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Critique d'album

Blonde Redhead


Barragán


(01/09/2014 - PIAS - noisy rock - Genre : Rock)
Produit par

1- Barragán / 2- Lady M / 3- Dripping / 4- Cat On Tin Roof / 5- The One I Love / 6- No More Honey / 7- Mind To Be Had / 8- Defeatist Anthem / 9- Penultimo / 10- Seven Two
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Mou, mou, beau et mou. "
Kevin, le 01/09/2014
( mots)

Histoire de changer, Blonde Redhead déroute. Quatre ans après le minimalisme élégant de Penny Sparkle, sept ans après le shoegaze psychédélique de 23, le groupe a encore pris tout son monde à contre-pied. Parce qu'à chercher la sève de ce Barragán, il serait bien aisé de se paumer. Leur neuvième album est une étrange collection de matière brute et de vapeurs oisives, d'inspirations lentes et de nonchalance absolue. Et le plus fort là-dedans, c'est que les écoutes répétées ont davantage tendance à appuyer cette désorientation qu'à la dissiper. Sans doute l'effet Kazu Makino, la toujours magique chanteuse japonaise, qui, entre feulements et coups de griffe, produit du flou dès qu'elle marmonne. Son timbre voilé siffle et confère cet aspect étrange à une musique, qui, pour une fois, ne l'est peut-être pas tant que ça.

Bon, si rien n'est jamais tout-à-fait classique avec ces bougres-là, Barragán nous offre tout de même de nombreuses pièces pop ou dream pop sans facétie d'envergure. Des entrelacs de guitares et clavecins de "The One I Love" au japonisant "Penultimo", Blonde Redhead tape dans ses réserves sans trop se fouler, des morceaux réussis mais qui n'exaltent en rien leurs qualités de sorciers-compositeurs. C'est encore le cas sur un "Lady M" au rythme chaloupé ou un "Defeatist Anthem" visqueux au premier abord et acide en fond de bouche. Tout l'album se joue en fait sur un rythme bizarre, étonnamment mou, comme alangui par les fortes chaleurs de l'été. Plus qu'une mollesse, une véritable ode à leur indolence légendaire, presque lascive qui étreint et contraint les dix morceaux de l'album. Soumis à une lourde sieste forcée, ils bullent et ronronnent, entassés les uns contre les autres dans un amas informe d'amour et de paresse.

On peut bien relever quelques réveils, vagues fulgurances de dortoir. Au premier rang desquelles le riff dévastateur (mou, s'entend, mais dévastateur) de "No More Honey". Quelque part entre les œuvres de Kévin Shields et Thurston Moore, il rend excitant la plage la plus languissante, la plus lymphatique que Blonde Redhead ait produit en une décennie. Au beau milieu des ronflements de Kazu, il plaque lourd comme un bœuf ivre un semblant de vie à un maillage distendu de brumes et de brouillards. Et que dire de "Dripping", disco distordu, boursouflé, ralenti au-delà de la limite à tel point qu'il en devient capiteux, poisseux et contre toute attente, galvanisant. Toute la science du rythme des jumeaux Pace (le chanteur-guitariste et le batteur) est résumée ici : une apparente lenteur, une simplicité de façade, un chanteur sournois et juste quelques étoiles filantes pour épicer le tout. S'en extirpe un morceau brillant de ses ombres, l'hymne idéal pour les fatigués du bout de la nuit qui veulent achever leurs corps dans la torpeur. Puis il y a "Mind To Be Had", course contre le temps perdue d'avance, neuf minutes ou presque d'errements toniques, de rêveries montées sur une basse trop énervée pour laisser l'ambiance se poser. Ni bon ni mauvais, pas chiant mais presque, le morceau est un espèce de contre-jour, d'exercice de style dont on ne sait pas vraiment ce qu'il tend à démontrer. Sans doute rien, d'ailleurs, le fait est qu'au bout de neuf minutes il est bien difficile de retenir quoique ce soit de ce titre tant il semble cultiver le flou et refouler le reste.

Barragán est donc le nouveau masque de ces tarés de Blonde Redhead. Sans être aventureux ni véritablement expérimental, sans être même vraiment audacieux dans ses compositions, il s'avère au moins aussi bizarre que ses précécésseurs. La faute à son dilettantisme poussé à l'extrême et son cruel (mais délicieux) manque de chair. L'album s'achève d'ailleurs sur un "Seven Two" à mille lieux sous les mers, où Amedeo Pace et Kazu se répondent dans des échos sous-marins totalement insubstantiels. On en vient à se demander s'il reste de l'émotion là-dedans tant cette forme d'onirisme mou semble les avoir vidé de tout. Encore que, de tout sauf de leur talent. Parce qu'à la toute fin de l'album, vous êtes encore là à vous demander ce qu'il s'est passé, et pourquoi c'était si court. 

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