Alice Cooper
Dragontown
Produit par Bob Marlette
1- Triggerman / 2- Deeper / 3- Dragontown / 4- Sex, Death and Money / 5- Fantasy Man / 6- Somewhere in the Jungle / 7- Disgraceland / 8- Sister Sara / 9- Every Woman Has a Name / 10- I Just Wanna Be God / 11- It's Much Too Late / 12- The Sentinel
Après la trilogie oubliée des années 1980 (Special Forces – Zipper Catches Skin – Dada), Alice Cooper met au monde la trilogie amputée au début des années 2000. Celle-ci, unifiée par la direction Metal-industriel, s’achève avec son second volet, Dragontown, en 2001, rapidement enregistré après la sortie de son prédécesseur.
Toujours accompagné par Bob Marlette, Alice Cooper poursuit sa cure de jouvence industrielle dès la pochette lugubre (très Rob Zombie) et la police du titre (un peu caricaturale). Si l’ouverture sur le très bon "Triggerman" se fait un peu plus légère que les titres de Brutal Planet (avec des côtés Stranglers, on pourra aussi mettre en avant l’accélération pour le solo qui est très bien pensée), d’autres morceaux sont beaucoup plus lourds. Il en va ainsi de l’intransigeant "Deeper", de l’électronique "Sex, Death and Money", de "Sister Sara" avec ses tentatives de rap, du très moderne par bien des aspects "I Just Wanna Be Good". L’ensemble de l’album est donc parcouru par cette ligne directrice, plutôt bien menée comme sur l’éponyme "Dragontown" au refrain accrocheur et aux claviers orientaux sonnant comme Dream Theater. De plus, l’opus est peut-être un peu moins homogène que son prédécesseur (les titres sont souvent plus mélodiques, plus accrocheurs), quoiqu’il soit d’une longueur importante (douze titres, dont certains dispensables comme "The Sentinel").
Comme sur Brutal Planet, Alice Cooper a l’intelligence de mêler des éléments de son esthétique traditionnelle à sa nouvelle orientation. On peut apprécier le refrain enjoué et rock’n’roll de "Fantasy Man", le groove rockabilly avec un chant de crooner (voire calqué sur celui du King) sur "Disgraceland", le pop-song au refrain typé Beatles "It’s Much Too Late" - des titres plus recommandables que la ballade un peu mièvre "Every Woman Has a Name". Des variations qui laissent penser qu’au bout de deux albums, Alice Cooper avait un peu fait le tour du Metal industriel et qu’il devait passer à autre chose – voire retrouver son identité. Cela explique l’abandon de son projet initial en trois volumes, son Spirits Rebellous ne voyant jamais le jour (un album-concept imaginé dès les années 1990 et choisi pour clore ce triptyque).
La parenthèse Metal industriel d’Alice Cooper est loin d’être inintéressante, même pour qui n’adhère pas particulièrement à ce sous-genre. Traversée par des thématiques sombres et pessimistes (la folie, la guerre, la mort, les diableries …), elle témoigne de la capacité d’adaptation de l’artiste et dévoile une autre facette de celui-ci, de prime abord assez inattendue. Son successeur, The Eyes of Alice Cooper, regardera davantage vers le passé tout en s’acoquinant à un nouveau courant esthétique en plein essor, le punk-rock US à roulettes … A suivre.