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Critique d'album

Gazpacho


March Of Ghosts


(12/03/2012 - Kscope - Néo prog moderne - Genre : Rock)
Produit par

1- Monument / 2- Hell Freezes Over I / 3- Hell Freezes Over II / 4- Black Lily / 5- Gold Star / 6- Hell Freezes Over III / 7- Mary Celeste / 8- What Did I Do? / 9- Golem / 10- The Dumb / 11- Hell Freezes Over IV
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Les champions du neo prog 2000 gardent une forme olympienne"
Nicolas, le 16/04/2012
( mots)

Avouez que, comme nom de scène, on a déjà vu plus excitant. Gazpacho, ou soupe froide de légumes crus. Mouais. Ceci dit, il est de bon ton de ne pas toujours se fier aux apparences, notamment lorsque l’on sait que les norvégiens ont réussi à placer deux de leurs albums à la première place du top annuel d’un site comme Amarokprog. Or l’heure n’était pas encore venue de vous parler de Gazpacho sur Albumrock, du moins jusqu’à ce March Of Ghosts, et ceci pour deux raisons : la première est que leur précédent opus, Missa Atropos, s’était révélé un bon cran en retrait par rapport à leurs travaux antérieurs, et la seconde est qu’il n’est pas forcément évident d’amener les lecteurs d’un webzine rock généraliste à écouter du néo-progressif.

Oui oui, du néo-prog, le même style que Marillion, Pendragon et consorts, du bon vieux rock épique, exaltant et émotif, avec de grands refrains vibrants, des solo qui irradient de mille feu et une fibre guerrière qui fait resurgir les grandes légendes arthuriennes. Vous savez, ce vieux machin qui intéressait trois péquins dans les années 80 et la moitié d’un dans les années 90, un genre aujourd’hui en état de mort clinique si on omet le renouvellement autarcique de quelques pontes via l’autoproduction et internet. Affirmer que la descendance du néo-prog apparaît famélique relève du lieu commun le plus trivial, et pourtant, et pourtant... à la surprise générale se sont dressés dans les années 2000 ces talentueux norvégiens emmenés par le bouillant Jan-Henrik Ohme. Ils sont parvenus à renouveler brillamment le genre en y injectant leur fibre pop nordique et l’omniprésente influence des grands acteurs prog modernes. Le reste ressemble beaucoup à nombre de success stories du milieu : signature sur un petit label, marketing viral via internet et MySpace, interpellation des quelques médias spécialisés dans le domaine, quelques premières parties de prestige (dont Marillion, comme par hasard) et au final récupération intéressée via LE label prog qui monte, Kscope. Et c’est ainsi qu’apparaît la première vraie réalisation de Gazpacho au sein de l’écurie de Steven Wilson (Missa Atropos y ayant été simplement réédité l’an passé), et si jusqu’à maintenant les six norvégiens devaient concilier leur passion musicale avec un travail "sérieux" à plein temps, cela pourrait franchement s’emballer pour eux dans les mois à venir.

On y retrouve en effet la fibre lyrique des meilleurs albums de Gazpacho (Night et Tick Tock, pour ne pas les citer), un retour appréciable aux instrumentations plus organiques comme les violons, violoncelles et flûtes, mais aussi et surtout une production devenue extrêmement solide, et c’est d’ailleurs ce qui marque positivement la différence entre ce septième album et les précédents. Pour le reste, March Of Ghosts délaisse l’éclatement de Missa Atropos pour recentrer sa thématique-concept sur des idées mélodiques qui se répètent régulièrement tout au long du disque, brassant ainsi nombre de souvenirs de ces fantômes du passé qui confient leurs tourments à l’auditeur. L’approche stylistique de Gazpacho en découragera beaucoup, et on peut aisément le comprendre : la musique du groupe s’avère volontairement lancinante et d’une structure rythmique très simple créant la redondance obligée pour coller à une ambiance unie, les thèmes mélodiques fuient l’immédiateté du tube pour privilégier les mélopées enveloppantes, et l’uniformité des échelles de son crée une sensation de redite nonchalante. Il est clair qu’il faut passer le cap de l’appropriation, car au bout de quelques écoutes attentives, l’alchimie créée par les norvégiens se révèle étonnamment addictive. On se retrouve suspendu à la voix souple et ampoulée de Jan-Henrik Ohme, un chanteur qui mêle (et c’est rare) sensibilité et intelligence tel un Matthew Bellamy qui aurait le talent de toujours s’arrêter avant de créer la crispation, on se laisse flotter parmi les guitares guerrières et les charges de uilleen-pipe et de thin whistle qui confèrent à l’album une fibre irlandaise très marquée, on retient son souffle devant les boucles électriques entêtantes de "Hell Freezes Over I", l’affectation vocale de "Mary Celeste" ou les choeurs fantomatiques de "What Did I Do?", avant d’aboutir au climax du disque sous la forme de morceaux tendus et anxiogènes ("Golem" et sa rythmique tribale, "Hell Freezes Over IV" et son héroïsme triomphant), sans oublier que l’attaque du disque se révèle irréprochable en culminant sur le sublime "Hell Freezes Over II", pur condensé de ce que Gazpacho peut délivrer de meilleur en terme de charge émotive.

Soyons clairs : les norvégiens opèrent un combat d’arrière-garde et ne feront jamais, jamais la une du NME. Ce groupe est peut-être l’ultime phénix d’un neo-prog réputé ultra-daté, mais un groupe qui démontre pourtant que, remis au goût du jour et porté par suffisamment de talent, le genre peut encore se révéler passionnant. Face au paysage rock mainstream moribond de ce début de décennie - il n’y a qu’à regarder les affiches des festivals de cet été pour développer des idées suicidaires - il n’est pas forcément inutile d’aller explorer d’autres niches qui, elles, affichent une santé insolente. Et si ce credo vous plaît, vous avez de quoi vous réjouir car Gazpacho est un groupe qui possède une productivité sidérante : sept albums en neuf ans, qui dit mieux ? D’ailleurs, compte tenu de la cinétique actuelle de la formation, il ne serait pas surprenant que leur meilleur soit encore à venir...

 

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