↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Gong


Radio Gnome Invisible Part 1: Flying Teapot


(15/05/1973 - Virgin - Space Rock Progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- Radio Gnome Invisible / 2- Flying Teapot / 3- The Pot Head Pixies / 4- The Octave Doctors And The Crystal Machine / 5- Zero The Hero And The Witch's Spell / 6- Witch's Song, I Am Your Pussy
Note de 4.5/5
Vous aussi, notez cet album ! (6 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Tu veux une tasse de thé ? ... Une tasse de thé ?"
François, le 10/06/2023
( mots)

Si la musique est un voyage sonore autant qu’une invitation à l’évasion psychique, les années 1970 avaient pour ambition d’envoyer les mélomanes vers des horizons lointains, qu’on demeure en apesanteur au milieu de l’univers avec le space-rock d’Hawkwind, ou qu’on visite de nouvelles planètes comme Kobaïa ou la Planète Gong. Celle-ci envoya ses représentants sur Terre à bord d’une théière volante, hommage à l’expérience de pensée du philosophe Bertrand Russell. Doit-on croire qu’une théière tourne en orbite autour de la Terre parce qu’il est impossible de démontrer le contraire ? Remplacez la théière par dieu : c’est donc au croyant, et non au sceptique, qu’incombe la charge de la preuve. Alors qu’en est-il de l’existence de la Radio Gnome Invisible dont la fréquence n’est accessible qu'aux humains dotés de certaines capacités télépathiques ?


Ces ondes nous furent transmises depuis Paris où un groupe plurinational, Gong, retranscrivait le message extra-terrestre en musique. Les soixante-huitards étaient en effet menés par l’Australien Daevid Allien qui s’était entouré de musiciens français et anglais, mais tous ici incarnent des personnages plus farfelus les uns que les autres au sein de la trilogie Radio Gnome Invisible dont Flying Teapot est le premier acte. Daevid Allen est le Captain Capricorn Dingo Virgin, le claviériste Tim Blake est Hi.T.Moonweed, Didier Malherbe, brillant saxophoniste, est Bloomdido Bad de Grass, et la compagne d’Allen, Gilli Smyth, est Shakti Yoni. Même Francis Bacon est de la partie à la basse et au piano (Francis Moze, de Magma) et l’ensemble des instruments a été renommé pour coller à l’univers : une guitare sidérale concurrence la spermguitar de Steve Hillage, et les synthés de Tim Blake composent la crystal machine (qui donnera en 1977 son nom au premier album solo de ce fondateur de la musique électronique).


L’univers déployé se situe donc dans l’héritage dadaïste, surréaliste et même situationniste, de même que le récit qui narre la rencontre de Zero the Hero, "notre véritable héro au sein de la gongographie", avec Pussy, est décrite avec bon goût comme "a luscious bird & cock teasing women’s lib kitten" (pour les non-anglophones, il faut chercher du côté du double-sens des mots "pussy" et "cock"). Les personnages fantaisistes et les jeux de mots sont pléthoriques : si le "pot" des pothead pixies (ou lutins à tête de pot) fait référence aux flying teapots qui leur servent de véhicules, "pothead" qualifie en argot un gros fumeur de cannabis - ce que les yeux en spirales des lutins semblent bien indiquer. Tout cela apporte à l’œuvre une dimension pataphysique, qu’évoquent d’ailleurs les illustrations du livret, proches de celle d’Alfred Jarry pour Ubu Roi, et qui explique le lien avec l’École de Canterbury. Celui-ci est avant tout humain (Daevid Allen était membre de la première version de Soft Machine, Steve Hillage vient de Khan) mais également esthétique puisque Gong se situe à mi-chemin entre le space-rock, et le jazz-rock teinté de folie et d’humour canterburiens.


En témoigne l’excellente ouverture "Radio Gnome Invisible", aux vibrations de lèvres autrefois utilisées par l’École de Canterbury, au contraste entre les montées solennelles et le chant ou les parties volontairement plus légères, entre divagations orientales et voix bordelliques. Dans le même état esprit, on trouvera le jazz-rock décalé et théâtral de "The Pot Head Pixies" ou "Witch’s Song, I Am Your Pussy", à la fois érotique et cartoonesque.


Depuis Canterbury, Gong décolle vers des contrées sidérales : le court "The Octave Doctors and the Crystal Machine" bénéficie du travail de Tim Blake aux claviers qui s’adonne aux sonorités typiques de la musique électronique de l’époque. Les Octaves Doctors font référence aux entités extraterrestres qui étaient entrées en contact avec Daevid Allen depuis 1966 pour lui apporter l’amour intense et l’inspiration … Le morceau sert d’introduction au long "Zero the Hero & the Witch’s Spell", titre planant, space-rock et parfois bruitiste, relevé par une rythmique tribale. On lui préférera son homologue "Flying Teapot" qui allie les registres planant et jazzy, et surtout, parvient à proposer, malgré l’accent mis sur la répétitivité (nappes atmosphériques, basse et batterie funky, chant comme un mantra), un titre complexe et riche (variations mélodiques, interventions éparses du saxophone tantôt jazz tantôt orientales, final expérimental sur le final).


C’est brillant et c’est ainsi qu’est annoncée une trilogie abracadabrantesque dont chaque épisode se montrera aussi inventif : difficile de ne pas rester coi quand on sait qu'il s'agit de la deuxième publication de chez Virgin qui avait choisi à dessein ce type d'œuvres pour se lancer (après Tubular Bells enregistré au même moment et au même endroit). Comme une parodie de parousie, l’album annonce aussi le retour des pothead pixies en 2032 pour offrir à la Terre une nouvelle ère de joie. Le rendez-vous est pris.


À écouter : "Radio Gnome Invisible", "Flying Teapot"

Si vous aimez Radio Gnome Invisible Part 1: Flying Teapot, vous aimerez ...
Commentaires
FrancoisAR, le 10/06/2023 à 12:46
Merci pour le retour ! Je vais ajouter la basse en effet, mais il est crédité au piano également sur cet album même si ce n’est pas son poste principal
DjangoNero, le 10/06/2023 à 12:38
Francis Moze... aux claviers ?! A part ça, belle chronique pour la "part one" d'une trilogie séminale de la space fusion.