Wytch Hazel
II: Sojourn
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1- The Devil Is Here / 2- Save My Life / 3- Still We Fight / 4- Wait On The Wind / 5- See My Demons / 6- Barrow Hill / 7- Chorale / 8- Slaves To Righteousness / 9- Victory / 10- Angel Take Me
Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qu’observait le chevalier de la pochette d’Argus, scrutant l’horizon l’arme à la main ? Bien qu’inspiré par Wishbone Ash, Wytch Hazel ne répond pas à cette question, mais propose peut-être un aperçu de ce à quoi pouvait ressembler ce soldat vu de face. Le cavalier conserve néanmoins de nombreux mystères : qui est-il ? Où va-t-il ? Quel est son visage ? Il offre par contre bien des promesses sur le contenu de II : Sojourn.
Après un premier coup remarquable (Prelude, 2016), Wytch Hazel suscitait bien des attentes parmi les amateurs de hard-rock mélodique typé 1970’s et d’univers médiévaux. Deux ans plus tard, ils offrent au public un nouvel opus exceptionnel et difficilement attaquable. C’est aussi grâce à celui-ci que le groupe est un peu sorti de l’ombre, quoiqu’il demeure encore trop méconnu au regard de son talent.
Ceux qui ont apprécié – comment peut-il en être autrement ? – Prelude seront évidemment comblés tant Wytch Hazel affirme ses choix esthétiques. Une petite nuance peut-être, il semble un peu plus heavy, dans une inspiration issue de la NWOBHM (déjà perceptible en 2016). Après tout, Colin Hendra a fait ses classes chez Angel Witch, une des formations phares de l’époque (écoutez l’album éponyme de 1980).
Ainsi, l’opus s’ouvre sur des morceaux assez musclés qui peuvent dérouler des rythmiques et des riffs ciselés. Dès le premier titre, "The Devil Is Here", on remarque ce léger tournant heavy, qui n’exclut en aucun cas un travail toujours très minutieux sur les mélodies et l’harmonie entre les instruments (notamment les guitares qui dialoguent allégrement entre elles). Wytch Hazel développe ainsi un hard-rock de haut-vol illustré par des morceaux comme "Slaves to Righteousness" ou "Still We Fight". La première partie de l’album, qui se concentre sur cette orientation esthétique, est très convaincante : un sommet est même atteint avec "Save my Life". Introduction épique, couplets puissants en contraste avec un refrain plus apaisé qui mêle arpèges et accords plaqués : une architecture dont le groupe a le secret et qui est ici particulièrement bien agencée. Une bonne façon de découvrir le groupe dont le style est ici condensé avec ses plus beaux ornements.
Par ailleurs, le côté folk est bien présent sur des pièces plus douces et (partiellement) acoustiques : "Barrow Hill" rappelle Jethro Tull (sans flûte mais avec des orgues datées), "Angel Take Me" ferme l’album avec solennité, et "Wait On the Wind" est une magnifique ballade où la guitare powellienne parsème le titre d’interventions minutieuse jusqu’à la montée en puissance vers un chorus mémorable. La touche Wishbone Ash est d’ailleurs récurrente, en témoigne l’introduction à la mélodie médiévale de "See my Demons" … Quand ce n’est pas Thin Lizzy qui s’invite sur le fabuleux "Victory". Des références déjà soulignées dans Prelude, qui sont des chaperons suffisamment éminents pour être mentionnés derechef.
Si Wytch Hazel avait jusqu’alors échappé à votre vigilance, il est impératif de leur accorder au moins une écoute. En deux albums, ce jeune groupe propose, dans le courant revival, un véritable renouvellement et un début de carrière digne des plus grands.