Alice Cooper
Welcome 2 my Nightmare
Produit par Bob Ezrin
1- I Am Made Of You / 2- Caffeine / 3- The Nightmare Returns / 4- A Runaway Train / 5- Last Man On Earth / 6- The Congregation / 7- I'll Bite Your Face Off / 8- Disco Bloodbath Boogie Fever / 9- Ghouls Gone Wild / 10- Something To Remember Me By / 11- When Hell Comes Home / 12- What Baby Wants / 13- I Gotta Get Outta Here / 14- The Underture / 15- We Gotta Get Out of This Place
L’histoire du rock nous l’apprend : offrir une suite à un chef-d’œuvre n’est pas toujours une bonne idée sur le plan artistique, quand bien même cela pourrait avoir un intérêt commercial. Personne ne parlera de réussite pour Operation: Mindcrime II (2006) de Queensrÿche, surtout au regard de l’excellence du premier volet qui aurait dû rester le seul. Et nul ne considérerait que Welcome 2 my Nightmare atteint la qualité de l’album originel qui, en 1975, avait posé un acte fondateur : il marquait le passage d’Alice Cooper en tant que groupe à un projet solo de Vincent Furnier où le personnage devenait son avatar. De plus, il s’agissait d’un chef-d’œuvre inclassable, très diversifié, théâtral et rempli de tubes.
Depuis qu’Alice Cooper est sorti de sa phase Metal indus’, disons depuis le début du XXIème siècle, celui-ci pratique un retour aux sources en composant comme dans les 1970’s avec une production et quelques touches plus modernes. Revisiter cet album culte s’inscrit donc bien dans cette démarche et on retrouve ce mélange de nostalgie et de modernité au fil des morceaux … Plus encore, Welcome 2 my Nightmare marque le retour aux affaires de Bob Ezrin à la production, ainsi que des musiciens historiques du groupe ou des compagnons de route aguerris (Bruce, Smith, Wagner, Dunaway, Hunter) – ça, c’est pour le passé ; quant au goût du jour, on note des invités parfois attendus (Rob Zombie), parfois surprenants (Kesha).
Alors au-delà du nom et de la pochette, y’a-t-il vraiment un lien esthétique avec Welcome to My Nightmare ? On retrouve à plusieurs reprises des thèmes présents sur l’opus originel : l’introduction au piano d’"I Am Made Of You", un titre par ailleurs gâché par un effet de mauvais goût sur la voix et des mélodies radiophoniques peu convaincantes, le pont "The Nightmare Returns" et enfin l’épilogue orchestral (sans grand intérêt) "The Underture" qui revisite plus largement cet album. On pourrait évoquer les aspérités cabaret de "Last Man On Earth" comme "When Hell Comes Home" dans un tout autre registre.
Alice Cooper assume toujours un certain décalage, non sans humour semble-t-il, mais on peine à entrer dans son jeu sur "Disco Bloodbath Boogie Fever", un disco-rap chanté par les chœurs de l’Armée rouge, ou pire encore, sur "What Baby Wants" qui mélange le rock avec le pire de la pop américaine de Kesha. Il en va de même de la bêtise de "Ghouls Gone Wild" dans un registre soft-punk californien (aux côtés Beach Boys ou Au Bonheur des Dames pour user d’une référence française à propos)
Il n’en reste pas moins que certains titres se révèlent assez efficaces : "Caffeine", qui se situe justement entre deux époques, le très 1970’s un peu stonien "I’ll Bite Your Face Off", qui possède un bon refrain entêtant, ou "The Congregation", Heavy et doté de beaux passage de guitare. Mais il y a tout autant de morceaux convenus du type des titres southern-rock "A Runaway Train" (très country) et "I Gotta Get Outta Here" (mêlé à un refrain à la manière des Beach Boys), ou le slow à la Bowie "Something To Remember Me By".
Album plutôt moyen, loin d’être à la hauteur de l’œuvre à laquelle il fait référence, Welcome 2 my Nightmare est la production la plus faible d’Alice Cooper au cours du XXIème siècle : après sa sortie, l’artiste connaîtra plusieurs années de silence discographique, preuve peut-être d'un manque d'inspiration.
À écouter : "Caffeine", "I’ll Bite Your Face Off"