante au chant de la claviériste Hannah Greenwood que l’on peut entendre sur le titre “Four Years Ago”. Un morceau bâti en duo, bardé de défauts mais il n’empêche que l’idée est, elle, forte intéressante et mériterait d’être reprise -et surtout mieux maitrisée- sur un prochain opus.
  Tout cet éventail musical est réuni dans les titres “Napalm Girls” et “Black Moon”, synthèse de l’ensemble des chemins empruntés dans ce deuxième album ce qui apporte à ces deux morceaux des accents épicuriens savoureux et entêtants. La production, toute de cordes vêtue, est quasiment absente et laisse la place à un solo de guitare à la fuzz qui rend l’ensemble plus authentique et sincère pour ce qui aurait dû être la juste conclusion de ce Sex, Death and The Infinite Void.


Si comme son prédécesseur le dernier né de Creeper peut paraitre décousu dans sa globalité, il a le mérite d’ouvrir des pistes vraiment intéressantes en particulier dans la veine britpop démarrée ici. On rechignera sur la production symphoniquement trop poussée ou sur des passages narratifs qui n’apportent rien du tout à l’ensemble. A côté de ça, la bande de Southampton a sophistiqué ses titres punk-rock les rendant, de ce fait, bien plus agréables à écouter dans leur enchaînement. Surtout, Creeper  a pris des risques, incarnés par son chanteur qui évolue à merveille dans un registre vocal plus grave, ce qui laisse espérer de belles promesses pour la suite.

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