Heavy Temple
Garden of Heathens
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Rien n’était moins certain que la parution de la suite de Lupi Amoris, premier album du combo stoner-doom ésotérique de Philadelphie, Heavy Temple. Le groupe est pourtant de retour, sous la direction de son High Priestess Nighthawk, pour un second opus toujours aussi magistralement illustré : In the Garden of Heathens semble nous entraîner aux confins de l’univers connu, vers des contrées barbares peuplées de païens extra-terrestres.
C’est avec plaisir que nous constatons que les promesses énoncées en 2021 ont été tenues, avec en guise d’ouverture "Extreme Indifference to Life", un titre doom dont la lourdeur est modérée par des attaques incisives à la guitare crispantes et un solo criard, avec un chant éthéré qui prend des intonations stoner-retro lors des refrains. Le propos est plus concis que sur Lupi Amoris, quand bien même ce nouvel album serait plus long, ce qui permet au combo d’être plus accrocheur, en témoigne le dynamique et Heavy "Hiraeth" au refrain calibré pour les concerts et au final imparable grâce à une ligne de guitare simple mais excellement bien trouvée. Heavy Temple en profite également pour être plus extrême. On pense à l’incantatoire "House of Warship" qui déploie un Doom colossal (écoutez cette section sismique rythmique) où les guitares sonnent comme des cors et se déploient vers le Thrash au moment du solo, un genre complétement assumé sur "Psychomanteum" qui allie un déluge de guitares et un martellement instrumental intransigeant.
À l’image de l’album précédent, quelques pistes demeurent plus étendues. Le fuzzy "Divine Indiscretion", bien qu’inscrit dans un registre plutôt classique, s’avère assez violent, assourdissant de lourdeur même, et comporte des élans bruististes quasi Krautrock (Guru Guru sort de cette pièce !). Hypnotique, "Snake Oil (and Other Remedies)" parvient aussi à rendre épiques ses plus de huit minutes lancinantes et psychédéliques. Enfin, "In the Garden of Heathens" introduit somptueusement "Jesus Swept" sur une note folk aux effluves space-rock orientales (pensez à Led Zeppelin période House of the Holy / Physical Graffiti), puis se dévoile un exercice de style dans le ton plus brutal de cet opus, avec quelques dissonances.
Réussir à faire un album différent tout en s’inscrivant dans le style à ce point codifié du Heavy-Doom-Stoner psychédélique relevait de l’exploit que le groupe parvient à surmonter en se montrant globalement plus extrême et moins contemplatif – en un adjectif, plus aventureux.
À écouter : "Extreme Indifference to Life", "House of Warship", "In the Garden of Heathens / Jesus Swept"