Cypress Hill
Black Sunday
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1- I Wanna Get High / 2- I Ain't Goin' Out Like That / 3- Insane In The Brain / 4- When The Shit Goes Down / 5- Lick A Shot / 6- Cock The Hammer / 7- Interlude / 8- 3 Lil' Putos / 9- Legalize It / 10- Hits From The Bong / 11- What Go Around Come Around Kid / 12- A To The K / 13- Hand On The Glock / 14- Break 'Em Off Some
Le groupe américano-cubain de rap alternatif vient de sortir un septième album cette année, 'Till Death Do Us Part, où l'on retrouve l'ambiance morbido-gothique qui avait fait le succès de leur deuxième opus, Black Sunday. Revenons justement sur cet album qui, bien que sorti il y a plus de dix ans, reste à ce jour le meilleur du combo originaire de Los Angeles.
Tout commence bien sûr avec "I Wanna Get High", où l'auditeur découvre pour la première fois une voix atypique, nasillarde, parfois dissonante, mémorable en tout cas : celle de B-Real, qui est aussi le parolier du groupe. En arrière-plan, les basses percutantes de DJ Muggs ponctuent langoureusement un sample unique et lancinant, comme pour donner plus de profondeur et d'intensité au texte du chanteur, indéniablement hanté par la ganja.
Impossible en effet de se méprendre sur le sens à donner aux paroles de Black Sunday : de "I Wanna Get High" à "Hit From te Bong" en passant par "Legalize It", Cypress Hill joue à fond la carte de la subversion cannabique. Drague donc Mary Jane, c'est bon pour le rythme : voilà en gros le message... Pour ceux qui n'auraient toujours pas compris, la pochette enfonce le clou : on y trouve une apologie du chanvre en bonne et due forme, qui reprend en dix-neuf points les arguments habituels de ceux qui militent pour la légalisation de la dite substance.
Les titres suivants vont plus loin dans la fusion hip-hop / musique latine : on pense ici au cultissime "Insane in the Brain", titre-phare de l'album, mais également à l'instrumental "Lock Down". Par ailleurs, le groupe poursuit les expérimentations sonores inaugurées par l'éponyme Cypress Hill (1992) - pourtant beaucoup plus jovial de ton. On remarquera ainsi la présence de contrebasses filtrées d'inspiration jazzy dans les parfaits "Ain't Goin' Out" et "Lick a Shot", ou d'un piano sur le dernier titre de l'album "Break 'Em Off". Le tout est oppressant à souhait, parfois violent ("Cock the Hammer"), ou bien faussement doux ("Hits from the Bong", avec son sample issu du "Son of a Preacher Man" de Dusty Springfield, présent sur la BO de Pulp Fiction), mais en tout cas toujours étrange et fascinant. Pas étonnant que cet album ait fait de Cypress Hill le groupe de hip-hop le plus apprécié de la planète.
Certes, on pourra se lasser de la structure plus ou moins répétitive des titres, et, à plus petite échelle, des refrains (dans combien d'autres eux entend-on Sen Dog répétant tout ou partie de ce que B-Real vient de dire ?), ou encore objecter que la deuxième partie du disque est en-dessous de la première. En dépit de ces quelques critiques, Black Sunday reste un album d'excellente tenue. Le groupe s'y montre plus sûr de son talent que sur Cypress Hill, et n'en est pas encore réduit à l'auto-parodie qui ternira plus tard Cypress Hill III et IV. Quant on sait que ce deuxième opus fut "bâclé" (c'est du moins ce qu'affirmèrent les trois jeunes Californiens à sa sortie), dû à de multiples pressions exercées par leur maison de disque, il y a de quoi être surpris. Tout porte à croire que le sentiment d'urgence a catalysé le génie du trio. Quoi qu'il en soit, Black Sunday est sans conteste un de ces classiques qu'il faut écouter au moins une fois, et qui, du haut de ses onze ans, se révèle à l'écoute toujours aussi actuel, original et juste.