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Critique d'album

Caligula's Horse


Charcoal Grace


(26/01/2024 - InsideOut - Metal prog - Genre : Rock)
Produit par Sam Vallen

1- The World Breathes With Me / 2- Golem / 3- Charcoal Grace I: Prey / 4- Charcoal Grace II: A World Without / 5- Charcoal Grace III: Vigil / 6- Charcoal Grace IV: Give Me Hell / 7- Sails / 8- The Stormchaser / 9- Mute
Note de 1/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Une grâce en demi-teinte"
Franck, le 09/12/2024
( mots)

L’appréciation d’un album passe parfois par différentes phases, chacune d’entre elles pouvant être ponctuée de sentiments pour le moins ambivalents : un "je t’aime, moi non plus" qui peut s’étendre sur plusieurs mois… C’est ainsi que je décrirais mon expérience avec Charcoal Grace, le dernier opus en date de Caligula’s Horse. Je me souviens avoir ressenti un vif enthousiasme au moment de sa sortie - en janvier dernier - avant de m’en détacher subitement, sans être en mesure d’en expliquer les raisons. Contre toute attente, l’album a su me rappeler à lui au fil des mois, exerçant un pouvoir d’attraction subtil et persistant, sans toutefois parvenir à me convaincre pleinement. Mais pourquoi une telle indécision ?! Charcoal Grace dispose pourtant de tous les ingrédients pour s’imposer à moi : un metal prog aux structures imprévisibles et aux riffs carnassiers, un chant nuancé capable d’insuffler une large palette d’émotions, et des élans djent qui confèrent à l’ensemble un supplément d’explosivité. 


Il faut dire que la première écoute de Charcoal Grace fait forte impression, grâce à un début d’album ambitieux et brillamment exécuté. L’introduction élégante et nuancée de "The World Breathes With Me" donne immédiatement le ton : ses arpèges délicats, tout en retenue, annoncent une montée en intensité qui se matérialise avec l’arrivée d’une batterie à la frappe lourde et de riffs transperçant la quiétude initiale. Avec ses dix minutes au compteur, ce premier titre ne se contente pas d’impressionner : il affirme une ambition pleinement assumée et témoigne du savoir-faire indiscutable des Australiens.
Avec ses élans neo-metal et ses transitions explosives, un titre comme "Golem" joue quant à lui la carte de l’efficacité, conférant à cette première moitié d’album une dynamique assez appréciable. Il s’agit surtout d’un bon moyen de préparer le terrain au gargantuesque "Charcoal Grace", dont le premier acte (sur 4 au total) s’avère en tout point délectable, grâce à son approche instrumentale expressive (évoquant par moment Altesia) et son refrain à l’accroche mélodique immédiate.


Mais alors, quel est le problème ? Si une partie de la réponse réside, de manière tout à fait subjective, dans une certaine lassitude face à des artifices récurrents du genre – accentuée par plusieurs années passées à écumer la scène metal prog – les véritables raisons de cette perplexité proviennent de défauts bien réels, qui se dévoilent progressivement au fil des écoutes.


Apportons quelques éléments de contexte : si Charcoal Grace est déjà le sixième album du combo australien formé en 2011, ce n’est qu’à partir de In Contact (2017) que le groupe parvient réellement à se faire connaitre à l’international. Bénéficiant de la visibilité prodiguée par le prestigieux label InsideOut, le groupe affine progressivement son style - adoptant une écriture plus sophistiquée tout en durcissant le ton de ses compositions -, jusqu’à forcer la comparaison avec des formations telles que TesseracT, Haken ou encore Soen. Des comparaisons plutôt flatteuses, mais qui peuvent s’avérer difficile à porter sur la durée. On pouvait espérer un début d’émancipation avec le très bon Rise Radiant (2020), c’est finalement tout l’effet inverse qui se produit avec ce nouveau cru : la prépondérance de la section rythmique évoquera grandement Soen (avec un jeu de batterie qui sonne étrangement comme celui de Martin Lopez), quand certaines structures mélodiques et textures sonores nous ramèneront inévitablement à Haken (sans parler du fait que le timbre de voix de Jim Grey se rapproche de plus en plus de celui de Ross Jennings)… Si vous êtes amateur du genre, il est clair que votre écoute de Charcoal Grace sera accompagnée d’une persistante sensation de déjà-entendu. Rien de véritablement rédhibitoire, cependant : après tout, de nombreux groupes ont su trouver leur public en marchant dans les pas de leurs modèles.


La principale faiblesse de Caligula’s Horse (et de ce disque en particulier) réside finalement dans son incapacité à égaler la sensibilité et la maestria des formations mentionnées plus tôt, le groupe de Brisbane peinant à véritablement transporter et fédérer à travers sa musique. Les parties II, III et IV du titre éponyme se parcourent en effet dans une relative indifférence, manquant de relief et de cohérence, faute de fil conducteur. De plus, le groupe n’échappe pas à une tendance devenue fréquente dans le metal prog : l’amplification excessive du spectre sonore pour donner une impression de puissance et de densité. Le résultat est une production parfois boursouflée, voire confuse, où les assauts sonores finissent par étouffer certains solos de guitare pourtant inspirés. Ce manque de finesse transparaît aussi dans certaines transitions, souvent trop abruptes, qui s’empressent d’envoyer la cavalerie lourde. Dommage, car certaines sections s’avèrent assez démentes dans leur aspect jusqu’au-boutistes…


Charcoal Grace n’en reste pas moins un bon album, offrant son lot de moments mémorables. On pense notamment à "Sails", qui séduit par ses accents pop et sa belle montée en intensité, ou encore à "The Stormchaser", redoutable dans son genre. Ce dernier se distingue par ses virevoltes rythmiques, permettant au groupe de s’aventurer sur de nouveaux territoires, avec notamment un break jazzy et un passage résolument Musesque.


En définitive, Charcoal Grace illustre à la fois le savoir-faire et les limites de Caligula’s Horse. Si le groupe démontre une maîtrise indéniable du genre et parvient à offrir plusieurs moments savoureux, il peine néanmoins à s’affranchir des comparaisons et à imposer une identité véritablement marquante. Cet album, solide sans être transcendant, trouvera certainement son public parmi les amateurs de metal prog, mais ne suffira sûrement pas à conférer une réelle stature internationale au groupe australien. Pour ma part, je garde un sentiment mitigé : entre fascination passagère et une envie tenace de voir le groupe franchir enfin un cap décisif...


 


A écouter : "The World Breathes With Me", "Charcoal Grace I : Prey", "The Stormchaser"

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