
Grinderswitch
Macon Tracks
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1- Mail Train Blues / 2- Put It All In Today / 3- Now I'm Lovin' You / 4- Happy Like Me / 5- The Best I Can / 6- Let The South Wind Blow / 7- Drifter / 8- Get It While It's Hot / 9- Pickin' the Blues


Quand on évoque le Rock sudiste, plusieurs institutions viennent immédiatement à l’esprit : The Allman Brothers Band, le groupe fondateur du genre, Macon en Géorgie, la ville d’où est issu le combo et le premier centre du mouvement, et le label Capricorn dont le succès est lié aux Allman et à ses studios de Macon. Ce solide réseau explique en partie l’essor d’un genre périphérique et pour de nombreux groupes, cette trinité géorgienne fut une véritable locomotive, qu’on pense à Wet Willie (d’Alabama) ou au Marshall Tucker Band (de Caroline du Sud). Pour d’autres, ce fut presque une malédiction, comme ce fut le cas pour Grinderswitch par exemple.
Certes, le combo n’aurait pas pu voir le jour sans l’aide des frères Allman, et nous ne disons pas cela seulement en termes esthétiques. En effet, Grinderswitch gravite dans l’orbite directe du Allman Brothers Band : impulsé par leur roadie floridien Joe Dan Petty, le groupe gagnera ses galons en assurant leurs premières parties et Dickey Betts jouera même sur leur premier album (Honest to Goodness - 1974), justement signé chez Capricorn. Mais leur style est beaucoup trop proche de celui du grand frère, et du reste, beaucoup trop conventionnel, pour que la formation se fasse une place dans ces années fastes et concurrentielles.
En 1975, Macon Tracks (notez le jeu de mots sur le sens de "tracks") devait changer la donne et le groupe reçoit même l’aide du violoniste (et joueur de banjo) Charlie Daniels, la star incontestée de la scène country-(parfois rock). L’album emprunte d’ailleurs des chemins plus country-sant que sur l’opus précédent, esthétique qu’il mélange à un assemblage soft rock sudiste que synthétise bien "Mail Train Blues", une pièce canonique du soft country rock aussi bien dans le jeu de la guitare, du piano que dans les interventions de violon. Si le groupe demeure sous influence des Allman Brothers (cela est très sensible sur "Happy Like Me"), leur inclinaison soft-rock est plutôt maîtrisée sur "Put It All in Today" (où le banjo fait des merveilles malgré sa discrétion), sur "The Best I Can" (avec de belles interventions de guitare), ou sur le très bon "Let the South Wind Blow" au flegme Allman-esque (doté d’un plan de guitare superbe et d’un beau final jazzy).
Mais le registre reste trop léger pour ne jamais être un peu ringard ("Drifter", le Chicago-like "Get It While It’s Hot"), ou au mieux, sans relief particulier (le slow "Now I’m Lovin You"), même si des exercices de styles académiques peuvent être réussis - "Pickin’ The Blues", un blues du Delta instrumental dominé par la guitare slide et de piano.
Même si le label s’avère incapable de mettre en avant ce second couteau, Grinderswitch signera encore un troisième album pour Capricorn : mais leur insuccès repose aussi sur ces musiciens qui, malgré un entourage prestigieux, ne parviennent pas à composer de grands titres à la mesure de leur ambition.
À écouter : "The Best I Can", "Let the South Wind Blow", "Put It All in Today"