Fields
Fields
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1- Elysian Fields / 2- Bide My Time / 3- Take You Home / 4- Jump On You / 5- Sun Would Set / 6- Love Is The Word
Empêtré dans un contrat inique avec son label, Rare Bird subit la désertion du claviériste Graham Field, qui fonde une nouvelle formation avec Andrew McCulloch à la batterie (sur les conseils de Robert Fripp qui avait joué avec lui sur Islands) et Alan Barry à la basse. En signant chez le prestigieux CBS, ils parviennent à obtenir des ventes assez nombreuses et tournent à l’international : un succès honorable mais très court, puisqu’un seul album ne sortit de cette formation. En effet, ironie du sort, c’est encore à cause du label que la formation met fin à son existence : suite à un changement de direction, il ne veut plus soutenir les groupes à tendances progressives – dont Fields, moins à même de séduire le public américain (jugement un peu étonnant quand on regarde le succès d’ELP ou Jethro Tull outre-Atlantique …).
Graham Field considère cet album comme le troisième opus de Rare Bird qui ne dirait pas son nom. On ne peut qu’abonder en son sens à partir d’une particularité esthétique essentielle et commune aux deux groupes : la forte présence des claviers, quoiqu’il n’y ait qu’un seul organiste chez Fields. Cela explique aussi la pochette et son aigle finissant sa partie de chasse.
Prog’ oblige, l’inspiration classique est très importante ici. L’écriture fuguée et la démonstration de vélocité sur "A Friend of Mine"» font écho aux citations de Pachelbel sur l’excellent "The Eagle" (avec de très bons passages épiques de guitare). Evidemment, il faut s’habituer aux sonorités des claviers analogiques des 1970’s, type mellotron. Par contre, on demeure sur des titres relativement concis, les six minutes sont à peine atteintes par "Over and over again", un bon titre aux claviers agressifs, qui témoigne des talents de Graham Field.
Il y a tout de même des titres parfois franchement laborieux, pour ne pas dire soporifiques, comme c’était le cas chez Rare Bird : l’interminable "Slow Suzan", "Not so Good" (le bien nommé), "Feeling Free" (style Beatles) … Graham Field recherchait peut-être à reproduire le succès de "Sympathy", en vain. C’est regrettable puisque ces titres très moyens côtoient des petites pépites. On peut ainsi évoquer un coup de cœur pour "Three Minstrels" aux allures de Gryphon, avec ses éléments médiévaux reproduits par les sons des claviers et la percussion.
Fields ne produit donc qu’un seul album jusqu’à son retour inattendu en 2015. Graham Field demeura dans l’ombre par la suite, tandis que McCulloch rejoignit Greenslade, groupe dont la musique ressemble étrangement à celle de Fields (alors que le claviériste, là aussi leader, n’est pas le même). Sans être incontournable, Fields comporte quelques pièces intéressantes qui méritent d’être écoutées.