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Critique d'album

Green Day


21st Century Breakdown


(15/05/2009 - Reprise Records/Warner Music - Punk Rock - Genre : Ska / Punk)
Produit par

1- Song Of The Century / 2- 21st Century Breakdown / 3- Know Your Enemy / 4- ¡Viva la Gloria! / 5- Before The Lobotomy / 6- Christian's Inferno / 7- Last Night On Earth / 8- East Jesus Nowhere / 9- Peacemaker / 10- Last Of The American Girls / 11- Murder City / 12- ¿Viva la Gloria? (Little Girl) / 13- Restless Heart Syndrome / 13- Mass Hysteria / 14- Horeshoes And Handgrenades / 15- The Static Age / 16- 21 Guns / 17- Modern World / 18- See The Light
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Malgré une inspiration stagnante, Green Day excelle dans les grenades punk-pop"
Maxime, le 11/08/2009
( mots)

On sait bien que l’argument utilisé originellement pour Elvis Presley est un peu spécieux. Mais quand même. Des millions de kids partout sur la planète ne peuvent avoir totalement tort. Voir une formation consacrée par deux générations d’affilée montre bien que Green Day n’est pas qu’un vulgaire groupe de carton pâte dont le boulot principal aurait été de brader le punk devant MTV et de préparer le terrain aux ignobles Sum 41 et Good Charlotte, que Billie Joe Armstrong n’est pas qu’un simple crétin roublard mais qu’il a réussi à écrire quelques chansons qui, plus de dix ans après leur première mise sur orbite, marquent encore les esprits. Le succès terrible d’American Idiot (2004), qui avait balayé les pénibles travaux d’une armée de clones illégitimes, n’avait été en ce sens que justice. C’est dire si l’on accueillait cette huitième réalisation studio avec la meilleure bienveillance du monde.

Pourtant, pour un groupe qui a toujours su se réinventer à chaque disque, Green Day semble être resté bloqué cinq ans en arrière. Persister à se teindre les cheveux en noir et se mettre du mascara comme le dernier emo kid pré-pubère est un peu pathétique quand on approche dangereusement de la quarantaine. Mais c’est surtout cette volonté de rejouer le combat de la contestation politique qui laisse le plus perplexe. Si American Idiot, sorti peu de temps après la réélection de George W Bush, tombait pile poil pour exprimer l’exaspération d’une certaine frange de l’Amérique face à une administration obscurantiste et bornée, on se demande bien si tout le décorum insurrectionnel brandi par la pochette du nouvel album, avec ses graffitis eighties très moches, ne tombe pas à plat. Avec Obama à sa tête, les Etats-Unis semblent tenter d’envisager l’avenir de façon positive et constructive, et même si la crise financière apparaît comme le terreau propice d’une éventuelle révolution, le climat actuel reste plutôt à l’expectative qu’au montage de barricades. Le trio de Berkeley semble moins en phase avec son époque qu’auparavant.

Cette surenchère politique trouve une logique traduction dans le projet musical de cet album. Plus long que son prédécesseur, 21st Century Breakdown rejoue lui aussi la carte de l’opéra punk. En termes clashiens, American Idiot serait le London Calling de Green Day, et son successeur son Sandinista ! Mais à observer ces 18 plages réparties en trois actes, à écouter l’introduction un peu anecdotique et poussiéreuse comme le vestige d'un vieux morceau de blues oublié récupéré après une holocauste nucléaire, tout comme les premières notes de piano qui lancent le morceau titre, on se dit qu’il faudrait plutôt jouer les comparaisons avec les Who. Billie Joe fait songer à un Pete Townshed incapable de retrouver l’innovation d’un Tommy, résigné à radoter ses concepts éventés sur Quadrophenia. Car le groupe entérine ici une bonne fois pour toutes sa mue power-pop entamée au moins depuis Nimrod (1997). Les titres excèdent le format punk-pop de 2 minutes 30, les tempos ont pour la plupart ralenti, Armstrong a délaissé sa Fernandez Stratocaster pour lui préférer les guitares Gibson branchées sur de bons gros amplis Marshall. Quelques coups de sangs demeurent, mais comme échos parasitaires, revenant presque comme des gestes pavloviens. Pour le coup, on nous contestera moins la patente proximité que le groupe entretient aujourd’hui avec Weezer. On y retrouve le même romantisme suranné frotté aux guitares abrasives, le même sens de la grandiloquence. "21 Guns" est une sorte de "Beverly Hills" transmuté en power ballad lacrymale. A ce titre, ce n’est pas un hasard si Green Day a cessé sa collaboration de plus de 15 ans avec Rob Cavallo pour lui préférer les bons soins de Butch Vig. On sent le trio avide de retrouver la formule teenage rock définitive perdue depuis Nevermind en louant les services du même producteur.

Concourir dans la catégorie de la power-pop épique, même si on se fiche un peu des pérégrinations des deux protagonistes principaux (Christian et Gloria) dans l’Amérique du nouveau millénaire, pourquoi pas, après tout Green Day a les reins suffisamment solides pour se coller à pareil exercice. Le problème, c’est que les chansons sont pour la plupart qualitativement en deçà de ce qu'il propose habituellement. Le single "Know Your Enemy" annonçait déjà cette tendance : du Green Day basique, dont seul l’amusant solo (assez inhabituel chez eux) se démarquait de l’ordinaire. Pour le reste, le trio n’innove ni dans la forme (la recherche de formats nouveaux comme les chansons à tiroir qui faisaient l’originalité d’American Idiot manquent ici), ni dans le fond, qui accuse une relative stagnation dans le songwriting. Reste un recueil de morceaux enchaînant échappées fougueuses et balades mélancoliques avec plus ou moins de bonheur. Etalée sur plus d’une heure, cette alternance tourne à une routine qui, malgré un certain souffle, s’avère finalement beaucoup moins variée et intense que ce que proposait le mal-aimé Nimrod. On y trouve ainsi des embardées punk accusant un relatif embonpoint ("Christian’s Inferno", "Murder City", "Horeshoes And Handgrenades"), des mid-tempos de seconde zone ("Restless Heart Syndrome") et pour faire le liant une poignée d’envolées héroïques qui ne trouvent leur salut que par les grâces d’une production tonitruante et d’une batterie de cordes impersonnelles ("21st Century Breakdown", "Before The Lobotomy", "See The Light"). Autant de registres dans lesquels le power trio s’est exprimé en mieux dans le passé, aussi bien sur le plan de l’urgence (tout Insomniac), de la science pop ("Good Riddance", "Macy’s Day Parade", "Boulevard Of Broken Dreams") que de l’invention ("Jesus Of Suburbia", "Homecoming"). On voit mal ces nouvelles compositions avoir l’envergure de futurs classiques.

Bien entendu, s’il semble ici en panne sèche, Billie Joe Armstrong n’a pas perdu son talent du jour au lendemain. Disséminées dans le tracklisting, quelques franches réussites relancent constamment l’écoute du disque : "Peacemaker" et "Viva La Gloria (Little Girl)" exhument avec bonheur les ambiances folk de Warning, le groupe se coule à merveille dans les climats plus éthérés de "Last Night On Earth" et trousse d’impeccables brûlots aussi mélodiques qu’ardents ("The Static Age", "Last Of The American Girls"). Peut-être aurait-il fallu freiner dans la grandiloquence pour lui préférer un disque plus sobre et ramassé. Changeons alors de focale : si, ramené au répertoire de Green Day, 21st Century Breakdown est un disque mineur, pris isolément, il fait figure de véritable bombe de destruction massive. Qui, dans cette époque médiocre, peut proposer aux ados un disque d’une telle efficacité et d’une telle densité ? Voilà 70 minutes que l’on écoute avec un plaisir mou mais constant, sans trop décrocher. Quel groupe en activité depuis plus de 20 ans peut prétendre faire autant ? Sorti idéalement pour l’été, l’album risque de faire des ravages dans les rangs des teenagers (on prévoit un pic d’émois estivaux au son de "21 Guns") et c’est bien mérité, tant le trio admoneste un compromis parfait entre énergie et mélancolie, quelque part entre les Buzzcoks, Cheap Trick et, il faut bien l’admettre aujourd’hui même si ça déchire les tripes, U2. On imagine d’ici la tournure que cela va prendre sur scène, les saxos tonitruants, les feux d’artifices et les confettis, les chorégraphies et les flonflons. Reste qu’on constate avec douleur que c’est lorsque la multitude cessait de braquer ses oreilles sur lui que Green Day a été à son meilleur (d’Insomniac à Warning grosso modo). Il goûte aujourd’hui l’ivresse d’un succès qui n’aurait jamais dû le quitter et fait tout pour le conserver, comment lui en vouloir ? On attendra malgré tout que les gradins des stades se vident un peu pour se remettre à fréquenter les californiens plus assidûment.

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