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Critique d'album

Green Day


American Idiot


(21/09/2004 - Reprise Records/Warner - Punk Rock - Genre : Ska / Punk)
Produit par

1- American Idiot / 2- Jesus of Suburbia / 3- Holiday / 4- Boulevard of Broken Dreams / 5- Are We the Waiting / 6- St. Jimmy / 7- Give Me Novacaine / 8- She's a Rebel / 9- Extraordinary Girl / 10- Letterbomb / 11- Wake Me Up When September Ends / 12- Homecoming / 13- Whatsername
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"L'album emblématique du pop punk des années 2000."
Nicolas, le 13/01/2011
( mots)

Autant Billie Joe Armstrong et ses deux sbires pouvaient remercier feu Kurt Cobain de s'être donné la mort peu avant la sortie de Dookie, autant ils peuvent rendre grâce aux divinités de leur avoir fourni le crétinisme politique de George W Bush, terreau socio-culturel idéal pour transformer American Idiot en un franc succès populaire. Soit dit en passant, le triomphe de cet album dans les charts confine effectivement au miracle, surtout quand on fait un travelling arrière sur la carrière de ce bon vieux power trio pop punk. Porté aux nues par la génération MTV post-grunge au milieu des nineties, puis lâchement abandonné par ceux qui avaient façonné son succès, et enfin trainé dans la boue par les hordes d'irréductibles du punk-rock californien pour s'être parjuré au sein d'une major, Green Day en a vraiment vu des vertes et des pas mûres pendant presque dix ans. Cela aurait pu se comprendre si les trois hommes s'étaient fendus de mauvais albums, mais même pas : les Insomniac, Nimrod et autres Warning n'avaient certainement pas à rougir face à la production rock de l'époque, d'autant moins devant les émoluments tout juste passables de The Offspring, les voisins punky de Garden Grove, qui eux ont continué à engranger les dollars avec une insolente facilité.

Alors comment expliquer ce come back inespéré du jour vert ? Par deux angles d'attaques. Le premier tient donc, on l'a vu plus haut, au contexte politique de l'Oncle Sam après l'effondrement des Twin Towers. Engluée dans la politique intérieure maladroite (pour ne pas dire inique) de Bush, l'Amérique a vu se renforcer en son sein un mouvement démocrate à la fois populaire et culturel qui s'est fait fort de flatter le sentiment d'oppression vécu par la jeunesse yankee post 11 septembre. Et forcément, dans cette période agitée sur le plan social, un album concept retraçant les pérégrinations d'un adolescent (Jesus, sic) en proie à la drogue et à la dépravation et tentant de survivre avec dignité aux USA en dépit d'un gouvernement érigé au rang d'oppresseur, ne pouvait que rencontrer un écho favorable. Car si les Offspring ont toujours su délivrer régulièrement quelques tubes bien sentis, ils n'ont jamais vraiment brillé par la qualité de leur songwriting, ce qui n'est pas le cas de Billie Joe Armstrong. American Idiot reste malgré tout bien gentillet et surtout assez simpliste dans sa critique politique et sociale, mais il n'en a pas fallu plus pour que les jeunes ricains ouvrent de nouveau leur cœur au trio de Berkeley.

Deuxième angle : encore fallait-il que l'album se révéla bon, et ce fut bien le cas. Reprenant une formule power pop étrennée avec Nimrod tout en gardant un fond punk-rock délivré ventre à terre au moyen des riffs cocaïnés d'Armstrong et d'un arrosage de mitraillettes en règle médié par l'excellente paire rythmique Mike Dirnt - Tré Cool (ce nom, je vous jure), American Idiot s'avère difficilement attaquable, même si la totalité des singles qui s'y trouvent nous ont tous écœurés à force de matraquage radiophonique. Calibrage au poil pour les masses adolescentes, les tubes "Holiday" et "Boulevard Of Broken Dreams" se révèlent d'une redoutable efficacité mélodique, portés par la production parfaitement équilibrée de Rob Cavallo, celui qui est au punk-rock ce que les olives sont aux pizzas : un ingrédient incontournable. En parlant d'ingrédients, la recette Green Day reste toujours aussi savoureuse, sans réelle surprise certes, mais sans réel point faible non plus. Entre un chanteur à la tronche d'éternel ado qui illumine tous les titres de sa verve joyeuse et de son accent de cow boy junkie, un duo guitare - basse qui offre un son massif sans être brutal, et une batterie aussi musculeuse que redoutable de précision, Green Day applique invariablement une formule parfaitement rodée qui sait comment faire mouche à tous les coups. Question brûlots punks, on retrouve sur ce disque de petites perles teigneuses à souhait, comme l'introductif et truculent "American Idiot", le bulldozer "St. Jimmy", le catchy et trépidant "She's A Rebel" ou encore le furieux "Letterbomb". Entre deux cavalcades haletantes, les trois hommes prennent aussi le temps de calmer le jeu avec des morceaux plus sensibles, parmi lesquels la jolie power ballade "Wake Me Up When September Ends", peut-être l'une des plus belles chansons composée par Armstrong, la dépaysante "Give Me Novocaïne" ou la plus anecdotique "Are We The Waiting". Plus intéressantes, en revanche, sont les deux pièces à rallonge du disque, "Jesus Of Suburbia" et "Homecoming", chacune composée d'une succession de cinq tableaux mélodiques variés, parfois à peine esquissés mais toujours d'excellent tenue, preuve peut-être que Green Day pouvait quasiment viser le double album avec cette livraison.

Voilà, vous l'aurez bien compris, il n'en a pas fallu beaucoup plus pour que le jour vert rafle la palme de l'un des meilleurs albums pop-punk de la décennie passée. Ceci dit, avec l'indigente concurrence proposée par nombre de groupes mainstream (Sum 41, Blink 182, Good Charlotte, Fall Out Boy et autres groupes poubelles), le challenge n'était pas vraiment compliqué. En tout cas American Idiot est incontestablement réussi, moins que Dookie ou Nimrod, mais réussi tout de même. Ce qui ne fut pas le cas de l'effort studio suivant, 21st Century Breakdown, bien trop inconstant et embourbé dans un contexte contestataire devenu totalement hors de propos après l'élection d'Obama. En fin de compte, même si le triomphe fait à cet album fut probablement exagéré, il rattrape efficacement dix longues années de purgatoires totalement imméritées. Et malgré les dernières évolutions inquiétantes d'un trio qui commence à se prendre un peu trop au sérieux et à se transformer en un énième groupe de stade sans âme (si on omet l'incartade récréative de Foxboro Hot Tubs), on ne peut que se réjouir de devoir à nouveau compter Green Day parmi les acteurs incontournables du rock contemporain.

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