Balthazar
Sand Castle Tapes
Produit par
1- On A Roll / 1- Powerless / 1- Jam 1 / 1- Moment / 1- You Won't Come Around / 1- Linger On / 1- Jam 2 / 1- Losers / 1- Halfway / 1- I Want You
Cela ne fait désormais plus guère de secrets, mais une bonne partie de la rédaction est très sensible aux charmes groovy et chaloupés de la troupe formée par les 5 musiciens de Balthazar. Nous avions encensé Fever (album qui continue de beaucoup tourner par ici), nous avions été séduits par Sand, dernier disque studio en date, le groupe à eu droit à son Top 10 et pour ma part, ma campagne de lobbying pour faire adopter Ha Ha Heartbreak comme album de l’année bat son plein (pensez d’ailleurs à apporter votre contribution ici).
Et il faut bien le dire, ce Sand Castle Tapes était un peu passé sous nos radars. Jusqu’à ce début d’année 2023, où le groupe fait la promotion de la version vidéo, nouvellement disponible sur Netflix. Alors en quoi consiste concrètement cette oeuvre à la chronologie bizarre ? Pour faire simple, il s’agit d’une réinterprétation « live » de plusieurs morceaux issus de Sand. Un concert en somme ? Pas tout à fait. Parlons plutôt de prestation filmée, et sans spectateurs. Mais connaissant le goût pour l’esthétisme impeccable du groupe flamand, la captation se fait dans un chateau cossu de la banlieue de Bruxelles.
Le disque, et le documentaire, s’ouvrent sur "On A Roll" qui marque d’emblée par la classe et le charme incommensurable du piano-voix de Jinter Deprez, rejoint par les splendides choeurs harmonisés et en falsetto de ses camarades sur un refrain qui fait désormais office de classique tant il s’imprègne durablement et délicatement (et continue de tournoyer dans ma tête à l’heure où sortent ces lignes). Une gifle émotionnelle certaine ; là où sur la version studio, le morceau apparaissait au mieux, comme un bon titre. Et c’est en cela toute la force de ces dix réinterprétations : elles subliment les versions de Sand, sans ne jamais les dénaturer. Le groove rond et suave propre aux Belges est toujours bien là, mais se voit rehaussé d’une énergie toute en velours, clinquante et rutilante, tirant davantage vers la Soul feutrée que l’indie-rock, on pense à "I Want You" et ses cuivres carnassiers, à "Powerless" et ses refrains rugissants accompagnant magnifiquement la voix de crooner de Maarten Devoldere. La "set-list" (si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi) est très équilibrée entre morceaux plus enlevés, "Moment" et son atmosphère tropicale, le toujours génial "Losers" et ses bends de guitare aguicheurs, "Halfway" et ses couplets aux faux airs de "Miss You", et chansons plus mélancoliques, "You Won’t come Around" en tête.
On ne saurait que vous conseiller la version vidéo sur Netflix, tant elle contribue à la dimension classieuse de leur musique. Alors certes, Balthazar n’est pas Black Sabbath hein, et il ne faut pas attendre de leur part une quelconque fantaisie ou extravagance. Les musiciens échangent peu entre eux (quatre phrases en tout doivent être prononcées au bas mot) et semblent sourire quand ils se brûlent (l’attitude flamande me glisse t-on dans l’oreillette) mais là n’est pas le plus important. Visuellement, les 52 minutes sont ultra soignées, ce dont on ne doutait de toute façon pas. Une caméra qui tourne autour des musiciens, un décor splendide, d’une élégance folle et surtout une photo très seventies, qui donnent des images magnifiques, authentiques, simples et qui ne font que renforcer notre admiration sincère pour ce groupe dont on ne parle décidément pas suffisamment.
Vivement la suite, qu’elle soit discographique, ou scénique.
À écouter : "On A Roll", "Powerless", "Losers"